Cameroun – Mémorandum des patriarches Béti: Albert Dzogang répond à ONAMBELE ZIBI

Objet :  Réaction à propos du mémorandum adressé au Chef de l’Etat par les patriarches du Mfoundi
Messieurs Les Patriarches Béti,
J’ai lu avec intérêt votre brûlot adressé au Président Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, Président National du R.D.P.C. et qui est signé par M. ONAMBELE ZIBI, paru dans le journal l’Epervier Plus.
A la première lecture du titre, je me suis dit que c’est encore un groupe qui invite le président à demeurer au pouvoir, ou qui le remercie pour avoir encore nommé un des leurs à un poste juteux de nourriture et non de travail pour le bien de tous.
Dès les premières lignes, j’ai compris que le ton monte et que certains enfants jadis gâtés se sentant « sevrés » au profit des consanguins, crient fort pour que la maman nourricière pense à eux. Ces mêmes, qu’hier, offraient flèches et machettes au Président Paul BIYA pour exterminer les allogènes envahisseurs, liment aujourd’hui leurs couteaux, pour égorger le roi. Selon eux, l’un des crimes impardonnables de leur champion, le Président Paul BIYA, est de pactiser avec l’ennemi mortel qui est le Bamileké. Pour illustrer leur propos, ils prennent deux exemples. Le R.D.P.C. et le Senat « dirigés » respectivement par le grand commis de Paul BIYA, M. Jean NKUETE et le grand papa Marcel NIAT NJIFENJI.
Comment un homme intelligent, et supposé sage, de la trempe du Patriarche ONAMBELE ZIBI peut-il croire et affirmer que M.  Paul BIYA serait dépossédé de son parti, le R.D.P.C. où il vous aurait entraînés, dites-vous, en faveur des Bamileké, simplement parce que Jean NKUETE en est le Secrétaire Général du Comité Central, pendant que M. Marcel NIAT NJIFENJI est Président du Sénat ?
Mis à part les titres, honneur et avantages matériels divers, de quels pouvoirs disposent ces deux commis de M. Paul BIYA et de quel poids politique pèsent-ils au Cameroun, voire dans leurs villages, pour être capables d’influer sur le pouvoir de Paul BIYA en faveur des « ambitions politiques des Bamileké ?

Laissez-moi vous rappeler avant d’aller plus loin, que si le R.D.P.C. parti au pouvoir et du pouvoir marche encore à l’Ouest, c’est parce quelques hommes d’affaires Bamileké, tels que Sylvestre NGOUCHINGHE dans la Mifi, Victor FOTSO dans le Nkoung-khi, Timothée NGAMO et Bernard FOGANG dans les Hauts-Plateaux sacrifient beaucoup de leur fortune pour le maintenir en vie et avoir la tranquillité. On ne peut prétendre qu’ils en tirent le moindre profit.
 
Pour ces seuls cas, il faut préciser :
M. Sylvestre NGOUCHINGHE nommé Coordonnateur dans la Mifi, malgré la réticence de ses propres frères, tire quel avantage pour lui, ou pour le village de cette nomination ? C’est avec son propre argent qu’il a construit des centaines de salles de classe, équipé des services publics. C’est encore lui qui s’est investi pour sauver le parti dans la Mifi aux différentes consultations électorales. En retour que n’a-t-on pas fait pour lui mettre les bâtons dans les roues dans ses affaires ? Tentative de concurrence déloyale par des hommes de paille, diffamation sur la qualité de son poisson, confiscation de ses biens immobiliers régulièrement acquis. Qu’à fait le parti qu’il sert pour l’aider dans ces situations ? Je pense que ces œuvres sont réalisées pour acheter la paix pour ses frères, lui n’en tirant aucun gain, même pas la reconnaissance du Prince. C’est à croire que c’est un sport pour lui.
 
M. Victor FOTSO, soutien du régime de la première heure, avec tout ce que cela lui a valu comme mépris de ses frères, qui pourtant l’estiment pour ses œuvres humanitaires (Ecoles, églises, chefferies et une somptueuse mairie qui fait des jaloux). C’est lui qui avec son argent fabrique les résultats électoraux dans le Nkoung-Khi pour le régime. Lors de la première visite du Président Paul BIYA à l’Ouest, c’est lui qui a offert le dîner de gala dans sa résidence.
Est-ce que ceci a empêché que son fils soit honteusement condamné à vie, pour des crimes imaginaires ? Qu’à fait le R.D.P.C. pour le secourir ? Ne parlons pas des liasses d’argent offert au régime et des prêts sans intérêts consentis à l’Etat par sa banque C.B.C., aujourd’hui confisquée.
 
M. Timothée NGAMO, Coordonnateur du parti dans les Haut-Plateaux est l’un des grands financiers du parti qu’il porte à bras le corps. De quel coup de pouce cet homme d’affaires prospère bénéficie-t-il ? Au contraire, tout a été mis en œuvre pour l’effacer sur le marché du sucre, au risque de créer une pénurie. La seule raison étant qu’il est Bamileké.

Le plus jeune et remuant d’entre eux c’est Bernard FOGANG de Batié, qui rêve et pense R.D.P.C., dépense sans compter et reste toujours au banc de touche des nominations (Députés et Sénateurs).
A côté de ceux-ci visibles par leurs actions sur le terrain, il y a ces milliers qui ont payé à vos frères du « pays organisateur », des centaines de millions pour figurer sur la liste bidon des membres du Comité Central, qui est une coquille vide.
Révisez votre vue sur le rôle des Bamileké au R.D.P.C., ils sont des membres « donneurs » de fonds, et des vaches à lait.
En tant qu’ancien dignitaire de ce parti, je puis vous informer que le R.D.P.C. n’a aucune influence sur le pouvoir de ce pays, qui se trouve entre les mains d’un clan tribal dont vous faîtes partie.
Combien de hauts fonctionnaires Bamileké doivent leur place à M. Jean NKUETE ? Combien de postulants fait-il admettre à l’Enam, Emia et autres ? Quel est le budget qu’il gère au Comité Central du R.D.P.C. ?
Pour bien montrer qu’il n’est rien, même ses propositions pour la marche du parti qu’il est supposé diriger, sont soumis aux petits commis de la présidence et c’est leurs avis qui comptent auprès du Chef de l’Etat. Souvenez-vous du cas de l’entretien avec moi. Je crois qu’une autre personne à la place de ce monsieur, aurait déjà rendu son tablier.
En ce qui concerne le Sénat, si le Prince a voulu mettre en place son Sénat pour placer à sa tête un fidèle qu’il a nommé et non élu, alors que le Conseil Régional dont les membres sont les électeurs est toujours attendu, le Conseil Constitutionnel étant une vue de l’esprit au Cameroun, c’est parce qu’il connaissait le caractère vide et nul de cette assemblée à son service, car dominée outrancièrement par ses suppôts. De là à penser que pour en être le Président, M. Marcel NIAT NJIFENJI représente quelque chose de plus pour les Bamileke, c’est faire preuve d’une insulte à ce vaillant peuple. Bien sûr que cet « ami » du président se déplace désormais avec cortège, sirène et tout le tralala, bien sûr que son domaine dans le Ndé est gardé, mais quel pouvoir a-t-il sur les affaires du pays ? Je vais descendre plus bas, qu’a-t-il fait d’utile dans la petite ville de Bagangté qui l’abrite ? Ce n’est pas faute de volonté de sa part, mais faute du pouvoir qu’il n’a pas. L’Ouest se souvient positivement de M. Marcel NIAT NJIFENJI, quand il était Directeur Général de la Sonel et c’est tout. M. Marcel NIAT NJIFENJI « soi-disant » deuxième personnage de la république, peut-il
influencer sur les résultats des Concours Officiels ou sur les recrutements dans les sociétés étatiques ?
Vous lui reprochez de faire des dons dans sa région, sans préciser qu’il s’agit de son argent propre et non du crédit du Sénat. Je vous aurais compris si vous citiez un seul de vos frères prédateurs de la fortune publique, qui a fait des dons ailleurs que dans votre Centre-Sud.

Messieurs les patriarches, si vous voulez avoir plus et continuer à vivre du travail des autres camerounais, les Bamileké en-tête, laissez tranquilles ceux qui ont toujours été oubliés. L’Est et l’Ouest, le levant et le couchant sont des laisser pour compte du régime, votre régime. Si votre part de gâteau est aujourd’hui maigre, utilisez d’autres arguments pour votre chantage.
Un conseil cependant, j’ai côtoyé le Chef de l’Etat et vous assure qu’il est insensible aux ultimatums.  Utilisez un autre moyen pour pleurer. Si les Bamileké étaient des garçons comme disent les Ivoiriens, ils réagiraient fort à votre mensonge. Cependant, comme votre sortie semble sonner la fin du régime, et si en prévision du futur vous cherchez un nouveau parapluie et alliés comme les rats quittant un navire en détresse, soyez rassurés, les Bamileké ont un grand cœur et ne sont pas rancuniers. Vous serez la bienvenue pour qu’ensemble nous bâtissions sur les ruines actuelles, un Cameroun prospère pour tous et avec tous ses fils. Si les machettes et lances que vous offriez hier au président pour massacrer les Bamiléké sont aujourd’hui tournées contre lui, ne comptez pas sur ces derniers pour vous accompagner dans cette trahison. Et comme vous envisagez militer ailleurs qu’au sein du R.D.P.C., je  vous recommande la Dynamique ou le M.R.C.
Quand on finit de vous lire, on ne comprend plus pourquoi le mot Bamileké est apparu dans ce brûlot, puisque vous affirmez que le pouvoir est en train de devenir tribal et même familial, puisque tous les postes de pouvoirs et d’argent vont de plus en plus chez les Bulu et les Nanga-Eboko. Où se trouvent donc les Bamileké dans tout ça ? Aux postes de pouvoir ou ce d’argent ?  Votre mini tribalisme laisse croire que le Béti c’est Yaoundé, le Mfoundi exclusivement.
Si mes connaissances en géographie sont exactes, je crois savoir que Nanga-Eboko est également Béti. Comment pouvez-vous dire en même temps, qu’ils sont marginalisés et qu’ils sont aux postes de pouvoir et d’argent ?

Quand on vous entend vanter votre suffrage en faveur du Président Paul BIYA lors des élections, on comprend que vous n’êtes pas de ce pays. Que représentent vos votes dans les élections aux résultats connus d’avance, au cours desquels des candidats se retrouvent avec zéro voix dans les bureaux où ils ont eux-mêmes voté pour eux ? Que représentent vos votes sur le score stalinien de 99 % souvent attribué à votre frère d’hier, ennemi d’aujourd’hui ?                  
En ce qui concerne le volet « terres », en tant que législateur, je vous demande de réviser la loi foncière qui stipule que la terre appartient à l’Etat ou à celui qui l’a mise en valeur, et obtenu un Titre de Propriété.
Vous semblez accuser les acquéreurs d’une marchandise régulièrement vendue. Retenez que ce sont les investissements qui transforment une brousse en une métropole (cas de Yaoundé). Heureusement qu’un immeuble bâti à Yaoundé reste la propriété de Yaoundé, son promoteur ne pouvant jamais le déplacer ailleurs.
Soyons sérieux, l’heure commande à l’unité du Cameroun, et ceux qui l’ont désuni par un tribalisme outrancier doivent faire profil bas.

M. Albert DZONGANG
Homme Politique

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