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Une plainte déposée contre TikTok au Sénégal

Tiktok

Une association d’entreprises a déposé une plainte contre TikTok, le géant des réseaux sociaux chinois, l’accusant d’héberger les données des Sénégalais en dehors du territoire, mais surtout d’avoir été négligeant par rapport aux contenus proposés aux mineurs.

Le Restic contre TikTok

Aujourd’hui, avec l’expansion exceptionnelle d’Internet et des réseaux sociaux, nos données sont partout. Récoltées sur Facebook, Instagram ou encore Netflix, elles ont une vraie valeur monétaire et certains en détournent l’utilisation.

Par exemple, cet article d’ExpressVPN liste la valeur de nos identifiants sur le dark web. Un identifiant TikTok ou Snapchat se revendent 25$ et 40$ respectivement, tandis qu’un identifiant YouTube vaut 11,99$. La cybercriminalité se développe énormément depuis quelques années, et ces données aux prix attractifs attirent les criminels.

Les accès aux réseaux sociaux ne sont pas les seules données qui intéressent les acheteurs sur le dark web : les données relatives à l’identité, comme les informations des passeports, des permis de conduire ou encore des comptes bancaires intéressent aussi les cybercriminels. Le scan d’un permis de conduire aux Etats-Unis vaut par exemple 35$, et un passeport contrefait peut coûter jusqu’à 3,800$.

Il est donc primordial de protéger ces données privées. C’est aujourd’hui TikTok qui se trouve dans le viseur au Sénégal avec une plainte déposée le 3 avril 2023 par le Rassemblement des entreprises du secteur des technologies de l’information et de la communication (Restic) devant la Commission de protection des données personnelles au Sénégal. Le Restic, par la voix de son secrétaire général Moustapha Diakhaté, dénonce un « non-respect par le réseau social d’origine chinoise de la législation sur les données personnelles, notamment à propos des enfants et des mineurs ».

Le groupe a déclaré vouloir au moins provoquer le débat à propos de la plateforme chinoise. La plainte s’articule autour de deux requêtes principales.

Une plateforme jugée addictive et dangereuse pour les enfants

Le Restic dénonce le caractère addictif de l’application et demande un contrôle parental inhérent à TikTok pour tous les comptes de mineurs. En effet, la moyenne d’âge des Sénégalais utilisant TikTok est en-dessous des 18 ans.

Comme le démontre cette étude de Qustodio, les mineurs ont utilisé TikTok en moyenne 1h47 par jour en 2022. L’association avance que les enfants n’ont pas le recul nécessaire pour savoir quelles données sont dangereuses pour eux.

De même, le Restic souhaite contraindre l’application à adapter son algorithme aux enfants. En effet, ces derniers maîtrisent facilement TikTok, auquel on peut accéder même sans créer de compte. Les enfants sont plus sensibles aux moqueries, au harcèlement et aux commentaires haineux.

Selon Moustapha Diakhaté, TikTok propose des contenus dangereux pour les jeunes, comme ceux faisant l’apologie des troubles alimentaires ou de l’automutilation. Les enfants y sont aussi exposés à des contenus à caractère sexuel ou violents.

Un siphonnage de données des utilisateurs ?

L’association compte également assigner la société ByteDance, qui gère la plateforme TikTok, au motif que les données récoltés par TikTok sont stockées hors du territoire sénégalais. Ils craignent que ces données ne soient détournées, voire utilisées pour de l’espionnage. 

Dans un entretien à rfi.fr, Moustapha Diakhaté dénonce le manque de communication sur le devenir des données : Où vont-elles ? À quoi servent-elles ? Comment sont-elles stockées ? TikTok devrait communiquer ces informations aux autorités du pays. 

Enfin, il a expliqué que la délocalisation des données personnelles pose certains problèmes, comme le fait que les influenceurs sénégalais ne peuvent pas ouvrir de compte au Sénégal pour percevoir la rémunération de leur création de contenu. De même, il souhaite que les entreprises comme TikTok viennent investir au Sénégal dans des data centers pour répondre à l’offre de stockage de données.

De manière générale, le pays se dirige vers un meilleur encadrement législatif des activités des entreprises œuvrant dans les secteurs du digital et du numérique. Ces entreprises, qui contribuent à 15 % du PIB, sont de plus en plus présentes en Afrique.

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