Attaque Garissa – Claudy Siar réagit: Je suis kényan, et vous ?

Le producteur Claudy Siar fait partie des voix qui se sont élevées pour dénoncer « l’inquiétante indifférence » après l’attaque de Garissa au Kenya.[pagebreak]2 avril 2015, le jour se lève à peine au Kenya. À l’université du Garissa, dans l’est du pays, un groupe d’étudiants profite d’un sommeil bien mérité. Un autre, déjà réveillé, est réuni pour la prière. Dehors, des individus, des shebabs, usent de la pénombre pour investir les lieux et mettre hors d’état de nuire les deux gardes en faction. Surpris, les occupants sont vite maîtrisés puis séparés en deux camps. D’un côté, les chrétiens ; d’un autre, les musulmans. C’est le début d’un carnage qui durera seize bonnes heures. Bilan : 148 morts. C’est l’attaque la plus meurtrière sur le sol kényan depuis l’attentat contre l’ambassade des États-Unis à Nairobi en 1998 qui a fait 213 morts. Dès les premières heures après l’attentat de Garissa, des voix s’élèvent pour dénoncer « l’inquiétante indifférence » des responsables occidentaux. Sur les réseaux sociaux, beaucoup parlent de « deux poids, deux mesures ». Sur sa page Facebook, le producteur audiovisuel Claudy Siar lance : « Je suis kényan, et vous ? » La compassion et la solidarité ne doivent pas être sélectives. » Le Point Afrique l’a rencontré. Interview vidéo.
Moins de médiatisation pour l’Afrique
« Ma réaction est en résonance avec les attentats perpétrés à Paris en janvier dernier. « Je suis kényan », « Je suis Charlie. Et vous ? » Le « Et vous » finalement nous ramène à ce qu’est l’Afrique aujourd’hui, à la réaction également des diasporas. Et je rajoute ensuite : « Il ne peut pas y avoir de réaction ou d’émotion sélective. » Quelles que soient notre couleur de peau, notre religion, notre nation, nous devons tous être dans ce même élan de solidarité, de compassion. Nous ne devons pas avoir de hiérarchie dans l’actualité lorsqu’il y a crime ou lorsqu’il y a un événement important. Malheureusement, c’est ce qui se passe. Lorsqu’il s’agit de l’Occident, la mobilisation, la médiatisation sont plus importantes que lorsqu’il s’agit de l’Afrique. »
« Il peut aussi y avoir une voie du dialogue »
« Et puis ça nous ramène aussi à la posture de l’Occident vis-à-vis des autres nations, dans son rapport aux autres nations. Je suis kényan, et vous ? Et là le « et vous ? » prend toute sa dimension. On attend bien dans le bloc occidental, lorsqu’il s’agit d’avoir un type de politique vis-à-vis de certains pays, de certaines régions du monde, on dit « nous » ou « on ». « Nous aurions dû », « on aurait préféré »... Les maîtres du monde s’expriment. Il est temps que l’Occident ait un autre rapport avec le reste du monde. Il peut y avoir répression, et il y a aujourd’hui répression, il y a les bombardements en Syrie, en Irak, en Afghanistan, il peut aussi y avoir une voie du dialogue. »

Alain Aka et Pauline Tissot, Le Point Afrique

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