Cameroun – Chantier naval et industriel: 443 emplois menacés

Port de Douala

Une situation économique préoccupante, la vétusté de l’outil de production et le fort endettement de l’entreprise mettent en péril son fonctionnement.
La révélation a été faite hier, par les responsables du Chantier naval industriel du Cameroun (Cnic) : «Nous avons eu des problèmes pour payer les salaires du mois d’octobre 2015 et si rien n’est fait, nous risquons d’avoir les mêmes problèmes ce mois de novembre », précise le directeur général du Cnic. Il ajoute que : « Jadis créée pour être le fleuron en matière de formation et une référence en Afrique, notre entreprise fait face à des difficultés depuis quelques années qui mettent en péril son fonctionnement ». Les difficultés de cette entreprise ont été présentées au ministre des Transports, Edgard Alain Mebe Ngo’o. Le Cnic traverse une période tumultueuse qui risque de perturber le semblant de sérénité observé en ce moment. Les tensions de trésoreries obligent les nouveaux managers à se séparer de certains employés. Sans avancer des chiffres, de peur de susciter des débats, le directeur général du Cnic indique juste que l’entreprise fait face à un fort endettement.
Ceci se caractérise par la baisse significative du chiffre d’affaires, à cause la vétusté de l’outil de production, le naufrage de deux Docks de réparation des navires dont un de 10 tonnes et l’autre de 3500 tonnes. Les docks sont noyés depuis février 2015. Pour certains ingénieurs approchés, ils ne sont plus opérationnels. Seuls deux d’une capacité de 500 tonnes et 1000 tonnes fonctionnent. Selon le directeur général du Cnic, du fait des charges mensuelles imposées par une masse salariale pléthorique qui ne cadre d’ailleurs pas avec les produits d’exploitation de la société, le poids de l’endettement augmente. Et si le Dg du Cnic n’a pas indiqué le nombre d’emplois menacés, les employés semblent bien informés. Ils ont d’ailleurs exhorté les délégués du personnel à dire la vérité au ministre des Transports. Rencontrés dans les couloirs, ces derniers soutiennent qu’environ 443 emplois sont menacés. «Les directeurs ne veulent pas mettre un accent sur la recherche des projets », soutient un ancien délégué du personnel. Des négociations sociales sont d’ailleurs en cours en ce moment entre la direction générale et les délégués du personnel pour une mise en adéquation des effectifs. Malheureusement, de retour de la visite du terrain, la séance de travail s’est déroulée à huis clos.

Dette
Toutefois, toujours selon le Dg, le Cnic n’est pas condamné. Il dispose de nombreux atouts capables de relever cette structure. A court terme, il devient impératif de recapitaliser la société par l’entrée de nouveaux actionnaires, la réhabilitation de l’outil de production et le renforcement des actions commerciales pour préserver la paix sociale au sein du Cnic. « Nous avons engagé des chantiers que nous ne pourrons achever sans le soutien de l’Etat. C’est l’occasion de remercier les pouvoirs publics pour le soutien qu’ils ne cessent de nous apporter », révèle le Dg. Le remboursement de la dette du Cnic par l’Etat qui se chiffre à 9 milliards de Fcfa est une preuve. Cette somme a été déboursée par le Cnic lors de la réalisation de certaines infrastructures publiques liées au Yard  pétrolier de Limbe, dans la région du Sud-ouest. Le gouvernement à ce jour à procédé à trois virements dont deux de 500 millions et un de 100 millions de Fcfa. Séance tenante donc, le Dg a demandé au ministre de peser de tout son poids pour que le paiement de cette créance soit accéléré. Créée depuis 1988 avec un capital de plus de 15 milliards, il affiche aujourd’hui un capital d’environ 800 millions de Fcfa3. Le Cnic tourne désormais au ralenti du fait d’une absence d’activité. Le ministre des Transports va visiter les installations du Yard pétrolier de Limbe ce jour, afin de continuer à palper du doigt les problèmes de cette structure.

Aristide Ekambi

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