Cameroun – Obsèques de Madame Mboutchouang, née Ndongo Mengolo Rosette Marie : Certains camerounais aiment « acheter les problèmes »

Certains camerounais aiment « acheter les problèmes » au nom des prétextes coutumiers et/ou légaux dont on doute de leur compréhension des principes.[pagebreak]Pourquoi allez s’immiscer dans les affaires de Monsieur Mboutchouang qui ne se plaint pas, en tout cas, publiquement. Cette famille veut gérer sa douleur dans la stricte intimité. S’il n’y a pas d’éclats de voix sur la place publique, alors ce dossier ne nous concerne pas.
Chez les Bamiléké, on peut enterrer un mort là où l’on veut. Le lieu d’enterrement dépend du type de relation que le défunt entretenait avec son entourage de son vivant. Le souci de retourner au village n’était qu’un souci de reconstitution d’une lignée symbolisée par la case des crânes. Etant dans le matriarcat, il n’était pas socialement convenable que le crâne de la mère soit absent. C’était la dépouille la plus importante.

Mais, cela n’a jamais suffi à se détourner de la dernière volonté des morts. La confusion vient peut-être de ce que les femmes ont presque toujours souhaité occuper leurs places prépondérantes dans le caveau familial. Mais, certaines femmes, émancipées, pouvaient décider de se faire enterrer ailleurs que chez leurs maris, dans leurs propres conceptions par exemple.
Dans l’histoire récente du christianisme, beaucoup de femmes ont choisi de se faire enterrer au cimetière de la mission catholique sans que cela ne pose de problème.
De même, Madame le Maire de Bangou aurait pu être enterrée en Afrique du Sud, à New-bell, à Yaoundé ou aux USA comme Lapiro sans que cela ne pose aucun problème à la tradition Bamiléké. Dans nos us et coutumes, il était possible, après des rites de réconciliation, d’importer le crâne de la personne qui n’était pas enterrée dans la conception familiale pour X raisons.

Je voudrais donc dire que de tout temps, les gens ont toujours été libres d’installer leurs caveaux familiaux où ils voulaient. Le plus souvent, le caveau est installé là où se trouve le successeur qui s’occupe de l’entretien au quotidien. Si les Mboutchouang et les Biya ont décidé d’avoir un même caveau à Mvogmeka’a, alors il n’y a aucune entorse à la tradition Bamiléké et encore moins, à la loi.
Au contraire, cela reflète le type de relations qu’ils entretiennent de leur vivant. Si le successeur des Mboutchouang à Bandekop veut conjurer les crânes des personnes enterrées à Mvogmeka’a, alors il existe des rites appropriés auxquels il pourrait avoir recours. Les choses ont toujours été comme ça. Encore faut-il qu’il croit encore à ces pratiques spirituelles qui étaient symboliques en leur temps et qui peuvent se vivre autrement de nos jours sans dénaturer l’esprit de la tradition à savoir, garder l’harmonie familiale même après la mort.
Évitons de créer des problèmes là où il n’y en a pas surtout que les concernés ne s’en plaignent pas publiquement.

Louis-Marie KAKDEU

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