Cameroun – Message présidentiel de la 50ème Fête de la Jeunesse: Paul Biya responsabilise et soutient la génération androïde

Quelle est la meilleure façon pour un jeune d’assumer son patriotisme, tout en assurant son propre bien-être social et en participant activement à la croissance économique de son pays ?
C’est autour de cette question thétique et ambivalente qu’a tourné l’essentiel de la déclamation développée par le Président Paul Biya dans le message adressé à la jeunesse camerounaise, le soir du 10 février 2016. Le contexte s’y prêtait. Paul Biya ne s’est pas éloigné du thème circonstanciel de la 50ème Fête de la jeunesse : « Jeunesse, citoyenneté et lutte contre l’insécurité pour l’avènement d’un Cameroun émergent ». Le patriotisme et la citoyenneté sont confondus dans le même champ lexical et se rapportent à la Patrie, à la Nation, à la République. Par temps de « Résilience », l’émergence du Cameroun passe par l’actionnariat efficient de la jeunesse. Par sa responsabilisation. En tant que fer de lance de la Nation, la responsabilité de la jeunesse est indiquée et codifiée par le chef de l’Etat, Paul Biya, en termes d’apport et de support au développement. Paul Biya désigne le développement intrinsèque des jeunes comme un gage de patriotisme. Il circonscrit la sémantique connotative qui sous-tend le patriotisme agissant : « Le patriotisme (…) demeure, pour la nation, la marque d’une  citoyenneté responsable et dignement assumée. Il est bon, quel que soit votre rôle dans la société, de savoir faire preuve de patriotisme, pour mériter de la nation : L’agriculteur dans son champ, l’élève ou l’étudiant dans leurs études, l’ouvrier sur son chantier, l’instituteur dans sa salle de classe, le médecin ou l’infirmière à l’hôpital, le chercheur dans son laboratoire, le fonctionnaire dans son bureau, le commerçant dans sa boutique, le mécanicien dans son garage, le balayeur à son poste de travail, le transporteur aux commandes de son engin. Que chacun accomplisse sa tâche avec amour de la patrie. Alors seulement nous serons  une force de progrès pour notre pays. » Ce pan du discours apostillé par le président Paul Biya rappelle celui, fort populaire, du 35ème président américain John F. Kennedy, déclamé le 20 janvier 1961 dans un contexte de sensibilisation quasi identique au cas du Cameroun actuel : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays… »
Dans la notion de Nation qu’il dresse comme une métaphore, le Président Paul Biya conçoit la Nation comme une métonymie plurielle et diversifiée où chaque acteur joue sa partition, en termes de contribution. L’énumération des corps de métiers que dresse le chef de l’Etat ne se limite pas au simple quadrillage professionnel, ce listage va plus loin et responsabilise chacun, dans sa besogne, à participer diversement à la construction de la Nation.
Pour être plus pratique dans sa notion de patriotisme, Paul Biya sépare le bon grain de l’ivraie. Il définit les contours lexicologiques du bon patriote ; c’est celui qui ose, celui qui se bat par l’effort personnel, celui qui crée la richesse et se sacrifie pour la Nation : « l’exemple de nos jeunes engagés au front. Ils protègent notre pays de la menace terroriste, depuis deux ans. L’amour de la patrie les soutient et les pousse, bien des fois, jusqu’au sacrifice suprême. » Puis, le chef de l’Etat désigne le fonctionnaire véreux comme un anti modèle de progrès et de patriotisme. Il parle sans sourciller des « jeunes qui se sont fait recruter, au prix d’importants sacrifices, dans l’administration. Ils désertent ensuite leurs postes d’affectation, tout en continuant de recevoir une rémunération. Ceux-là sont l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire. D’aucuns s’intègrent dans la fonction publique seulement en quête d’un matricule, comme ils aiment à le dire. Ceux-là ne méritent pas de la nation. »

De la sensibilisation à la mobilisation
Dans son discours-vérité, le président Paul Biya s’adressait à cette tranche générationnelle qui représente plus de 60 % de la population générale. Le chef de l’Etat est clair là-dessus, il faut en faire un outil humain de production, et non pas une lignée paresseuse rivée à la prédation et à la consommation exclusive. Le 10 février dernier, Paul Biya a réitéré ce qu’il martèle depuis des lustres ; à savoir que l’avenir du Cameroun ne résident pas dans les bureaux douillets de la Fonction publique, mais dans les fibres du secteur privé et de l’auto-emploi. Autrement dit, le fonctionnaire ne produit pas la richesse, il régule, il encadre la souche de productivité qu’est le secteur privé. Dès lors, le message présidentiel apparaît comme un speech réaliste. La jeunesse doit se positionner comme un actant de la croissance et non comme un spectateur qui attend tout de l’Etat. Le message présidentiel du 10 février dernier sonne la fin de l’Etat providentiel.

Un discours pratique et pragmatique
Les insuffisances de l’Etat providentiel étant ainsi relevées et révélées, Paul Biya ne s’est pas contenté de désigner le laxisme et la recherche du gain facile comme des attitudes retors de notre environnement, il a guidé les jeunes vers l’embouchure de prospérité qu’est l’agriculture et l’investissement tous azimuts dans le secteur révolutionnaire du numérique. Fort à propos, le chef de l’Etat prescrit une posologie globalisante : « A chaque génération ses défis historiques, pour le devenir de la nation ! Je puis dire que, pour notre jeunesse, l’un des défis majeurs est de réussir l’arrimage à ce phénomène marquant qu’est l’économie numérique. (…) Ces deux secteurs, l’agriculture et l’économie numérique, nous appellent à poursuivre, en l’intensifiant, la professionnalisation de notre enseignement secondaire. Dans l’enseignement supérieur, les différents acteurs ont été mobilisés pour fournir progressivement, au marché de l’emploi, des ressources humaines répondant aux exigences nouvelles. »
Les prescriptions du président de la République vont plus loin. Ses conseils aussi. Il fait savoir aux jeunes une vérité froide, mais réelle : Les entreprises cherchent non pas simplement des diplômés, mais des travailleurs bien formés à des métiers précis, et sans cesse adaptés à l’évolution du monde. Paul Biya sait de quoi il parle, le marché de l’emploi est exigent des caprices diachroniques qu’impose l’évolution technologique. Pour encourager les jeunes à créer des entreprises, et à manifester leur patriotisme, Paul Biya met à leur disposition la besace financière nécessaire à booster les investissements dans le secteur privé « Dans cette optique, je viens de  prescrire le lancement d’un plan triennal « Spécial Jeunes », doté d’une enveloppe globale de 102 milliards FCFA. Ce plan devra faciliter et accélérer l’insertion économique de notre  jeunesse. Nous devons tous y tenir particulièrement. Vous aurez-là, je crois, l’occasion de faire la preuve de votre « patriotisme économique ».
Au total, le discours présidentiel du 10 février 2016 tonne comme un rappel des objectifs en fonction des exigences des nouvelles technologies de l’information qu’offre la mondialisation. Pour parler comme « les jeunes de l’heure », le chef de l’Etat a démontré qu’il est « connecté » sur les problèmes que rencontrent les jeunes, tout en surfant allègrement sur les néologismes de leur époque, les mots et les maux que rencontre la génération dite « androïde ». Le mot est lâché ! Le président Paul Biya l’a prononcé ! Pour tout dire, en bon parent qu’il est, le chef de l’Etat a démontré qu’il est « branché » et qu’il garde « le bon réseau » avec la jeunesse dont il est soucieux du devenir et de l’avenir.

Didier Patrick Ndongo

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