Les habitants de la capitale suffoquent sous l??effet de la moiteur qu??impose le climat actuel.Les vendeurs d??eau ensachée, de mouchoirs jetables, d??éventail et même de parasoleil, voient leurs chiffres d??affaires exploser en cette saison sèche. Dans les marchés, les arrêts taxis, les abribus ou aux feux, les gens s??approvisionnent en mouchoirs jetables ou en sachets d??eau, quand ce n??est pas l??eau vendue dans les seaux à longueur de journée, pour affronter la chaleur.Au mépris des règles d??hygiène et des traces que laisse la cellulose de mauvaise qualité sur leur front, les habitants de la capitale, quand ils ne s??essuient pas le visage
avec l??envers de leurs vêtements qui dégoulinent de sueur, le font avec leurs mains. La raison de cette ruée vers ces accessoires, c??est l??étouffante chaleur qui contraint les uns et les autres à ignorer les règles de bien séance. «Dans la nuit, raconte une résidente d??Emana, je ne me couvre pas. Je n??arrive pas à dormir avant deux ou trois heures à cause de la chaleur et de la sueur qui trempe mon lit tous les soirs. Je suis obligée de laver mes draps tous les deux jours à cause de cette sueur qui met mal à l??aise tout le monde».Comme cette femme, d??autres habitants souffrent de cette chaleur que d??aucuns comparent à celle qui sévit dans le Grand nord. «Ici, ça ne brûle pas comme à Garoua ou ailleurs dans le Grand nord. La chaleur de Yaoundé fait suffoquer, elle est étouffante», indique une habitante de Garoua en séjour à Yaoundé. Si les uns et les autres racontent les diverses infortunes qu??ils subissent à cause de la cause, et des contraintes que cela impose à leur mode de vie avec ironie et humour, les accès de bourbouille se multiplient chez les nourrissons, victimes stoïques de cette saison sèche aux allures particulières. C??est ainsi qu??il est devenu courant de voir des gens s??écrouler dans les manifestations publiques, du fait de la chaleur.Le 26 janvier dernier à la base aérienne de Yaoundé, une dame qui n??a pas supporté les affres de la chaleur ce jour-là, a été transporté d??urgence à l??hôpital. Sur le site du salon international de l??artisanat, une jeune femme a du se faire soutenir par deux personnes pour emprunter un taxi afin de regagner son domicile. «Si la pluie ne tombe pas avant le mois de mars, ça risque de se compliquer pour beaucoup de personnes qui souffrent des maladies respiratoires», souligne un habitant.La chape de plomb qui s??abat sur la ville ces derniers temps n??épargne personne et arrive même à s??infiltrer dans les salons climatisés où, de plus en plus, on préfère laisser les fenêtres ouvertes à cause de l??insuffisance de puissance des climatiseurs, pris de fatigue par le rythme de fonctionnement prolongé de façon soudaine. Dans la rue, les gens invoquent les conséquences du changement climatique mais s??étonnent de ce que la verdure qui ceint Yaoundé ne puisse pas protéger la ville de cette chaleur qui donne des insomnies, fait des couche-tard et renforce les habitudes vestimentaires osées.Pierre Célestin Atangana, Mutations