Cameroun : Tensions à la CNPS, les syndicats haussent le ton pour leurs droits !

Mekulu

La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) du Cameroun traverse une période de turbulences. À l’approche de la réunion cruciale du 18 avril 2024 sur le dialogue social, les délégués du personnel montent au créneau pour faire entendre leurs revendications. Achèvement de la convention collective, paiement des droits, augmentation des salaires… Les doléances sont nombreuses et témoignent d’un malaise profond au sein de l’institution, comme le révèle en exclusivité 237online.com.

Une convention collective en souffrance depuis 2014

Au cœur des réclamations syndicales : l’interminable feuilleton de la convention collective des organismes de sécurité sociale. Entamées en 2014 au Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale, les négociations sont au point mort, laissant les travailleurs dans l’incertitude quant à leurs droits.

« Que la convention collective qui a débuté en 2014 soit achevée dans les semaines qui suivent », exigent les délégués du personnel, rappelant les engagements internationaux du Cameroun en matière de négociation collective. Une demande légitime, qui témoigne de l’exaspération grandissante face à ces atermoiements sans fin.

Des droits bafoués, des travailleurs en colère

Mais au-delà de la convention, c’est tout un catalogue de droits bafoués que dénoncent les syndicats. À commencer par le non-paiement des 5% d’augmentation de salaires pourtant octroyés par le Président de la République. Un geste fort, qui reste lettre morte dans les bureaux de la CNPS.

Même constat pour les frais de transport, bloqués à 50 000 FCFA depuis 2020 malgré les engagements de la direction. Ou encore le reclassement des travailleurs, prévu par le statut du personnel mais jamais appliqué dans les faits. Autant de promesses non tenues qui alimentent la grogne des employés.

Le spectre d’une fronde sociale

Dans ce contexte explosif, la réunion du 18 avril s’annonce décisive. Les délégués du personnel, forts du soutien de leurs bases, sont bien décidés à ne rien lâcher. Pour eux, c’est l’avenir même de la CNPS qui se joue, ainsi que la dignité de ses travailleurs.

« Nous ne pouvons plus accepter ces manquements répétés à nos droits les plus élémentaires », confie sous couvert d’anonymat un responsable syndical. « Si la direction reste sourde à nos revendications, elle prendra la responsabilité d’un conflit social majeur« , prévient-il, la mâchoire serrée.

Mekoulou Mvondo, un directeur général sur la sellette

Car au-delà des questions statutaires, c’est bien la gestion de la CNPS qui est pointée du doigt. Et en premier lieu, celle de son directeur général, Mekoulou Mvondo. Selon nos informations, des manœuvres seraient en cours en haut lieu pour obtenir son départ.

Un changement à la tête de l’institution qui pourrait rebattre les cartes du dialogue social. Mais qui soulève aussi de nombreuses questions sur la gouvernance de cette caisse stratégique pour des millions de Camerounais. Instabilité, opacité… Les maux dont souffre la CNPS semblent profonds et appellent une réforme en profondeur.

Pour une CNPS au service des travailleurs et des assurés

Car au-delà des querelles de personnes et des intérêts catégoriels, c’est bien l’avenir de la protection sociale au Cameroun qui est en jeu. La CNPS, par son rôle crucial dans la gestion des retraites et des prestations sociales, est un pilier essentiel du contrat social camerounais.

Son bon fonctionnement, sa capacité à remplir ses missions dans l’intérêt de tous, sont des enjeux majeurs pour la cohésion nationale et le bien-être des citoyens. Des enjeux qui exigent un sursaut de tous les acteurs, direction, syndicats, tutelle, pour replacer l’intérêt général au cœur des priorités.

La réunion du 18 avril sera-t-elle ce moment de vérité ? Les travailleurs de la CNPS, et à travers eux tous les assurés, l’espèrent de tout cœur. Ils attendent des actes forts, des engagements concrets pour restaurer la confiance et bâtir une caisse de prévoyance moderne, efficace et juste.

C’est tout le sens de leur combat, de cette mobilisation sans précédent pour défendre leurs droits. Un combat qui est aussi celui de tous les Camerounais attachés à une protection sociale digne de ce nom. La balle est désormais dans le camp de la direction et des autorités de tutelle. À elles de saisir cette main tendue, d’ouvrir une nouvelle page du dialogue social à la CNPS. L’avenir de l’institution, et celui de millions de Camerounais, en dépend.

Par Stéphanie Motto pour 237online.com

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