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Togo : Faure Gnassingbé promulgue la révision controversée de la Constitution, un tournant démocratique en question 🇹🇬🗳️📜

Faure Gnassingbé

C’est un jour qui restera gravé dans l’histoire politique du Togo. Ce 6 mai 2024, le Président de la République, Faure Gnassingbé, a officiellement promulgué la loi n°2024-005 portant révision de la Constitution togolaise. Un acte lourd de sens et de conséquences, qui suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes quant à l’avenir de la démocratie dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.

Un processus express qui interroge sur la sincérité du débat démocratique

Selon le communiqué de la Présidence relayé par 237online.com, cette révision constitutionnelle est présentée comme “le fruit d’une initiative parlementaire conduite conformément aux dispositions légales, enrichie des contributions des forces vives de la nation”. Un narratif qui peine cependant à convaincre de nombreux observateurs, tant le processus ayant mené à ce changement de loi fondamentale a été rapide et opaque.

Votée en deuxième délibération le 19 avril dernier, soit à peine trois semaines avant sa promulgation, cette révision a été précédée de consultations éclair des “forces vives”, du 8 au 12 avril. Une durée jugée bien trop courte par de nombreux acteurs de la société civile pour permettre un véritable débat de fond sur des enjeux aussi cruciaux que l’équilibre des pouvoirs ou la limitation des mandats présidentiels.

Des réformes qui divisent la classe politique et la société civile

Sur le fond, les changements apportés à la Constitution togolaise divisent profondément la classe politique et la société civile. Si les partisans du pouvoir y voient une avancée démocratique majeure, avec notamment l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives ou le renforcement des pouvoirs du Premier ministre, l’opposition et de nombreuses ONG dénoncent un “tripatouillage constitutionnel” destiné à pérenniser le pouvoir de Faure Gnassingbé.

“Cette révision est une farce, une mascarade démocratique“, s’insurge un opposant joint par notre rédaction. “En réalité, elle ne fait que renforcer l’hyperprésidence et affaiblir les contre-pouvoirs. C’est un coup de force constitutionnel qui ouvre la voie à une présidence à vie pour Faure Gnassingbé.

Un débat qui ravive les fractures et les tensions politiques

Au-delà de ces divergences d’interprétation, c’est le climat politique délétère entourant cette révision qui inquiète les observateurs. Dans un pays encore marqué par les violences post-électorales de 2005 et les manifestations réprimées de 2017-2018, beaucoup craignent que ce passage en force ne ravive les fractures et les tensions entre pouvoir et opposition.

Déjà, des appels à la mobilisation circulent sur les réseaux sociaux, menaçant de relancer la contestation dans les rues de Lomé et des principales villes du pays. De son côté, le pouvoir semble déterminé à défendre sa réforme coûte que coûte, quitte à recourir à la force comme par le passé.

La communauté internationale en arbitre du jeu démocratique ?

Face à ces menaces de blocage et d’escalade, tous les regards se tournent désormais vers la communauté internationale. L’Union Africaine, la CEDEAO, l’Union Européenne, mais aussi les partenaires bilatéraux du Togo comme la France ou les États-Unis, sont appelés à jouer un rôle d’arbitre et de médiateur pour garantir la stabilité du pays et la sincérité du jeu démocratique.

Il est crucial que la communauté internationale se mobilise pour accompagner le Togo dans cette phase délicate de son histoire”, plaide un diplomate occidental basé à Lomé. “Cela passe par un dialogue exigeant avec toutes les parties prenantes, mais aussi par un soutien ferme aux acteurs de la société civile et aux médias indépendants, qui sont les garants d’un débat démocratique pluraliste.”

Un défi immense, à la mesure des enjeux qui se nouent autour de cette révision constitutionnelle. Car au-delà du Togo, c’est la question de la consolidation démocratique dans toute l’Afrique de l’Ouest qui se joue dans ce bras de fer politique. À Lomé comme à Abidjan, à Conakry ou à Niamey, les peuples attendent désormais des actes forts pour faire vivre l’idéal démocratique auquel ils aspirent. La balle est dans le camp des dirigeants.

Par Firmin TEKO pour 237online.com

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