Recrutement spécial des magistrats anglophones: Le president Paul Biya instruit se montre pragmatique

Au cours des récentes visites officielles effectuées en Italie et au Vatican, au mois de mars dernier, le président Paul Biya est resté constant par rapport à sa première prise de position du 31 décembre 2016 sur la contestation anglophone.
On se souvient que lors de son message de fin d’année à la nation, le chef de l’Etat soulignait avec force que : « Le Cameroun est un et indivisible. » Durant son séjour à Rome, il affirmait être ouvert à toutes les formes de négociations et dialogues en vue de consolider le « vivre ensemble des Camerounais ». C’est dire qu’il était disponible à toute discussion, sauf à remettre en question l’unité nationale doublement scellée en 1961 à Foumban et lors du référendum du 20 mai 1972. Autrement dit le Président Biya n’entendait pas céder aux assertions relatives à une quelconque balkanisation de l’Etat et de l’intégrité du territoire camerounais au profit du fédéralisme, ou, plus grave encore, en faveur de la sécession. Logiquement, Paul Biya a raison. Aucun président, aucun chef d’Etat dans aucune République au monde ne peut accéder à la revendication séparatiste sous son magistère. Faut-il rappeler qu’il existe une centaine de mouvements séparatistes au monde ? Par empirisme, au regard de ce qui se passe ailleurs, est-il besoin de préciser que les revendications séparatistes recensées à travers la planète durent des dizains d’années et reposent sur un long processus, et non sur des actions subites, spontanées, immédiates et radicales ? Est-il utile de faire remarquer qu’aucun mouvement sécessionniste au monde ne prend l’école en otage ? Singulier dans sa démarche, le cas du Cameroun semble atypique, tant est que les revendications anglophones semblent évanescentes, déliées et même radicales. Dieu merci, les choses semblent évoluer, elles évoluent lentement, certes. Mais, surement, assurément.
Pragmatique, le président de la République et le Gouvernement ont concédé à plus d’une réclamation du Consortium tout autant qu’ils n’ont managé aucun effort pour faire avancer le débat sur moult revendications des Camerounais d’expression anglophone. Qui oserait en douter ? Le président Paul Biya a pris le taurreau par les cornes dès le déclenchement des premières protestations de nos frères et sœurs du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et nonobstant les pirouettes du Consortium des avocats et d’enseignants, visant à geler le dialogue engagé entre le Gouvernement de la République et les leaders des syndicats appelant au boycott de l’école en zone anglophone, aux « villes mortes » hebdomadaires et à la paralysie de l’activité économique en rependant la peur de Bamenda à Buéa et de Mamfé et Kumba. Outre les 2 milliards FCFA octroyé par le président Paul Biya au système éducatif anglophone, le recrutement sine die d’un millier d’enseignants anglophone, le dialogue bute encore sur certains écueils.
Sans se lasser de rechercher le dialogue et l’apaisement, le président Paul Biya est allé plus loin dans la recherche de la paix au nom de l’harmonie nationale… Ainsi, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement d’apporter des réponses positives aux recommandations formulées par le Comité ad hoc à l’issue de la réunion présidée par le ministre délégué auprès du ministre de la Justice les 27 et 28 décembre 2016 à Yaoundé. Ce n’est pas tout ! Récemment encore, début avril 2017, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun déclarait que « les revendications des avocats anglophones ont été satisfaites. » et que ceux-ci avaient décidé de reprendre leur travail de plaidoirie dans les tribunaux le 2 mai prochain. Cette décision semblait ferme d’autant plus qu’elle faisait partie des résolutions adoptées par l’instance judiciaire anglophone, dont les options valent  recommandations pour le Bâtonnier, en reflétant l’unanimité des avocats du Nord-ouest et du Sud-ouest… Bien plus, le président de la République a donné des recommandations au Gouvernement, pour la création, par le ministre de la Fonction publique, d’un comité ad hoc chargé d’organiser le recrutement spécial d’auditeurs de Justice et de greffiers de culture anglophone. À la suite, les avocats d’expression anglophone ont affiché leur satisfaction par rapport aux mesures présidentielles annoncées…

Point de parjure présidentiel !
Le président de la République suit de très près l’opération de recrutement des auditeurs de justices anglophones. Ces opérations de recrutement spécial des personnels judicaires anglophones seront bientôt lancées à la grande satisfaction des la jeunesse camerounaise. Ces auditeurs de justice et élèves greffiers d’expression anglaise vont être recrutés à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), lors des exercices 2017 à 2020. Une grande première ! Pour le moment la commission interministérielle est chargée de concevoir, de coordonner et d’évaluer les opérations concourant à ce recrutement. Elle a pour mission d’adopter le chronogramme d’exécution du recrutement, de proposer les critères de sélection, de superviser les épreuves écrites et orales, et même de vérifier l’authenticité des diplômes exigés et de proposer la liste des candidats sélectionnés. Le processus est lancé. Wait and see.

Par Joseph Elangwe, politologue

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