Covid-19: Paul Atanga Nji fragilise-t-il le dispositif camerounais ?

Paul Atanga Nji

La décision du ministre de l’Administration territoriale (Minat), dans son rôle de mettre un terme à la collecte des fonds de solidarité lancé par Maurice Kamto, s’est jetée dans l’incertitude car pour l’heure, personne ne maitrise l’issue de la guerre contre le Covid-19.

Avis de tempête en cas d’hécatombe ? L’intervention du Minat, appuyée sur l’obligation du respect de la loi camerounaise en matière d’autorisation d’appel à la générosité publique bien que légale minore deux faits qui pourront dans un proche avenir lui être gravement préjudiciable au regard de la protection de la vie humaine encadrée de manière universelle. A ce niveau, on ne sait pas encore de quoi sera fait la réponse de l’État qui se veut fiable dans la guerre contre le Covid-19 surtout au moment où le numéro un des Camerounais est plus que jamais invisible l’heure où des voix se lèvent pour s’inquiéter de son silence sur la question. L’autre pan d’incertitude qui met la sortie du Minat en situation est le nombre de morts que le virus va laisser sur le carreau.

Au moment où beaucoup d’États africains adoptent des postures musclées dans la guerre contre le Covid-19, le Cameroun semble très réservé dans son approche sur la question. Alors que beaucoup ont adopté des budgets de guerre qui s’échelonnent en centaines ou en millier de milliards, avec des mesures d’accompagnement conséquentes, le pays de Manu Dibango n’a qu’une cagnotte d’un petit milliard. Ainsi les pays comme le Sénégal, le Niger, la Côte d’Ivoire ou le Gabon ont pris des mesures plus draconiennes allant aux mesures de confinement, aux couvre-feux et autres mesures d’assistance à la population. L’autre aspect de la question préoccupante est précisément l’engagement ou l’implication physique de Paul Biya. Si ce n’est pas à lui de mettre en route le travail du gouvernement sous ses instructions, il en va aussi qu’en temps de guerre sanitaire comme celui-ci, son adresse à la Nation aurait été des plus réconfortantes. Il l’a fait dans la guerre contre le Boko Haram à Paris, tout comme à plusieurs occasions, il a communiqué sur le conflit dans les régions anglophones du pays.

Dans quel intérêt ?

Son implication fut des plus rassurantes dans chaque cas. Au Gabon par exemple, Ali Bongo a déjà communiqué trois fois sur la pandémie du Covid-19. Par ailleurs, le compte de solidarité mis en place n’est pas particulièrement alimenté comme on l’aurait envisagé. Pour l’instant, le seul ministre signalé qui a mis la main à la poche est Jean de Dieu Momo, avec une contribution de 500.000 Fcfa. Que disent les autres membres du gouvernement ? Avec cet immobilisme, pourquoi le Minat ira-t-il fermer là où ça va de mieux en mieux? Dans quel intérêt le fait-il? Au moment où la psychose est à son comble, se rend-t-il compte de la possibilité qu’il fragilise plus que jamais un peuple en proie aux incertitudes? Que vaut la légalité par rapport à la protection de la vie de tout un peuple? La chose devient lourde de sens quand on sait que le président du Comité de gestion de Survie a adressé à six administrations dont le Minat, des sollicitations des participants dans la gestion concertée de ce Fonds. Comment comprendre dès lors l’interdiction de ce programme humanitaire? Plus de morts mettrait le pouvoir dos au mur On sait déjà l’Oms et même l’Onu estiment que la pandémie va faire des millions de victimes en Afrique. Qu’en sera-t-il du nombre de morts au Cameroun? Déjà, notre pays a le triste record du pays sub-saharien francophone le plus contaminé. Certaines estimations établissent que d’ici le 20 du mois en cours, le pays dépassera le cap de 10. 0000 contaminés. Dans ces sombres prévisions, il va de soi que les morts s’enchainent, comme l’annonce une certaine opinion. Il est possible que le patron de la sécurité intérieure, devant l’hécatombe s’explique sur les responsabilités des uns et des autres. Ce faisant, il soulèverait la sienne. Le Covid-19 est un ennemi et de ce fait, agir de manière concertée et en synergie est des plus souhaités. Peut-être que le Minat, en frappant du point sur la table a voulu rappeler aux uns et aux autres qu’on doit solliciter de lui toute initiative. Dans l’urgence, cela est-il toujours compréhensible, nécessaire et obligatoire ? Telle est la situation écran à l’impérativité de l’observation des lois.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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