Cameroun : Ngoh Ngoh ordonne la restitution du milliard de Basile Atangana Kouna !

Ferdinand Ngoh Ngoh

C’est une information explosive et exclusive obtenue par 237online.com. Ferdinand Ngoh Ngoh, le tout-puissant secrétaire général de la présidence de la République, a ordonné la restitution des biens et avoirs saisis à l’ancien ministre de l’Eau et de l’Énergie Basile Atangana Kouna. Dans une correspondance en date du 23 janvier 2024 adressée au ministre de la Justice Laurent Esso, Ngoh Ngoh exige la « levée des saisies sur les comptes et les biens » de l’ex-argentier, invoquant de mystérieuses « hautes instructions » de Paul Biya. Un camouflet pour la justice camerounaise et un retournement spectaculaire dans ce dossier à rebondissements.

Une petite fortune saisie puis restituée

Car les avoirs confisqués à Basile Atangana Kouna par le Tribunal Criminel Spécial (TCS) sont colossaux. Près d’un milliard de FCFA dormait sur ses comptes bancaires, dont 971 000 euros et 222 256 dollars à la seule agence BGFI Bank de la Montée Ane Rouge à Yaoundé. Sans compter un véritable parc automobile de luxe, avec une impressionnante collection de Mercedes, Lexus et autres bolides rutilants saisis dans ses résidences de Douala et Yaoundé.

Un butin qui devait être acquis à l’État, fruit de la croisade anti-corruption qui avait envoyé l’ancien ministre en prison en 2019 pour des charges de détournement massif de fonds publics. Mais contre toute attente, Basile Atangana Kouna a été libéré en catimini le 29 juillet 2022, bénéficiant d’un arrêt de poursuites là encore « sur très hautes instructions ». Installé depuis en France, il s’apprête donc à récupérer son magot et ses rutilantes cylindrées. Un pactole tombé du ciel.

La toute-puissance de Ferdinand Ngoh Ngoh

Cette rocambolesque affaire met surtout en lumière le pouvoir absolu de Ferdinand Ngoh Ngoh, véritable vice-président de l’ombre qui semble désormais distribuer les bons et mauvais points au sommet de l’État. Contre l’avis du ministre de la Justice qui n’a pas donné suite à son injonction, « Efférein » est parvenu à faire plier l’appareil judiciaire pour blanchir Basile Atangana Kouna et lui rendre ses biens mal acquis.

Une démonstration de force qui risque de saper un peu plus la crédibilité de l’opération « Épervier » censée traquer les détournements de fonds publics. Comment croire encore à la lutte anti-corruption quand les plus hautes autorités s’emploient à remettre en selle les mis en cause ? Un aveu d’échec cinglant pour cette justice d’exception qui apparait de plus en plus comme un instrument de règlement de comptes au service du palais d’Etoudi.

Le spectre d’une justice à géométrie variable

Au-delà du cas Atangana Kouna, c’est tout le fonctionnement opaque et arbitraire de la justice camerounaise qui est pointé du doigt. Une justice à géométrie variable qui semble obéir davantage aux desiderata du pouvoir qu’à l’intérêt général. Où les dossiers sensibles sont traités en catimini dans le secret des cabinets, au gré des intérêts et des luttes de clans qui se jouent en haut lieu.

Un système qui jette le discrédit sur toute l’institution judiciaire et sape la confiance des citoyens. Comment croire en un État de droit quand les puissants peuvent se jouer des lois avec la complicité des plus hautes sphères de l’État ? C’est tout le pacte républicain qui se trouve fragilisé par ces petits arrangements entre amis qui n’ont rien à voir avec le droit.

L’affaire Atangana Kouna n’est hélas que le dernier avatar d’un mal profond qui gangrène la gouvernance camerounaise. Un mal qui ne pourra être endigué que par une refondation radicale du système, pour instaurer une véritable indépendance de la justice et un contrôle citoyen accru sur l’action publique. En attendant, des voix s’élèvent pour exiger des explications sur ce passe-droit accordé à un ancien ministre qui a détourné des milliards. L’État de droit est à ce prix. Et il est non négociable.

Esther Mbassi pour 237online.com

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