Cameroun – Pharmacopée: Les trésors de la médecine pygmée

Des naturopathes issus des communautés Bakola/Bagyéli ont récemment entrepris le recensement de leurs plantes médicinales.
Ils ont bravé la rosée matinale, les mauvaises plantes, et d’autres. Dans un espace de fortune, 15 médecins traditionnels et leurs assistants ont « scanné » la forêt équatoriale du village Nkouambpoer I. La localité est située à 16 km de l’arrondissement de Lolodorf dans la région du Sud. Dans un hameau de Matsindi à Nkouambpoer, ils ont aménagé un hangar de fortune. C’est l’atelier d’identification des plantes médicinales utilisées par les pygmées Bakola/Bagyéli. En trois groupes de dix personnes chacun, ils se sont lancés pendant deux jours dans la forêt. Résultat ? Plusieurs dizaines de kilomètres parcourus, des feuilles, des écorces, des racines d’arbres ainsi que des herbes médicinales identifiées. 237online.com Il faut trouver des antidotes contre le paludisme, la toux, le rhume, la faiblesse s*e*xuelle et autres. A l’issue de ce périple réalisé du 17 au 21 janvier dernier, une trentaine de ressources thérapeutiques ont été recensées. « Une écorce ou une feuille est capable de soigner plusieurs maladies à la fois », confie Paul Félix Mimboh, facilitateur technique.
Dans cette forêt qui subit de plus en plus des assauts de l’exploitation illégale caractérisée par des bruits assourdissants de tronçonneuses, ces espèces médicinales deviennent «de plus en plus rares aux abords des huttes ». 237online.com Il faut être initié pour savoir contre quel mal est utilisée une plante X ou Y. « Nos parents nous ont transmis ce savoir. C’est grâce à ces médicaments que nous vivons longtemps. Aujourd’hui, nous sommes inquiets de voir ces ressources disparaître », explique Joseph Nkoro, le chef de la communauté Bakola/Bagyéli. La « coupe abusive du bois » pousse les autochtones à parcourir plus de 10 km pour s’approvisionner. « Certains médicaments traditionnels tendent à disparaître. Cette route créée par les fores tiers a tout détruit aux abords de nos maisons. Elle facilite le pillage de tout notre Bubinga dont les écorces soignent entre autres le mal de dos », poursuit Joseph Nkoro. Avec cette descente initiée par le Centre de recherche et d’action pour le développement durable en Afrique centrale (Cerad) en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco), une nouvelle page des peuples autochtones Bakola/Bagyéli s’ouvre. « Il était temps de réunir les détenteurs des savoirs médicinaux Bakola/Bagyéli et leurs assistants pour mettre ensemble leurs connaissances sur les plantes médicinales, les animaux, les insectes et les produits forestiers les plus utilisés dans cette communauté », a expliqué Patrice Bigombe Logo, directeur du Cerad. La médecine traditionnelle est le principal mode d’accès aux soins chez les Bakola/Bagyéli voire ailleurs. « Nous recevons plusieurs filles qui ont pour objectif d’aller se chercher en Europe. Quand elles arrivent, elles subissent un lavage de toutes sortes de malchance à l’aide de feuilles et d’écorces. Certaines reviennent nous remercier. 237online.com De nombreuses personnalités ont recours à nous pour les troubles s*e*xuels », relève Joseph Nkodo. Chez les pygmées Bakola/Bagyéli, en dehors des cas avérés d’affections liées à la vie moderne, la plupart des maladies sont encore traitées par les écorces d’arbres, les feuilles, la consommation de certains animaux et insectes, de certains produits de la forêt à l’exemple du miel. Pour ce qui est des cas de maladies graves et difficiles à élucider, les Bakola/Bagyéli recourent aux devins et aux esprits de la forêt à travers la voyance pour trouver la solution. Pour conserver ces activités thérapeutiques qui se font essentiellement en forêt avec les ressources et les esprits de la forêt, la communauté autochtone Bakola/Bagyéli lance un cri de détresse du fond de sa forêt au gouvernement afin de prendre des mesures pour stopper le mal.

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