Cameroun: le contrat de la Camerounaise des Eaux des Marocains ne sera pas reconduit

En 2018, l’Etat ne renouvèlera pas le contrat avec la Camerounaise des eaux.
Dans moins de 2 ans, c’en sera terminé avec le contrat de la Camerounaise des eaux (Cde), société chargée du service d’alimentation en eau potable des centres urbains et périurbains du Cameroun. L’entreprise avait décroché un contrat de 10 ans qui coure depuis le 2 mai 2008. 237online.com Une fois arrivé à expiration, celui-ci ne sera pas reconduit. L’information est contenue dans une lettre du ministre de l’Eau et de l’Energie, Basile Atangana Kouna. La correspondance datée du 3 août 2016, est adressée au directeur général de la Cde, Brahim Ramdane, avec dans copies au secrétaire général de la présidence de la République, au secrétaire général des services du Premier ministre, au ministre des Finances et à la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater), l’entreprise publique chargée du développement et de la réhabilitation des infrastructures de l’eau potable. La lettre du ministre Atangana Kouna est une réponse à la demande de reconduction du contrat introduite par la Cde qui souhaitait continuer la gestion, la production et la distribution de l’eau potable. En réalité, ce sont les investisseurs marocains qui avaient ainsi manifesté leur volonté de rester dans le service public de l’eau au Cameroun. Il s’agit d’un groupement d’entreprises du Maroc, à savoir l’Office national de l’eau et de l’électricité (Onee), Delta Holding, Novec et Medz. Ces quatre sociétés forment l’actionnariat majoritaire de la Cde, aux côtés d’autres partenaires étrangers comme la Banque mondiale et l’Association africaine de l’eau, ainsi que d’acteurs camerounais à l’instar du ministère de l’Eau et de l’Energie, la société Camwater et le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam). Créée en décembre 2007, la Cde est une entreprise de droit camerounais ; et c’est le fruit d’un partenariat public-privé. Mais ce partenariat ne durera pas plus de 10 ans, si l’on s’en tient à la lettre du ministre Atangana Kouna. Ce dernier ne donne aucune raison à la non-reconduction du contrat entre la Cde et l’Etat du Cameroun. Tout juste s’agit-il de « très hautes instructions de la hiérarchie », indique le Minee au directeur général de la Cde, le Marocain Brahim Ramdane. Jusqu’ici, aucune réaction n’est venue ni des autorités camerounaises ni des dirigeants de la Cde. Les tentatives de les faire parler sont restées vaines.

Paul Biya
Toutefois, ce n’est guère une surprise que le contrat de la Cde ne soit pas reconduit. La presse avait relayé le contenu d’une lettre datée du 28 mars 2016, attribuée au secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh. Celui-ci informait les services du Premier ministre des instructions du président de la République. Paul Biya demandait la fin du partenariat avec la Cde et son replacement. Le ministre de l’Eau et de l’Energie ne devait point renouveler le bail de la Cde. Le chef de l’Etat tenait à ce que « le paiement de la redevance due par la Camerounaise des eaux soit conforme au contrat ». Quatre mois plus tard, la lettre de Basile Atangana Kouna du 3 août dernier laisse croire que les instructions de Paul Biya sont appliquées. Du coup, il reste à savoir qui prendra en main l’approvisionnement des Camerounais en eau potable. Des réponses peuvent encore être tirées de la fameuse lettre attribuée à Sg/pr. En effet, d’autres directives avaient été données par le président de la République. 237online.com A savoir la mise en place d’unmécanisme de gestion de l’eau potable en explorant toutes les possibilités, y compris le recours à une entité publique. Il n’est donc pas exclu que la Camwater ou une nouvelle entreprise remplace la Cde le moment venu. Ce repreneur devra respecter cette exigence du président Paul Biya : « veiller à ce que les factures d’eau reflètent la réalité des consommations des administrations ». Le départ de la Cde va forcément induire des bouleversements dans le secteur de l’hydraulique urbain. Le chef de l’Etat demandait d’ailleurs de faire tenir à la présidence de la République un rapport d’audit et des engagements, assorti de propositions. Il est question de poursuivre la réforme entamée en 2005 avec le décret du 31 décembre 2005 fixant les modalités des services publics de l’eau potable et de l’assainissement liquide en milieu urbain et périurbain. La réforme avait sonné le glas de la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec). En lieu et place, deux entités distinctes avaient vu le jour. D’une part, la Camwater, société publique chargée du développement et de la réhabilitation des infrastructures de l’eau potable. D’autre part, la Cde se voyait confier l’exploitation des installations afin d’assurer la distribution de l’eau potable. La réforme n’est jamais venue à bout de la pénurie d’eau au Cameroun.

Assongmo Necdem

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