Tribalisme au Cameroun: Ange Michel Angouing met le Rdpc en ébullition

Ange Michel Angouing l'ex ministre

La récente sortie de l’ancien Minfopra provoque des turbulences au sein du parti au pouvoir, sur fond de rivalité politique et de méfiance réciproque.
Ça chauffe au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Le parti du président de la République, Paul Biya, est en ébullition depuis la récente sortie de l’ex-ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra) et par ailleurs magistrat hors hiérarchie, Michel Ange Angouing, sur le tribalisme au Cameroun. Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Messager du mardi 02 juin 2020, le natif de Doumaintang dans le département du Haut-Nyong, région de l’Est, fustige le tribalisme qui gangrène le pays de Manu Dibango depuis de nombreuses années. Selon lui, le président Paul Biya, « ne demande pas aux Beti de combattre les Bamileké, aux Maka de combattre les Baya ou les Kako, aux Douala de combattre les Bassa, aux Bamileké de combattre les Bamoun, aux Bafia de lutter contre les Banen, aux Foulbé de combattre les Fali, aux Boulou de combattre les Fong et les Ntoumou, aux Anglophones de combattre les Francophones, aux Chrétiens de s’opposer aux Musulmans… » Exaspéré par les calculs politiciens à tout-va de certains de ses camarades de parti, Celui qui a été Minfopra entre 2011 à 2018 enfonce le clou en affirmant que : « Nul n’ignore que chaque Beti ou chaque grand homme Beti a un prête-nom Bamileké pour « faire les affaires ».

Des déclarations qui ont fait bondir des caciques du parti au pouvoir, dont M. Angouing est membre du Comité central. « Le camarade Michel Ange Angouing veut faire croire à l’opinion que le tribalisme est entretenu par les élites Beti, ce qui est complètement faux », s’offusque Germain Essomba, chargé de mission au sein du Rdpc, visiblement agacé par les propos de l’ancien membre du gouvernement. Ce cadre du parti estime par ailleurs que le magistrat hors hiérarchie a manqué de respect à la communauté Beti.

« Je suis peiné qu’un haut commis de l’Etat comme M. Angouing, que je respecte beaucoup, n’ait pas d’égards vis-à-vis des Beti. C’est politiquement incorrect », a-t-il ajouté. De l’avis d’un cadre de la section Rdpc Mefou et Afamba Nord, vu sous un angle purement politicien, « la sortie du ministre Michel Ange Angouing peut être un sujet à caution puisque pour certains elle sortirait des considérations des regroupements en grappes qui gouvernent les actions de certains managers ».

La polémique qui enfle autour des déclarations de Michel Ange Angouing interpelle tous les groupes sociaux. « Les illustrations de la sortie du ministre Angouing sont tellement légion. On peut citer par exemple M. Fokou qui a fait florès dans l’entrepreneuriat économique grâce à l’entregent de M. Joseph Owona à l’Université du Cameroun à l’époque alors qu’il était le Chancelier de cette institution. Le sénateur Sylvestre Ngouchinghe qui aujourd’hui est présenté comme étant très dynamique, a beaucoup reçu de M. Polycarpe Abah Abah», explique le Pr. Claude Abe, sociologue et enseignant à l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac). Et d’ajouter : « Ceux qui remettent la sortie de M. Angouing en question sont totalement à côté de la plaque et ne sont peut-être pas au courant de la réalité ».

Positions marquantes

« On avait besoin d’une sortie d’une personnalité politico-administrative de la trempe de M. Angouing pour entendre un autre son de cloche pour que les masses comprennent qu’elles sont instrumentalisées par un certain nombre d’acteurs de la scène politique pour des intérêts politiciens », soutient le Pr. Claude Abe. Bien qu’il se targue d’être l’un des plus hauts commis de l’Etat, natif de la région de l’Est de ces trente dernières années au Cameroun, Michel Ange Angouing ne semble pas enclin à précipiter son retour dans l’arène politique. L’aura dont il semble bénéficier, il la doit davantage à son glorieux passé de magistrat qu’à sa moustache bien taillée, qui lui donne l’allure d’un vieux loup de mer. Inquiet, le comité central du Rdpc œuvrerait discrètement à limiter les dégâts causés par la sortie de l’ancien ministre du gouvernement Yang. Il n’est donc pas banal d’affirmer que les militants du Rdpc ont toujours été dans l’incapacité de gérer efficacement leurs conflits internes : batailles de personnes et querelles de mots seraient, plus qu’au sein d’autres partis, le quotidien de son élite. Les fondateurs du parti de Paul Biya en 1985, comme les adhérents d’aujourd’hui, ont toujours été particulièrement sensibles au thème de la démocratie interne de leur parti. Un peu oublié aujourd’hui, le slogan «Faire de la politique autrement» a longtemps été l’un des étendards du parti du flambeau ardent.

Ahmed MBALA

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