Cameroun – Guerre contre Boko Haram: Vers une coalition internationale

La Cédéao appelle à une mobilisation de l’Union africaine, au moment où 3000 soldats tchadiens ont fait leur entrée au Cameroun.[pagebreak]Un contingent de 2000 militaires tchadiens est depuis hier en cours de déploiement dans l’Extrême-Nord du Cameroun. La première colonne de blindés qui a transporté les troupes en provenance de N’Djamena a traversé Kousséri samedi dernier, sous les yeux d’une population locale en liesse. Le Tchad concrétise ainsi son entrée en scène, aux côtés de l’armée camerounaise, dans la guerre contre la secte terroriste Boko Haram. Son engagement dans ce conflit – dont le front s’étend désormais le long de la frontière entre l’Extrême-nord Cameroun et le Nigeria –  ouvre certainement une nouvelle ère dans la lutte contre cette nébuleuse singulièrement, et plus globalement dans le combat contre le terrorisme en Afrique. Lorsqu’il accompagnait ses troupes en partance pour le Cameroun samedi dernier à la frontière, le président Idriss Déby Itno, conscient des enjeux géostratégiques et économiques pour son pays, a appelé à une réponse sous-régionale à la question Boko Haram. « Nous ne pouvons pas dire que nous sommes indifférents à ce qui se passe parce que nous sommes concernés directement et parce que nous estimons que le Cameroun ne doit pas faire face seul à cette nébuleuse », a lancé le chef de l’Etat tchadien.
Idriss Déby dit également avoir lancé un appel aux pays de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) et à tous les pays du continent africain « afin qu’ils viennent avec nous pour former une large coalition pour faire face à cette nébuleuse Boko Haram et montrer ainsi à la face du monde que l’Afrique est capable de résoudre ses problèmes ». Dans la foulée, le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), John Dramani Mahama, souhaite que l’Union africaine parvienne à « un plan d’action spécifique pour en finir avec le problème du terrorisme sur le continent ». Dans élan de solidarité, le président du Ghana déclare sur fond d’indignation : « Nous ne pouvons rester là sans rien dire, à attendre les bras croisés que la communauté internationale intervienne. Pas quand nos frères et nos sœurs sont massacrés et brûlés dans leurs maisons et dans les rues de leurs villes et villages ». Il compte ainsi inscrire ce sujet à l’ordre du jour du Sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui s’ouvre cette semaine.    
Attentisme  
La sous-secrétaire générale de l’Onu, Leila Zerrougui, en visite le week-end dernier au Nigeria, a préconisé une réponse sous-régionale et internationale à tous les niveaux. « La décision du Tchad de venir en aide au Cameroun est une bonne chose, mais la réponse doit passer par une meilleure coordination avec le Nigeria », a-t-elle déclarée. Si l’on peut se féliciter de la mobilisation actuelle d’un certain nombre d’acteurs de la scène politique internationale autour de la lutte contre Boko Haram, avec en prime des condamnations des actes de cette secte qui vont au-delà de l’Afrique, il persiste cependant des zones d’ombres sur la forme à donner à la force qui devra éradiquer le phénomène, et par-delà le terrorisme qui prend des proportions inquiétantes sur le continent. Aussi la Force africaine en attente pourrait-elle, enfin, véritablement prendre corps. Les délais de sa mise sur pied restent toujours inconnus. Il est plus que jamais urgent pour l’Afrique de sortir de son attentisme habituel pour poser des actes concrets dans ce défi sécuritaire. 

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