Cameroun – Commission de discipline: Qui sont les rebelles au sein du RDPC ? Cameroon

Le président du parti au pouvoir au Cameroun veut sanctionner les militants récalcitrants des dernières élections municipales et législatives 2013. Mais l’identité de ceux qui sont attendus devant la commission Mafany Musonge, dès ce jour, n’est pas encore révélée. Le Messager en dresse, pour l’instant, les portraits robots.
Le président du parti au pouvoir au Cameroun veut sanctionner les militants récalcitrants des dernières élections municipales et législatives 2013. Mais l’identité de ceux qui sont attendus devant la commission Mafany Musonge, dès ce jour, n’est pas encore révélée. Le Messager en dresse, pour l’instant, les portraits robots.

Tout est peut-être dans le contenu subliminal de l’attaque de l’éditorial de Christophe Mien Zock, publié dans l’édition du 11 décembre 2013 de l’Action, journal du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Le directeur de la rédaction de cet hebdomadaire qui est par ailleurs un des six rapporteurs de la commission Mafany Musonge tance sans les citer nommément, « des militants qui portent plainte contre leur parti, le Rdpc ; des candidats déçus qui battent campagne contre le parti, d’autres qui pactisent ouvertement avec l’adversaire et militent ouvertement contre les décisions des instances dirigeantes du parti ». Et l’éditorialiste de poursuivre que : « La liste des infractions et de violation de la discipline du parti n’a jamais été aussi longue qu’à l’occasion du 30 septembre 2013. Des investitures jusqu’à la désignation des exécutifs municipaux, le processus (…) a été ponctué par des cas d’indiscipline caractérisés et inacceptables ».

Si le voile n’est pas encore levé sur le profil des « indisciplinés », l’opinion peut suivre ce sillon tracé par un des plus hauts cadres de la technostructure du Rdpc pour supputer sur le visage de ceux que Le Messager présente comme des « rebelles ». C’est dans cette veine que dans les allées du pouvoir, les noms de Madame Essamè, conseillère municipale à la commune de Nkongsamba 3e, Jean Blaise Djoukouo, conseillère municipale à la commune de Mombo toujours dans le Littoral ; Munkoué Françoise, conseiller municipal à la commune de Mboma dans la Haute sanaga ; Pascal Charlemagne Messanga Nyamding, membre titulaire du Comité central, élite du Nkam ou encore Charles Ateba Eyené, membre suppléant du Comité central, élite de l’Océan et d’autres cadres de la commune de Bonaléa dans le Moungo, Bafang à l’Ouest, Edéa dans la Sanaga maritime ou Bikok dans le Nyong et Mfoumou.

Les deux premiers-cités sont clairement visés par une procédure disciplinaire engagée par le Comité central qui devrait transmettre le dossier à la commission ad hoc créée le 5 décembre 2013. Madame Essamè et M. Jean-Blaise Djoukouo sont étiquetés comme des personnes ayant passé outre les décisions des groupes communaux Rdpc au sein de leurs conseils municipaux respectifs. Ceux-ci sont accusés d’avoir manœuvré auprès de leurs camarades conseillers municipaux pour être élus à la tête de leurs différentes communes en marge de la discipline indiquée par le Comité central. Même si leurs élections ont été annulées par la Chambre administrative de la Cour suprême pour des raisons de vices de procédures, le Rdpc voudrait quand même sanctionner ces « fauteurs de troubles ». Pr Paul célestin Ndembiyembé, conseiller technique de Jean Nkuété a d’ailleurs séjourné dans le Moungo, il y a quelques jours pour servir d’yeux et d’oreilles du Comité central qui a été assailli de plaintes formulées contre les personnes suscitées.

Quant au tandem Charles Eteba Eyené – Messanga Nyamding, si les traces de leurs dossiers disciplinaires sont invisibles, de nombreux cadres du Comité central estiment qu’il ne pourrait pas échapper « à la chicotte » de la commission Musonge pour plus d’une raison. Il serait, en effet, reproché à l’auteur « des paradoxes du pays organisateur » d’avoir bruyamment refusé d’aller en campagne dans l’Océan, ridiculisant ainsi le secrétaire général du Comité central. « Charles Ateba Eyené a dit qu’il ne pouvait aller nettoyer les kaka et les pipi (sic) des élites du Sud au cours de cette campagne», se plaint, un employé à la direction des organes de presse du Rdpc qui souligne que cela n’a été que très apprécié comme autant qu’un grand parti de l’ensemble de son œuvre d’ailleurs. En tout cas, Charles Ateba Eyené , lui, revendique avoir commis tout un opuscule sur la question de la « grande indiscipline au Rdpc » pour la stigmatiser.
Joint au téléphone par Le Messager, l’auteur prolifique dit être amusé par cette lecture. Lui qui signale que la vraie discipline c’est le respect des textes de base. « La discipline ce n’est pas se taire devant le choix de quelques cadres du Comité central. Ceux qui ont choisi de mettre leurs femmes, frères, beaux-frère, belle-mère dans les listes contre la volonté de la base sont les vrais indisciplinés. Car une circulaire du président national précisait bien que le respect des composantes sociologiques doit être de mise pendant les travaux des commissions locales. Ça n’a pas été manifestement le cas », se plaint–il.

Règlement de comptes
Pour sa part, Pascal Messanga Nyamding est accusé dans les allées du pouvoir d’avoir battu campagne contre le Rdpc à Yabassi. Cette contre-campagne aurait alors profité à l’Union pour la fraternité et la prospérité (Ufp) d’Olivier Bilé. Le chef de Yabassi –centre aurait, d’après quelques pontes du régime manœuvré pour que des militants du parti au pouvoir prennent les cartes du parti du « foyisme » afin d’assurer une déculotté au Rdpc et notamment présenter le ministre Moukoko Mbonjo comme une personnalité impopulaire « au village ». Le fait que le nom de ce dernier figure sur la liste des membres composant la Commission Mafany Musonge inquiète d’ailleurs l’entourage du Professeur Messanga qui redoute que son adversaire politique local et ses pairs faits juges disciplinaires, ne lui règlent de vieux comptes. Encore que le mis en cause a toujours nié avoir agi en sous marin contre la liste du Rdpc à Yabassi-Centre. « Les électeurs de cette commune ont voulu simplement sanctionner Moukoko. Il ne faut pas qu’on cherche les poux sur la tête de Messanga. Pourquoi tout près, à Yingui et à Nkondjock, le Rdpc a remporté haut la main ? » maugrée un proche de M. Messanga contacté par Le Messager dans l’impossibilité d’avoir le concerné lui-même occupé à dispenser des cours à l’Iric.

De sources autorisées, votre journal a appris que ce n’est que ce jour, après l’installation de la Commission de discipline que les rapports des délégués instructeurs seront épluchés. Et donc que l’identité des mis en cause peut être formellement donnée. Les mêmes sources indiquent que ceux qui ont parié qu’au Rdpc, il n’y a pas de blâme, pas d’avertissement ou d’exclusion ont fait erreur sur toute la ligne… Les juges disciplinaires seront sans pardon selon la volonté de Paul Biya, assurent-on.

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