Cameroun: Marc-Vivien Foé, un héritage de ronces et d’épines

Alors que Toko Ekambi et Zambo Anguissa ont été sélectionné par Rfi et France 24 dans la liste des treize noms en lice pour décrocher le 9e trophée décerné en guise d’hommage à l’emblématique Lion indomptable, l’Etat du Cameroun n’a pas bougé d’un seul pouce pour assurer la continuité des chantiers engagés avant sa disparition en 2003.
Qui succédera à l’Ivoirien de Nice, Jean Michaël Seri ? Hier lundi, Radio France internationale (Rfi) et France 24 ont dévoilé la liste des 13 candidats en lice pour le Prix Marc-Vivien Foé, qui récompense le meilleur joueur africain de Ligue 1. Moins en vue cette saison, l’Eléphant sacré en 2017 fait tout de même partie des postulants parmi lesquels on retrouve aussi les recrues médiatiques arrivées l’été dernier en France, le Sénégalais Baldé Keita (Monaco) et le Burkinabè Bertrand Traoré (Lyon).
Mais cette année, les favoris pour le sacre auront pour nom Wahbi Khazri (Tunisie), déterminant avec Rennes aussi bien en neuf qu’en dix, ainsi que le camerounais Karl Toko-Ekambi, 5e meilleur buteur de Ligue 1 avec 17 réalisations et bien parti pour assurer le maintien d’Angers. L’attaquant des Lions indomptables confirme sous le maillot angevin les belles dispositions qui séduisent les recruteurs dont beaucoup sont venus toquer à la porte du club cet hiver avec des dizaines millions d’euros dans leur valise.
Idem pour son compatriote et coéquipier en sélection nationale André- Franck Zambo-Anguissa qui a acquis une nouvelle dimension dans l’entrejeu de l’Olympique de Marseille aux côtés de Luiz Gustavo. Le Phocéen se classe en quatrième place chez les milieux de terrains selon l’observatoire du football du Centre International d’Etude du Sport (Cies) basé en Suisse qui a publié il y’a une semaine, un rapport articulé autour de six critères pour mettre en évidence les joueurs les plus performants à leur poste dans les cinq grands championnats européens lors des trois derniers mois de compétition. Verdict le 14 mai prochain à l’issue du vote d’un jury composé de 95 journalistes.

Les promesses fallacieuses du gouvernement
Et au Cameroun alors ? 15 ans après la disparition du défunt dossard 17 des Lions indomptables, c’est le déluge. A preuve, le fleuron de ses œuvres, le complexe sportif de Nkomo n’est plus qu’un chantier abandonné. Partiellement rongée par les termites, la clôture en bois qui délimite les 6 hectares qui font la superficie totale du complexe sportif, ne tient plus. Le bâtiment principal à deux niveaux dont le rez-de-chaussée devrait abriter une piscine olympique, un gymnase, des saunas, et des salles de massage, ressemble désormais à un champ en ruine. La piscine déjà creusée et cimentée a été transformée en dépotoir où s’entassent des bouteilles vides, des bouts de planches, des vieux journaux, des sacs en plastique et parfois même des crottes des chiens.
Le gouvernement camerounais qui avait juré de parachever l’œuvre de l’emblématique footballeur a pris la clé des champs. Entre marché de dupes, promesses non tenues, discorde et malentendus, l’héritage de Marco se meurt, sous le regard indifférent des champions de promesses fallacieuses. Meurtri par le désespoir et la déception, les Camerounais s’accordent à penser que le Complexe sportif Marc-Vivien Foé restera le testament (bafoué) d’un homme de conviction préoccupé de répandre le bonheur autour de lui. Dans un pays qui, en dépit de ses performances sportives sur la scène internationale, manque cruellement d’infrastructures sportives ce bijou architectural abandonné en pleine forêt unique est le plus précieux héritage qu’on puisse léguer à la jeunesse camerounaise qui trouvera là un espace rêvé pour le développement des potentialités naturelles. Selon les prévisions, le complexe devait coûter 3 milliards FCFA. Les travaux, jusqu’ici, ont été exécutés par l’entrepreneur belge Donald Bloemen. Et puis, le vide !

Le Minsep au banc des accusés
Qu’a donc fait le gouvernement de ses promesses ? Quid du ministère des Sports et de l’éducation physique où une cellule d’étude de ce dossier avait été créée ? Qu’est-elle devenue et quelles en sont les faits d’armes ? Mystère et boule de gomme. La plupart des fonctionnaires du Minsep approchés par nos bons soins, refusent de s’exprimer en « on » comme en « off » sur ce dossier « très compliqué ». A plusieurs reprises, le département ministériel que dirige désormais Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, avait été traduit au tribunal familial qui l’accuse d’avoir fait main basse sur les fonds destinés à pérenniser l’œuvre de l’emblématique footballeur. Mais, ces accusations n’avaient duré que le temps d’un Remember Foé. Comme pour sauver la face, l’Etat avait décidé de baptiser une des rues de l’arrondissement de Yaoundé 5 « Rue Foé ». Shame !

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