Scandale Leubou au Cameroun : décryptage d’une intox virale de 2130 salaires fictifs

Emmanuel Leubou

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux s’enflamment autour d’un prétendu scandale impliquant Emmanuel Leubou, ex-Chef de la cellule informatique de la DPPP, du Ministère camerounais des Finances. Selon un texte devenu viral, cet homme aurait détourné la bagatelle de 216 milliards de FCFA sur 10 ans en s’octroyant pas moins de 2130 salaires fictifs chaque mois ! Une affaire rocambolesque qui lui aurait déjà valu 104 ans de prison ferme.

Sauf que voilà : après une enquête minutieuse, 237online.com est en mesure d’affirmer qu’il s’agit d’un grossier fake news monté de toutes pièces pour nuire à M. Leubou. Démontage en règle d’une manipulation qui en dit long sur les dérives de l’ère digitale.

Des chiffres astronomiques sortis d’un mauvais polar

Premier indice qui met la puce à l’oreille : les montants avancés dans ce texte accusatoire défient l’entendement. 2130 fiches de paie bidonnées permettant de détourner 1,8 milliard chaque mois pendant 10 ans ? Soyons sérieux deux minutes. Même dans la république bananière la plus corrompue, un tel niveau de gabegie ne passerait pas inaperçu aussi longtemps. Aucun système de contrôle digne de ce nom ne laisserait filer un tel pactole sans réagir illico.

Autre chiffre sorti d’un mauvais polar : les 104 ans de prison ferme censément infligés à M. Leubou. On croit rêver ! Depuis quand la justice camerounaise prononce-t-elle des peines aussi délirantes ? Même pour un crime de sang, on n’a jamais vu ça. Une condamnation aussi spectaculaire aurait forcément eu un écho retentissant dans les médias. Or, en dehors de ce texte douteux, nulle trace d’une telle information…

Enquête impossible, sources fantômes : le mode opératoire des fake news

Justement, parlons-en de ce fameux texte qui accable Leubou ! D’où vient-il exactement ? Mystère et boule de gomme. Pas le moindre lien vers un article de presse sérieux, ni vers la moindre décision de justice en bonne et due forme. Que du « on dit » et des accusations non étayées. Pas étonnant quand on sait que les fabricants de fake news adorent brouiller les pistes pour piéger le lecteur.

Pire : les auteurs anonymes de ce brûlot s’appuient sur un scénario invraisemblable digne des pires romans de gare. On y apprend sans rire que M. Leubou contrôlait seul, tel un pacha tout-puissant, l’intégralité du circuit de la solde de l’État. Mieux : il aurait été le seul à connaître le nombre réel de fonctionnaires, distribuant salaires et primes comme des bonbons, y compris à ses propres enfants ! Il aurait même tenu la paye du président dans ses mains. On croit rêver !

Derrière le fake, une volonté manifeste de nuire

En fait, plus on avance dans la lecture de cet odieux ramassis et plus le malaise grandit. Car au-delà des élucubrations chiffrées, une chose saute aux yeux : la volonté de nuire à M. Leubou qui transpire à chaque ligne. Le texte n’est qu’une longue diatribe à sens unique visant à diaboliser cet homme par tous les moyens. Dépeint en véritable caricature du fonctionnaire ripou, il se voit refuser toute possibilité de s’expliquer ou de se défendre.

Ce lynchage en règle, sans preuve ni débat contradictoire, en dit long sur les intentions malveillantes des commanditaires de cette cabale 2.0. Qu’a donc fait M. Leubou pour mériter un tel acharnement ? Qui sont les officines qui orchestrent sa mise à mort médiatique ? Comme toujours avec les fake news, le mystère reste entier. Le seul objectif de ces rumeurs toxiques est de salir, diffamer et détruire sans jamais assumer.

Le casse-tête des fake news à l’ère des réseaux sociaux

Au-delà du seul cas Leubou, cette affaire vient nous rappeler à quel point les fake news sont devenues un véritable fléau de notre époque. Avec la toute-puissance des réseaux sociaux, n’importe quelle rumeur infondée peut devenir virale en un clic et broyer une réputation en un instant. Un phénomène d’une dangerosité redoutable qui sape insidieusement le pacte de confiance qui nous unit.

Face à cette menace protéiforme, 237online.com tient plus que jamais à réaffirmer son engagement sans faille pour une information fiable et vérifiée. Oui, traquer les fake news et réhabiliter la vérité, aussi dérangeante soit-elle, constitue notre boussole. Voilà pourquoi nous consacrons tant d’énergie à décortiquer les rumeurs douteuses qui polluent la toile, comme dans le cas de M. Leubou.

Car chaque fois qu’un fake news est démonté, c’est la crédibilité de toute la profession qui en sort renforcée. Preuve que les médias ne sont pas que des machines à clics prêts à tout pour le buzz, mais aussi des vigies indispensables de la démocratie. Alors oui, traquons sans relâche les intox 2.0. C’est une question de survie. Pour que triomphe toujours le journalisme de qualité contre les officines de la désinformation !

Ulrich Atangana, fact-checkeur à 237online.com

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