Victoire du Cameroun à la CAN 1984: La première sensation

Remporté en terre ivoirienne, le premier titre continental du Cameroun avait suscité un engouement populaire sans précédent.

La date du 18 mars 1984 restera à jamais gravée dans la mémoire collective des Camerounais, qu’ils soient inconditionnels ou non du football. Ce jour-là, le Cameroun avait remporté son tout premier trophée continental, lors de la Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire. Jamais auparavant, l’équipe nationale fanion ne s’était illustrée à un si haut niveau, si on excepte sa participation convaincante à la Coupe du monde de football, deux ans plus tôt en Espagne.

On ne s’attardera pas sur les méandres de cette consécration en terre ivoirienne qui avait commencé dans la douleur avec la défaite du futur vainqueur lors du premier match face à l’Egypte (0-1) avant de tout renverser sur son passage par la suite. Le Togo, la Côte d’Ivoire et l’Algérie feront successivement les frais de cette rage de vaincre. Le clou de la compétition sera évidemment cette finale de haute facture disputée à Abidjan entre deux redoutables prédateurs. Face aux Green Eagles du Nigeria sous la houlette du duo Temile-Lawal, les Lions indomptables peuvent compter sur une génération exception nelle de joueurs comme Théophile Abega, Roger Milla, Joseph-Antoine Bell, Isaac Sinkot, Ernest Ebongué, Bonaventure Djonkep, etc. Le plus surprenant c’est la passion du devoir qui animait tous les acteurs. Et dire que la sérénité n’était pas totale, surtout après le remplacement de Thomas Nkono par J.A Bell dans les buts après les deux premiers matchs. Le triomphe final (3-1) va confirmer la suprématie des Camerounais à l’issue de ce match spectaculaire qui va ouvrir par la suite un long cycle de victoires, toutes aussi prestigieuses.

Au moment de soulever le trophée tant convoité dans une enceinte en délire, le capitaine Abéga était sans doute loin de s’imaginer que l’ambiance festive qui régnait dans toute l’arène était communicative. Car à cet instant précis, à des milliers de kilomètres, des millions de Camerounais étaient entrés en transe, comme emportés par le tourbillon d’une passion contagieuse. Et dire que cette compétition a précédé d’une année l’introduction de la télévision au Cameroun. Autant dire que c’est à travers les ondes de la radio nationale que le public a vibré au rythme des exploits de l’équipe nationale. Avec une certaine dose d’imagination, les supporters pouvaient donc avoir l’illusion de vivre en direct les péripéties de la conquête, aidés en cela par le talent des reporters sportifs qui avaient l’art de faire partager l’émotion vécue sur place. En ces années triomphantes de la radio, les propos d’un reporter étaient presque une parole d’Evangile.

Deux ans à peine après la Coupe du monde de 1982 où le Cameroun avait démontré son invincibilité, les bonnes nouvelles en provenance d’Abidjan ne pouvaient que flatter l’orgueil national et panser éventuellement quelques plaies. Du paysan dans le plus humble hameau au fonctionnaire en passant par l’ouvrier, l’élève, l’étudiant ou le débrouillard…personne n’avait été indifférent à ce premier titre continental. Le retour au pays va déclencher une nouvelle vague d’hystérie collective. Les enfants prodigues sont reçus avec tous les honneurs. Chacun tient à voir de ses propres yeux les héros du jour et leur nouvelle « fiancée » qu’ils exhibent avec fierté. C’est donc tout naturellement que le pays tout entier, avec en tête le chef de l’Etat, va réserver un accueil exceptionnellement chaleureux aux héros du jour désormais entrés nommément dans le cœur de tous.
Première d’une série impressionnante, la CAN de 1984 répondait visiblement à une attente passablement longue. Elle est venue comme pour étancher une soif devenue intenable.

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