Cameroun – Salaire: 39 000 F pour les pasteurs, 100 000 F pour les curés

La plupart des responsables des hommes de Dieu évoluent dans des conditions de précarité, caractérisées entre autre par des salaires dérisoires ou simplement inexistants. « [i]Les hommes de Dieu sont en général logés à bonne enseigne, ils ont des véhicules et des personnes à leur service[/i] ». Ce point de vue de André Bilounga, étudiant en Ressources humaines dans un établissement supérieur privé de la place est un peu ce que l’imagerie collective à des métiers de religieux. Seulement, ce regard extérieur tranche avec réalité qu’énoncent plusieurs hommes de Dieu. Le fait est que les salaires, à défaut d’être inexistants sont tout simplement dérisoires.
« C’est un honneur d’être un imam. Parce que tu es désigné grâce à ta connaissance du Coran et des saintes écritures, à cause de ta bonté et ton bon comportement. Mais en dehors de cette fierté de servir Allah, notre Dieu, et recevoir les honneurs des hommes, il n’y a aucun autre profit. Puisque l’imam ne perçoit pas de rémunérations ni d’argent de poche», indique El Hadj Modibo Halidou Ibrahima, imam principal de la mosquée d’Essos. Ainsi, contrairement à ce qui s’observe dans les pays tel le Nigéria où ces dignitaires religieux sont pris en charge par l’Etat, être imam au Cameroun voudrait que l’on mène une activité parallèle. « Pour être un imam dans notre pays, il faut savoir de quoi vivre. C’est pour cela que certains parmi nous sont des commerçants, des hommes d’affaires, ou des débrouillards en général. A côté de cela, beaucoup vivent des dimes et autres actes de bonne volonté des fidèles. », raconte l’imam de la mosquée d’Essos.
A la différence du monde musulman, l’Eglise évangélique du Cameroun (E.E.C) a toujours attribué un moyen de « [i]subsistance[/i] » aux ouvriers de Dieu. «[i] Il y a à peu près trente ans, les pasteurs percevaient de façon trimestrielle, une somme de neuf mille francs. De revendication en revendication, les pasteurs ont pu se hisser à un niveau un peu plus élevé. La base salariale à l’E.E.C est désormais 39 900 FCFA[/i].», révèle une source qui a requis l’anonymat. La révérende Albestine Mémiafo, épouse Kémogne, pour sa part, explique que, «[i]en dehors du salaire minimum qui est donné à chaque pasteur, qui est davantage une indemnité de titre et de résidence, il reçoit aussi un appui de sa paroisse. Venant notamment du conseil des anciens d’Eglise. Généralement il le donne en se fondant sur le contexte et l’environnement dans lequel tu exerces.[/i]»
Mais, tout est loin d’être totalement satisfaisant. « [i]J’ai longtemps travaillé à l’Ouest. Dans certaines communautés j’avais à peine 9 000 FCFA à la fin du mois. Travailler dans les coins reculés, c’est difficile. Surtout quand vous avez des enfants qui fréquentent au secondaire ou à l’université ça devient très compliqué. Surtout que tu n’as pas d’autres activités. Car cela est interdit[/i] », note la première femme pasteur de la paroisse de Nlongkak à Yaoundé. Toutefois, apprécie-t-elle, « [i]à l’Eglise évangélique du Christ, les choses évoluent peu à peu. Quand on se souvient que cinq ans auparavant, les pasteurs ne dépassaient pas 10 000FCFA de salaire minimum. Après des revendications, il a été revu à la hausse au cours d’un synode. C’est vrai que jusqu’à présent les pasteurs en demande encore. Le débat est sur la table et les responsables se concertent[/i] ».
Chez les catholiques, les rétributions mensuelles sont fixées par chaque diocèse. D’après une source généralement bien introduite, dans le diocèse de Yaoundé par exemple où l’on compte des centaines de milliers de fidèles et des rentrées financières importantes, chaque vicaire perçoit 80 000 FCFA, tandis qu’un curé a droit à une somme de 100 000 FCFA par mois. Or du côté de la ville d’Obala à quelques kilomètres de la capitale, le curé gagne 80 000 et son vicaire 60 000 FCFA.
« [i]Quand vous travaillez dans une brousse comme moi. Où il n’y a pas de d’eau potable et d’électricité, avec des autochtones qui peinent eux même à s’en sortir et que l’on vous donne 40 000 FCFA, est-ce que vous pouvez vous en sortir. C’est la misère ![/i] », S’indigne un prêtre catholique. Or le droit Canon 281 alinéa 1 dispose que «[i] puisque qu’ils se consacrent au ministère ecclésiastique, les clercs méritent une rémunération qui convienne à leurs conditions. Qui tienne compte, autant de la nature de leurs fonctions que des circonstances des lieux et de temps. Et qu’elle soit tel qu’il puisse subvenir à leurs propres besoins et à assurer une rétribution équitable à ceux dont le service leurs sont nécessaires.[/i] »
Autre constat : la sécurité sociale n’est guère à l’ordre du jour. « [i]Une fois, notre Eglise a voulu nous affilier à la Caisse nationale de prévoyance sociale. Mais cela s’est avéré compliqué parce que nos rétributions n’atteignaient pas le Smig[/i] », révèle un pasteur de l’E.E.C. Un prélat de l’Eglise catholique du diocèse de Douala, lui, s’interroge toujours sur son avenir post pastoral. «[i] Nous sommes des tacherons. En cas de maladie ou d’autre forme d’invalidité, vous êtes pris en charge par l’assureur de la paroisse. Mais celui-ci ne couvre pas votre carrière. Aussi, nous voyons Certains ainés à la retraite vivre dans la peine. Tout jeune pasteur qui voit cela est inquiet. Et est tenté de faire dans les affaires. Ou même de devenir l’ami des hommes riches.[/i]» Cette crainte aurait pu être évacuée grâce à l’alinéa 2 de la loi canon 281. Il stipule qu’ « [i]il faut veiller à ce qu’ils bénéficient de l’assistance sociale grâce à laquelle ils sont correctement pourvus de leurs besoins de maladie, d’invalidité et de vieillesse.[/i] »

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