Modernisation de la recherche : Lettre ouverte des chercheurs du Minresi au chef de l’État

Minresi

Excellence Monsieur le Président de la République,
Les Chercheurs du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MINRESI) ont le sentiment justifié qu’à ce jour, les impulsions données à la recherche scientifique, par les différents textes juridiques qui l’organisent, ne permettent plus à cette profession de libérer pleinement son potentiel d’innovation.

En cause, l’anachronique Statut des Chercheurs et leurs difficiles conditions de travail. Le Premier Ministre a d’ailleurs entrepris, depuis le 31 mars 2021, une initiative pour trouver un mécanisme pérenne de financement de la recherche camerounaise, afin d’accompagner la « Vision d’Émergence à l’horizon 2035 » ; ce qui rejoint votre discours du 31 décembre 2019 : « notre objectif demeure d’accéder à l’émergence à l’horizon 2035 ». Faut-il le rappeler, les Chercheurs du MINRESI sont des acteurs clés de cette émergence. En effet, tous les pays développés et/ou qui ambitionnent aussi de se développer, fondent l’essentiel de leur stratégie de développement sur la recherche scientifique. Puisque, comme le démontrent toutes les études, la priorisation de l’économie du savoir induit toujours une croissance fulgurante de tous les autres secteurs de la vie nationale. La recherche est donc la clé de voûte et le catalyseur de tout processus de développement pertinent.

Excellence Monsieur le Président,
L’emploi scientifique, dans le secteur public de la recherche, regroupe l’ensemble des personnels travaillant directement sur des projets de recherche et de développement (Chercheurs, Enseignants-chercheurs) et qui participent à l’encadrement des Techniciens, des Ingénieurs, des Doctorants et des Post-doctorants.
Vous avez créé un Compte d’affectation spéciale pour la modernisation de la recherche, le 08 avril 2009. La mission assignée à ce compte spécial est de donner les moyens, aux Enseignants-chercheurs du MINESUP, de financer et massifier des recherches innovantes, en vue du développement du Cameroun. Cependant, le personnel Chercheur du MINRESI qui exerce pourtant, à titre principal et permanent des missions de recherche-développement indispensables à notre vaste chantier d’émergence à l’horizon 2035, selon les orientations stratégiques de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30). Ceci est une omission du principe de non-discrimination, consacré et garanti, à la fois, par le préambule de la Constitution, et la Convention n° 111 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ratifiée par le Cameroun, le 13 mai 1988, et entrée en vigueur, le 13 mai 1989. L’article 1er de cette convention interdit « toute autre distinction, exclusion ou préférence ayant pour effet de détruire ou d’altérer l’égalité de chances ou de traitement en matière d’emploi ou de profession (…) ». Au regard de ces deux textes, le non-paiement de la prime de modernisation de la recherche aux Chercheurs du MINRESI, est une discrimination légalement interdite. Bien plus, cette situation fragilise la confiance légitime que le Chercheur devrait avoir envers l’État.

Cette discrimination est d’autant plus criarde que le Chercheur du MINRESI exerce ses missions de recherche dans une précarité déconcertante. Au lieu qu’il bénéficie de la prime trimestrielle pour la modernisation de la recherche, attribuée actuellement aux Enseignants du MINESUP, il est contraint de financer, avec son salaire (déjà insuffisant pour prendre en charge sa famille), les activités de recherche qui entrent pourtant dans le patrimoine de l’État. Comment, dans ces conditions de précarité, le Chercheur camerounais pourrait-il livrer compétition, avec des chances égales, sur le même terrain d’innovation/développement avec ses collègues du MINESUP ou encore, avec les Chercheurs des pays du Nord qui allouent des budgets conséquents à leurs Chercheurs ? Comment remporter des compétions internationales qui sont, par ailleurs, des plateformes de captation des financements de la recherche ? C’est donc la double peine pour les Chercheurs du MINRESI, puisqu’ils sont ainsi privés, à la fois des financements nationaux et, faute de pouvoir présenter des publications, découvertes et innovations suffisamment compétitives, par manque de financement local, peinent aussi à décrocher les financements internationaux soumis à concours. Nous ne pouvons pas rester sur la trajectoire de l’accès à l’émergence en 2035, avec une recherche scientifique qui présente un tel visage, celui de la débrouillardise scientifique. Notre recherche scientifique est devenue la risée du monde entier et 80% des Chercheurs utilisent leur salaire minable pour financer leurs innovations.

La SND30, constate que « le Cameroun occupe encore une place peu honorable en ce qui concerne l’Indice Mondiale de l’Innovation (GII). Il est passé de la 103ème place/125, en 2011, à la 117ème/127, en 2017 » (SND30, paragraphe 340), et à la 125ème place/132, en 2021. Pourtant, nous avons de la compétence, mais nous sommes fragilisés par le faible financement de la recherche au MINRESI.

D’ailleurs, le Cameroun n’a pas atteint les objectifs assignés au DSCE parce que les actions entreprises dans le domaine de la recherche-innovation « n’ont pas véritablement permis d’obtenir les résultats escomptés, dans la mesure où elles n’ont pas permis de renforcer la compétitivité des produits locaux, afin de poser les bases d’une politique de substitution des importations » (SND30, paragraphe 340).

La SND30 rappelle alors qu’il faut engager des réformes du cadre juridique et législatif dans le secteur de l’innovation, afin d’impacter la politique d’import-substitution (SND30, paragraphe 342). Les projets de recherche que nous devons développer dans nos travaux scientifiques, sont indispensables à notre vaste chantier d’émergence à l’horizon 2035, selon les orientations stratégiques qui figurent dans les documents de planification opérationnelle de ce programme d’émergence.

Fonder le financement des travaux de recherche du MINRESI sur les salaires des Chercheurs, est une stratégie fragile car, malgré l’enthousiasme et l’abnégation des Chercheurs, il leur est impossible de supporter toutes les dépenses nécessaires à leurs innovations (réactifs de laboratoire, matériel informatique, logiciels, frais de brevet, frais de recherches de terrain en sciences sociales, livres, articles, etc.). Presque tous les Chercheurs ne peuvent pas s’équiper en matériel de laboratoire (cas des réactifs), accéder à des sites agrégateurs de revues et ouvrages ou ne peuvent pas simplement breveter une innovation à l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), après avoir englouti leurs salaires pour parvenir à ces résultats qui auraient pu améliorer la vie du peuple camerounais.

Les frais de brevet à l’OMPI, qui s’élèvent entre 450 000 Fcfa et 600 000 Fcfa, sont l’équivalent de plusieurs mois de salaires du Chercheur. Autre exemple édifiant, les analyses des laboratoires par exemple, dans le cadre du développement des innovations vont de 900 000 Fcfa à 1 200 000 Fcfa. D’ailleurs les analyses devant se faire à l’extérieur du Cameroun peuvent faire monter ces coûts à plus de 2 500 000Fcfa. Aucun Chercheur n’est capable de financer ceci, même en y consacrant tout son salaire.

Excellence Monsieur le Président de la République,
L’État du Cameroun a lancé un appel d’offre international, le 26 novembre 2011, pour la réalisation d’une Étude sur l’Économie de la recherche au Cameroun. Des propositions ont été faites par un organisme indépendant (le CIRAD) afin de faciliter l’implémentation de la vision stratégique d’Émergence 2035. Les résultats de l’Étude, diffusés en novembre 2014, ont permis de formuler la recommandation sur l’urgence d’harmoniser le statut des Chercheurs entre Institutions universitaires et Instituts de recherche : harmonisation des salaires, des conditions de travail, des conditions de recrutement, des conditions d’évaluation scientifique pour le changement de grade, etc.

D’autre part, le Chercheur camerounais exerce des missions de service public avec obligation de résultats (matérialisée ici par l’évaluation annuelle des travaux scientifiques) et ne dispose pas d’un minimum d’accompagnement financier à chaque poste de travail (Attaché de recherche, Chargé de recherche, Maître de recherche, Directeur de recherche) pour mener sereinement ses missions de recherche et d’innovation. D’où la nécessité d’accorder cette prime trimestrielle de modernisation de la recherche à chaque Chercheur du MINRESI.

Cette absence de prime trimestrielle de modernisation de la recherche crée des frustrations chez les Chercheurs du MINRESI qui n’ont pas les mêmes moyens de travail que ceux du MINESUP et de ce fait, « désarme » les Chercheurs dans leur volonté d’accompagner les initiatives de recherche-développement du Gouvernement.

Excellence Monsieur le Président de la République, peut-on vouloir émerger à l’horizon 2035 en immergeant les Chercheurs ?

Comment comprendre que le Cameroun regorge de Chercheurs parmi les plus talentueux d’Afrique, au vue des Prix et des récompenses scientifiques engrangés chaque année, mais qu’ils soient paradoxalement les moins bien lotis juridiquement avec, en plus, les salaires parmi les plus bas d’Afrique ? Les Chercheurs de plusieurs pays africains à l’instar de la Tunisie, du Rwanda, du Sénégal, etc. sont régis par une loi portant Statut des Chercheurs, c’est-à-dire la deuxième norme juridique interne après leur Constitution. D’ailleurs cette loi est révisée chaque cinq ans afin de redynamiser la politique de management du Statut de leur Chercheur. Les pays ayant le même niveau de revenu que le Cameroun octroient des salaires plus alléchants (trois fois plus élevés) à leur Chercheur (cas de la Côte d’Ivoire et du Sénégal).

Au Cameroun, le Chercheur est non seulement dans les conditions de précarité extrême mais il n’existe pas une volonté politique réelle de porter le développement du pays par la recherche. La preuve en est le sous-financement de la recherche.

Le MINRESI doit se rendre nettement plus attrayante pour les Chercheurs et favoriser la mise en place des conditions nécessaires pour des carrières plus durables et pour une recherche scientifique plus compétitive. La recherche camerounaise et surtout la politique de financement de la recherche ne doit plus être la risée du monde entier : Nous voulons qu’on nous mette dans les conditions à même de nous permettre de libérer tout notre potentiel d’innovation.

Notre politique de financement de la recherche doit être plus responsable et à la hauteur des enjeux de développement afin de lui permettre de réaliser la plénitude de sa fonction économique

Il serait juste d’apporter des solutions durables à cette absence de financement de la recherche et surtout à cette discrimination entre Chercheurs du MINESUP et ceux du MINRESI, en octroyant, à partir de cette année 2022, les primes de modernisation de la recherche aux Chercheurs des Instituts de recherche du MINRESI.
D’ailleurs dans sa correspondance n° 20-07320/L-MINESUP/CAB/IGS/IS1 du 08 septembre 2020, le Ministre d’État, Ministre de l’Enseignement Supérieur, a marqué son soutien pour « un double Statut d’Enseignant-Chercheur et de Chercheur-Enseignant » dans le but d’harmoniser le statut des Chercheurs des Instituts Universitaires et ceux des Instituts de recherche.
Une étude faite et publiée dans notre mémorandum du 25 novembre 2020, démontre que nous pouvons déjà atteindre une croissance à deux chiffres juste grâce au financement de la recherche, comme le prévoient les normes internationales.
La dépense estimative que pourrait engendrer l’octroi de cette prime de modernisation de la recherche au personnel Chercheur du MINRESI (effectif de 1 150 Chercheurs environ) est de 2,5 milliards de Fcfa par an.
Ce montant montre que cette prime ne peut nullement constituer une source de déséquilibre budgétaire mais, au contraire, un appui à la création de biens et services pour alimenter notre écosystème des affaires et renforcer véritablement la politique d’industrialisation du Cameroun. On ne peut s’industrialiser qu’à travers la détention des titres de propriété industrielle (encore appelés brevets).

Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous pensons que les industriels ne s’inventent pas, ils existent à travers l’exploitation des innovations et inventions commercialisables. Dans ce sens, c’est la recherche qui crée et développe les industries. Le brevet, qui est un actif scientifique, constitue, à l’image de ce qu’est la levure pour le pain, un stimulant du développement économique. Il a un effet d’entraînement capital sur la croissance économique car, permettant de donner du tonus au tissu industriel d’un pays. Le brevet représente d’abord un titre de propriété industrielle et de ce fait, constitue le socle même de la politique d’industrialisation de tout pays. Le Chercheur est, par conséquent, la pierre angulaire de toute politique de développement industriel.
Dans sa fonction d’ouvrier des politiques de recherche, le Chercheur détient, dans la Stratégie Nationale de Développement (SND30), les secteurs clés identifiés comme chantiers industriels. Sa fonction d’entrepreneur scientifique lui impose d’orienter la qualité de ses travaux scientifiques dans le sens de l’obtention des brevets d’invention dans les domaines industriels déjà identifiés par l’État.

Une simple simulation nous démontre qu’avec une moyenne d’âge de service comprise entre 15 et 20 ans, si nous capitalisons un brevet par Chercheur, l’État pourrait avoir au moins 400 brevets pendant cette période. En fait, on pourrait donc avoir une moyenne de 20 à 25 brevets par an en capitalisant uniquement le 1/3 de l’effectif actuel du personnel Chercheur du MINRESI.
Pour être concret dans sa fonction d’entrepreneur scientifique, si un Chercheur met sur pied une innovation brevetable à l’OAPI qui puisse susciter une demande par jour dans chaque Commune du Cameroun, soit 360 demandes par jour (un brevet à l’OAPI est synonyme de protection pendant 20 ans de l’innovation dans 17 pays membres). Chaque brevet peut donc générer plus de 6 000 demandes par jour dans l’espace OAPI (sans compter les États non membres comme le Nigeria, avec une population supérieur à 200 millions d’habitants). Pour un cash-flow de 200 Fcfa par produit, représentant des royalties, on peut ainsi mobiliser 6 000 produits/jour x 365 jours/an x 20 ans x 200 Fcfa/produit = 8 760 000 000 Fcfa. Si trois milliards de ce montant, sont affectés à la charge salariale d’une PME ou PMI, pendant cette période de 20 ans, on capitalisera au moins 60 emplois stables créés avec un salaire mensuel de 200 000 Fcfa pendant 20 ans. L’État peut ensuite prélever les taxes diverses sur le reste de 5 milliards. Il ne s’agit là de ce que pourrait rapporter un seul brevet ayant conduit à une concrétisation industrielle et commerciale pendant les 20 ans que dure la protection d’un brevet, sans compter la prolongation qui pourrait venir de l’amélioration du procédé par nos Chercheurs.

Cette simulation, effectuée sur un seul brevet et qui intègre la nécessité d’accompagner le Chercheur, démontre que si on capitalise 250 brevets d’une telle ampleur, on pourra créer 15 000 emplois stables par an. Il faut noter que ce cash-flow de 200 Fcfa représente en réalité les innovations sur un certain type de produit de bas prix. S’il faut intégrer les innovations sur les équipements agricoles et d’autres inventions de hautes technologiques entre autres, on pourrait avoir des cash-flow un peu plus élevés, de l’ordre de 20 000 Fcfa à 200 000 Fcfa, selon les produits innovants développés. Ce qui démontre qu’on peut aller au-delà de 15 000 emplois stables par an, créer davantage de devises et implémenter sérieusement cette politique d’import-substitution.

Il faut aussi noter que cette Prime de modernisation de la recherche permettra au personnel Chercheur du MINRESI de faire des productions scientifiques de qualité et de capter conséquemment des gros financements disponibles parfois en milliards de Fcfa, sur fonds compétitifs, chez certains bailleurs de fonds (Union Européenne, Organisation Internationale de la Francophonie, Union Africaine, etc) et à même d’impacter notre développement.

L’option choisie par notre Gouvernement pour les industries et les commerces contrôlés par les capitaux étrangers (à plus de 80 %) et les importations massives, fragilise actuellement notre balance commerciale qui est fortement déficitaire depuis plusieurs années. Une situation intenable dans la durée, au risque de faire face à une nouvelle crise économique grave.
Les pays comme la Chine ou la Corée du Sud (qui ont respectivement une proportion de leur PIB allouée au financement de la recherche de 2,14% et de 4,53%, selon la Banque Mondiale) étaient au même niveau de développement que le Cameroun, jusque dans les années 1970. Leur développement économique fulgurant ne s’explique essentiellement que par les investissements importants consacrés à la recherche-développement.

Plusieurs pays africains ont compris la place qu’occupe la recherche dans la stratégie de développement. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud, du Kenya, du Sénégal, du Maroc et de l’Égypte, qui ont respectivement une proportion de leur PIB allouée au financement de la recherche de 0,82% ; 0,79% ; 0,75% ; 0,71% ; 0,61%. Cette allocation de ressources impacte directement l’accroissement de la production de brevets (l’Afrique du Sud se retrouve avec 6 258 brevets, le Maroc avec 2 350 brevets et l’Égypte avec 1 258 brevets).

Conformément à ses engagements internationaux, le Cameroun devrait allouer, chaque année, 1% de son PIB au financement de la recherche scientifique, tel que recommandés par les États-membres de l’Union Africaine, dans le cadre du plan d’action de Lagos de 1980 (programme n° 7, paragraphe 180). L’échéance était fixée en 2010. Or, sur les 250 milliards de Fcfa d’allocation annuelle que les Chercheurs du MINRESI seraient en droit d’attendre, pour financer leurs travaux, seuls 11 milliards Fcfa sont finalement versés au Ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation, cette année. Ce qui ne représente que 0,05% de notre PIB. Si le Cameroun avait effectivement consacré ce ratio de 1% de son PIB, ne serait que depuis 2010, échéance d’exécution du Plan d’action de Lagos, ce sont environ 2 500 milliards Fcfa qui auraient déjà été utilisés pour la recherche-développement dans notre pays.

Excellence, Monsieur le Président de la République, avec le versement de ces 2 500 milliards Fcfa, depuis 12 ans, nous aurions déjà pu commencer à transformer le Cameroun en mini-Corée du Sud de L’Afrique. Monsieur le Président, OSEZ NOUS FAIRE CONFIANCE. Le peuple camerounais vous sera éternellement reconnaissant, en voyant sa vie quotidienne améliorée par les innovations réussies grâce à ce type de financement. Faîtes-nous confiance, Monsieur le Président. Nous ne pouvons ni vous décevoir, ni décevoir le peuple camerounais qui continue à vous faire confiance pour le conduire vers les prés verdoyants du développement.

L’approche pragmatique du développement permettrait de créer une dynamique de croissance durable qui consisterait à investir massivement dans la Recherche-Développement, à améliorer le système de protection des droits de propriétés intellectuelles et surtout, à acquérir les brevets (ou titres de propriétés industrielles) dans de nouvelles technologies tout en continuant à accompagner significativement les innovateurs.
Pourtant, malgré ses frustrations, le chercheur reste productif et remporte des prix, y compris sur le plan international.

Excellence Monsieur le Président de la République,
Voici quelques résultats de la recherche ces dernières années au Cameroun, sans exhaustivité :

  • Mise au point des technologies récentes de dépistage du VIH/SIDA (passage de la fabrication des tests de première génération à ceux plus efficaces de troisième et de quatrième génération qui tiennent compte de la diversité génétique des souches virales en Afrique centrale).
  • Mise au point, grâce à des méthodes utilisant des isotopes et en coopération avec l’IRD et l’AIEA, d’un moustique génétiquement modifié incapable de transmettre le paludisme, dont la multiplication compétitive aboutira sans nul doute à l’anéantissement de l’anophèle vecteur de la maladie ;
  • Élaboration de deux monographies sur les plantes camerounaises antipaludiques et antidiabétiques ;
  • Développement d’un modèle expérimental pour induire l’obésité et le diabète ; ce qui permet d’étudier les deux maladies (physiopathologie, essais de médicaments, etc.) ;
  • TABERCINE, pommade antibactérienne à base de Tabernaemontana crassa ;
  • CASMYC, pommade antifongique à base de Senna alata ;
    Ces deux pommades dermatologiques (CASMYC et TABERCINE) ont été brevetées à l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) ;
  • Le phytomedicament dénommé CASMYC a permis à l’IMPM d’obtenir la médaille d’or au 43e salon international des Inventions de Genève ;
  • RHUMATYL, pommade antirhumatismale.

Voici par ailleurs quelques distinctions et actifs scientifiques du MINRESI :

  • Un brevet d’invention d’un dispositif d’inspection des défauts qualités sur les aliments ;
  • Un brevet d’invention d’un procédé de fabrication d’un savon de toilette et ses cinq variantes à base d’huile naturelle et d’extraits de cacao ;
  • Un brevet d’invention d’un procédé de fabrication de biscuits et leurs neuf variantes à base de farines naturelles (maïs et farine de cacao naturels) ;
  • L’IRAD a été sélectionné comme l’un des deux centres des tests de distinction, d’homogénéité et de distinction (DHS) de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) ;
  • Le Prix Spécial du Président de la République pour les travaux sur la sélection et la diffusion des variétés améliorées de maïs au Cameroun ;
  • Le Prix du meilleur chercheur senior lors des Journées d‘excellence de la recherche scientifique et de l’innovation ;
  • Le Prix du meilleur chercheur junior pour les travaux de recherche portant sur la technologie alimentaire post-récolte ;
  • Le Prix de l’Académie des Sciences du Tiers Monde pour ses travaux sur la transformation des produits agricoles.

Il faut relever Monsieur le Président de la République, que les chercheurs de l’IRAD ont produit pendant les années 1980, au moment où il y avait des fonds importants pour le financement des travaux de recherche, de nombreux résultats notamment :
30 composites et hybrides de maïs (COCO SR, CHL001, CHL002, THE Charles CMS8704, BENEDICTE CMS8507, CHC202, CHC201, etc) crées depuis 1980 et à haut rendement (6 à 9 tonnes/ha) ;
23 variétés de maïs proposées aux industries agroalimentaires pour la production des farines ;
03 modes de fertilisation développés en fonction du type de sols à base de NPK et d’urée ;
20 variétés de Sorgho et de Mil à haut rendement (S-35, CS-54, CS-61, CS-95, DAMOUGARI, ZOUAYE, S-34, etc.) ;
60 variétés de légumineuses à graines comestibles (haricot, arachides, niébé, soja) sélectionnées et vulgarisées ;
30 variétés de manioc sélectionnées (8034, 8017, 8061, 2425, 4115, 92/0326, LM, etc.) ;
15 variétés de pomme de terre améliorées (MAFFO, Ciripa, Tubira, Jacob 2015, etc) ;
100 clones d’ignames et 03 clones de patates douces ;
16 cultivars de bananier plantain ;
04 variétés de bananes dessert créées pour exportation ;
20 variétés de coton vulgarisées (dont 05 brevets) ;
12 clones de caféier Robusta et 01 variété de caféier Arabica créés et diffusés ;
17 clones d’hévéa diffusés auprès des agro-industries.

De même à l’IMPM dans le cadre de la lutte contre l’épidémie EBOLA, les Chercheurs ont mis sur pied un corridor de sécurité dans la zone frontalière.
Développement d’une technique immunologique pour le diagnostic de la paragonimose (maladie parasitaire dont les symptômes sont similaires à ceux de la tuberculose pulmonaire) à partir des selles (recherche des coproantigènes) ;
Mise au point d’un diagnostic moléculaire de la paragonimose ;
Développement d’un modèle expérimental pour induire l’obésité et le diabète, ce qui permet d’étudier les deux maladies (physiopathologie, essais de médicaments, etc.) ;
Découverte du réservoir potentiel du sous-type M du VIH et de la variété de primate vivant dans la réserve du Congo. Le gorille Gorilla gorilla a donné un éclairage sur la recherche phylogénétique des types de virus Simens et humain circulant en Afrique Centrale ;
Découverte d’une variante du Plasmodium Malariae, l’un des parasites responsables du paludisme ;
Mise au point et conditionnement de plusieurs médicaments traditionnels améliorés, à base des plantes médicinales ;
Production des huiles essentielles à base de carottes, d’avocats, eucalyptus, orangers ;
Développement de phytomédicaments antipaludiques ;

Excellence Monsieur le Président de la République,
dans cette période sensible, nous pensons qu’investir dans la recherche est une opportunité non seulement pour assurer notre souveraineté dans tous les secteurs de développement, mais aussi pour permettre au Chercheur de libérer tout son potentiel d’innovation pour accompagner simultanément la politique d’industrialisation et celle d’import-substitution.
Nous vous appelons donc, à l’occasion de la mise en œuvre de cette Stratégie Nationale de Développement 2020-2030, à impulser une véritable réforme du cadre juridique de la recherche et surtout à veiller à l’implémentation d’une politique responsable de financement de la recherche. Il est possible de graver des actes de développement de notre pays, mais il faut agir maintenant car nous accusons déjà du retard dans la SND30.

Veuillez recevoir, Excellence Monsieur le Président, nos salutations respectueuses.

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