Cameroun – Expropriation des Bororos de Ndzah: L’Université catholique de Bamenda jette l’éponge

L’autorité suprême de l’archidiocèse de Bamenda a annoncé le retrait de l’Université catholique du Cameroun-Bamenda du terrain contesté.
Son Eminence, Mgr Cornelius Fontem Esua, archevêque de Bamenda, annonce le retrait de l’Université catholique du Cameroun Bamenda (Catuc en anglais) du terrain revendiqué par les Bororos du village Ndzah, arrondissement de Bamenda III.[pagebreak] Il l’a fait savoir aux chrétiens lors de la messe du carême mardi 15 avril 2014, à la cathédrale métropolitaine St Joseph de Big Mankon. L’archevêque a laissé entendre que cette position a été arrêtée après une profonde prière faite par son auxiliaire et lui sur cette crise qui dure. «Nous avons pris cette décision après de long moment de prière et de réflexion» a déclaré Mgr Cornelius Fontem Esua sur les antennes de radio Evangelium à Bamenda. Si pour le chancelier de Catuc, les conditionnalités d’acquisition de ce terrain de Ndzah avaient été remplies progressivement à partir de 2009, année de début des négociations, en commençant par le Fon (chef) du village Ndzah puis en conformité avec la réglementation domaniale (paiement des taxes domaniales), « le premier problème que nous avions rencontré concernait les dimensions. Celles pour lesquelles nous avions payé n’étaient plus les mêmes lorsque nous sommes allés sur le terrain pour la délimitation». A en croire l’archevêque, ce problème avait été relevé en son temps devant les autorités administratives qui avaient promis se pencher sur la question.

Jusqu’au 19 mars 2014, lorsqu’après avoir eu gain de cause au tribunal de première instance, le chancelier archevêque envoie ses éléments aménager le site pour le début de la construction des infrastructures devant abriter l’Université. « Mon représentant et le chauffeur du bulldozer ont été violentés, la voiture et le bulldozer endommagés par les Bororos avec à leur tête un certain Christopher Achobang » affirme l’homme de Dieu pour qui s’il y avait un problème ces derniers (Bororos) « devaient se référer au Fon de Ndzah et au sous préfet de Bamenda III. Ils ont plutôt choisi d’assiéger à la cathédrale avec des pancartes sur lesquelles ils disent que nous sommes en train de violenter les Bororos. C’était pénible pour moi. M’accuser de violer les droits de l’Homme en l’occurrence des minorités Bororos ?» a déclaré le chef de l’église catholique de l’archidiocèse de Bamenda pour qui, cette accusation est gratuite, surtout venant des personnes qui ont reçu environ 23 millions de francs pour dédommagement (droit d’expropriation) dudit site. «Ils n’ont pas remboursé l’argent reçu jusqu’à nos jours. Je suis resté tranquille» lance-t-il.

Dédommagement
Lorsque les Bororos font du sit-in à l’entrée de la cathédrale, relève le prélat « le sous préfet de Bamenda III a dit qu’il allait résoudre le problème. Après on nous dit qu’on va nous attribuer 46 ha et les 70 ha pour lesquels nous avons payé les droits, aucun traître mot». A en croire l’archevêque, là où le bât blesse, ce sont les menaces terroristes proférer par «un certain Christopher Achobang qui a écrit partout pas une, deux fois seulement qu’ils vont inviter Boko Haram et Al-Qaïda nous combattre ». Le prélat est d’avis qu’il y a comme un complot pour salir l’image de l’Eglise catholique « ils ont poussé le bouchon plus loin en disant que même si on nous accorde ce terrain, nous ne serons jamais en paix sur ce site ». Suffisant pour le prélat de prendre la décision de jeter l’éponge « j’ai décidé de souffrir en silence et je continuerai à souffrir en silence. Mais une chose que j’ai décidée, c’est notre retrait (du Catuc) de ce site ».

Interpellé sur l’argent de dédommagement, l’archevêque laisse le libre choix aux Bororos. « S’ils veulent rembourser qu’ils le fassent, s’ils ne veulent pas, tant mieux. L’Université catholique a besoin d’être quelque part. On ne construit pas une Université sur 2 ha. C’est une Université avec 20 facultés. 6 facultés et écoles sont déjà opérationnelles dont celle de médicine à Kumbo. C’est pourquoi nous avons besoin de terrain. Nous devons être réalistes. A Mamfe nous avons environ 20 ha pour la faculté d’agronomie » conclut le chancelier pour qui la Catuc a toujours besoin d’espace à Bamenda. Une triste affaire qui ne fait l’honneur ni des Bororos de Ndzah, ni des autorités administratives qui se dissimulent sans doute derrière la manipulation.

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