Cameroun – Urbanisme: Yaoundé, une ville en retard

Trois ans avant la fin de la mise en place du Plan directeur d’urbanisme qui devait la rendre moderne et fonctionnelle à l’horizon 2020, la capitale politique devient chaque jour plus angoissante.
C’est un nouvel échec que la ville de Yaoundé court d’ici trois ans. Après la déception de la vision stratégique définie en 1982 pour le développement de la capitale du Cameroun, un nouveau plan de développement fixe un nouveau cap de modernisation jusqu’en 2020. Avec pour but de doter la ville aux Sept collines ville d’infrastructures adaptées susceptibles d’améliorer les conditions de vie des populations. À quelque trois années de l’échéance, Yaoundé continue de suffoquer dans tous les segments de la vie urbaine. À commencer par les voies de communication. Aucune grande route permettant d’éviter le cœur de la ville n’est ouverte. Circuler à Yaoundé aujourd’hui sans les voies de contournement du centre-ville définies il y a 35 ans est devenu un parcours du combattant. Suivant le Plan directeur d’urbanisme, la voie de contournement Est devait aboutir à la construction d’une route 2×3 voies. Elle devait servir à la construction d’un corridor reliant l’axe lourd de Douala et à la route d’Obala. Une autre voie de contournement Ouest 2×2 voies était espérée pour affronter l’extension urbaine dans la partie Sud à partir de Mbalmayo et Nsimalen pour des intersections en direction du futur pôle des services d’Afanoyoa, dans la partie rurale de l’arrondissement de Yaoundé 3ème. Rien de tout cela n’a vu le jour.

De nouveaux modes de transport attendus
De même, à partir du pôle secondaire de Mendong dans le 6ème arrondissement, deux variantes étaient retenues. D’abord la liaison avec l’ancienne route de Douala en longeant la Mefou pour limiter l’urbanisation dans le périmètre actuel. La seconde variante offre une liaison directe avec le pôle de Nkolbisson avec un croisement à l’axe lourd Ouest/Est pour un prolongement ultérieur vers la route d’Okola où un l’échangeur de la contournante Est est annoncé. Dans ce dispositif, il est à relever que les travaux de l’autoroute de Nsimalen-Yaoundé ont débuté depuis 2014. En l’absence de telles infrastructures routières, difficile de songer à un système de transport de biens et des personnes modernes. Avec la disparition de la société « Le Bus » à la suite de la Sotuc, l’espoir du transport en commun repose aujourd’hui sur la Société de transports et d’équipement collectif de Yaoundé (Stecy) rentrée en activité en février 2017. Cette relance ne pourra répondre aux attentes d’une ville en extension. D’autant que dans le Plan directeur d’urbanisme, pour aller du Nord vers le Sud de la ville de Yaoundé, une option d’utilisation mixte de la voie ferrée est envisagée sur l’itinéraire Soa et Mbankomo via des stations à Nkozoa et Binguela. Pour l’axe Est-Ouest, l’option d’un tracé renforcé en site propre avec possibilité de choix entre le tramway sur roue ou autre forme reste attendu.

Un besoin de 362 857 logements
La ville de Yaoundé attend toujours son Tram-autocars interurbains avec des gares polaires d’Ahala, Mimboman, Messa et Olembé. Il en est de même pour l’option Tram et Camrail qui a pour pôle majeur Djoungolo au centre-ville avec correspondances directes sur Mbalngong, une localité à la lisière de la commune de Yaoundé 6 et celle de Yaoundé 3 et qui dessert Mbankomo, la zone économique espérée à la périphérie de Yaoundé. Mais l’équipement Tram et Camrail pourra aussi s’étendre jusqu’à Etoudi dans la commune de Yaoundé 1er. L’autre grande équation à résoudre est celle du logement. Entre 2002 et 2020, le Plan directeur d’urbanisme de Yaoundé prévoit la construction de 362 857 logements. Soit un minimum de 20 159 logements par an dont 14 219 dans la Communauté urbaine de Yaoundé, à raison de 80% de logements sociaux soit 11 375 logements par an et 20% en accession à la propriété. Ces estimations reposent sur une démographie projetée à l’horizon 2020 à plus de 3 millions d’habitants sur la Communauté urbaine de Yaoundé. Dans les stratégies d’offre de logements, le Plan directeur d’urbanisme de Yaoundé encourage la constitution de six principales communes de l’Hinterland notamment à Mfou, Nkolafamba, Soa, Obala, Okola et Mbankomo. Toute cette planification par ailleurs louable est en train d’être dépassée avant même d’avoir été mise en application. L’extension continue de la capitale politique et l’urbanisation accrue impose un rattrapage des services publics. Yaoundé étouffe chaque jour un peu plus, à cause d’une indisponibilité de l’eau potable et des coupures régulières de l’électricité, à cause de la saturation de la voirie urbaine. La capitale sera bientôt une prison à ciel ouvert, si la réalité continue à évoluer trois fois plus vite que les politiques publiques.

Pierre Nka

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