Cameroun – Transport urbain – Douala: Polémique autour de la grève des transporteurs – Sons de cloche divergents entre associations et syndicats

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La grève aura-t-elle lieu ou pas ? Sur la question les avis sont partagés.
Pendant que certains conducteurs de taxis ordinaires disent maintenir le mot d’ordre de grève, d’autres se désolidarisent du mouvement.[pagebreak]Dimanche 6 juillet 2014. Il est 11 heures précises. Dans un taxi qui se dirige vers la zone portuaire à Bonanjo, une chaude discussion est à l’ordre du jour. Le conducteur, un certain Ousmane, réagissant aux inquiétudes des clients à bord de son véhicule, calme le jeu. « Messieurs. Vous pensez qu’il y aura effectivement la grève dans ce pays. Si cela ne dépendait que de moi, personne n’osera garer son véhicule demain en guise de protestation à la mesure gouvernementale qui augmente les prix des carburants à la pompe depuis quelques jours… » Lance-t-il tout confiant à l’endroit des occupants à bord de sa voiture. A sa suite, une cliente visiblement apeurée se souvient des émeutes de février 2008 et affirme y garder un triste souvenir. « Je me souviens de ce moment comme si c’était hier. Au départ, beaucoup pensaient comme vous jusqu’à ce que la réalité les rattrape le lendemain. Je pense que nous devons rester prudents et prier pour que cela ne nous arrive plus », dit-elle. Et d’inviter les autres occupants du véhicule, y compris le conducteur à ne pas minimiser les appels et autres mots d’ordre de grève qui ont été lancés depuis le début de la semaine. Autant par les syndicalistes, les transporteurs routiers et urbains que la société civile et les leaders politiques. « Vous devez prendre ces différentes menaces au sérieux. Les pouvoirs publics doivent revenir sur cette décision qui risque de mettre le feu aux poudres … » Conseille cette femme.

Par contre d’autres conducteurs rencontrés hier dans la cité économique sont catégoriques : « On ne peut pas accepter une telle incongruité. Sur quel prétexte le gouvernement a-t-il unilatéralement augmenté les prix des carburants à la pompe. Sous d’autres cieux, une telle décision devrait faire l’objet de nombreuses discussions avec toutes les parties prenantes. De même que les conducteurs que nous sommes, regroupés au sein des syndicats. Ce qui se passe est insupportable », gronde Cédric au point de chargement au lieu dit Ancien Dalip. Les avis sont donc partagés. Entre certains conducteurs qui soutiennent mordicus que la grève aura bel et bien lieu et d’autres qui se disent non partants, la rupture est totale. Toutefois, des usagers rencontrés ne minimisent pas l’impact des mots d’ordre et affirment avoir pris des précautions pour vaquer à leurs occupations. « Je vais me lever très tôt. S’il se trouve que les conducteurs ont garé en signe de protestation, j’irai au travail à pieds en prenant des dispositions pour ne pas être en retard. Ce sera pénible. Mais si tel est le cas, on n’y pourra rien », s’imagine Serge Betcha, cadre dans une cimenterie.
Hier dimanche 6 juillet 2014, aucun indice ne laissait percevoir un éventuel mouvement des transporteurs aujourd’hui dans la ville. Dans le camp des syndicalistes, des sons dissonants fusent. Seulement, l’on pouvait voir des tracts appelant les populations à rompre le « silence républicain ». « De peur d’être bientôt écrasés avec la flambée des coûts de tout ».

Attitudes: Sons de cloche divergents entre associations et syndicats
Dénonciations, refus et appel à la conciliation constituent l’essentiel des positions marquées par les associations et autres syndicats autour de l’augmentation du prix du carburant.
Les concertations prévues entre le gouvernement et les acteurs sociaux autour de la hausse du prix du carburant et de l’éventuel flambée des prix des produits de consommation courante et autres denrées prendra-t-elle en compte l’avis des syndicats de commerçants et des associations de consommateurs? En marge des rencontres annoncées par certains membres du gouvernement, la Chambre nationale des consommateurs du Cameroun (Cnacoc) condamne la mesure prise par le gouvernement le 30 juin dernier. Une attitude partagée par l’activiste Mboua Massock qui a procédé à la distribution de papillons dont l’esprit épouse la même veine.
«En ce jour du 01 juillet 2014, notre gouvernement est passé à l’acte, plongeant ainsi une grande partie de nos populations croûlant déjà sous le poids de la misère, dans d’insondables incertitudes et de lendemain incontrôlable.» Des raisons pour la Chambre nationale des consommateurs de condamner la décision d’augmenter le prix du carburant. «Avec l’espoir cependant que la sagesse prévaudra et que les autorités reviendront sur leur décision.» Une situation, précise le communiqué de presse signé de Calvin Nya qui entend décrier cette initiative «provocatrice et antisociale» du gouvernement du fait des répercussions et des dommages collatéraux gravissimes qu’elle engendrerait.

C’est à une rupture «du silence républicain» qu’appelle l’activiste Mboua Massock. Une rupture qui, selon lui, consiste à « faire bouger les lignes». Traduction du signataire de la missive distribuée dans les rues de Douala : «marquons notre refus de la dictée d’un régime qui n’a aucun souci de la paix des cœurs au sein du peuple.» Au lendemain de la rencontre avec le ministre du commerce, le Syndicat des commerçants détaillants du Wouri (Sycodew) semble dans une posture d’apaisement, d’observation et de prudence. Dans un communiqué de presse signé de sa présidente Alice Maguedjio, le Sycodew «exhorte les commerçants détaillants du Wouri à ne pas augmenter les prix des produits de première nécessité et autres denrées de consommation courante.» Et quid du prix du transport qui augmente ? « Le commerce n’est pas la philanthropie, rétorque un marchand de vivres frais du marché Sandaga.

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