Double nationalité: Hervé Emmanuel Nkom à la fois camerounais et non camerounais

Mais que Diantre est-il venu faire dans cette galère, peut-on s’interroger sur un sémillant banquier de la place de Paris, conseiller technique chez Oberthur Fiduciaire, qui trouve tous les jours sur son chemin ses atouts et atours mués en obstacles infranchissables ?

Il s’appelle Hervé Emmanuel Nkom, Camerounais bon teint, bon genre, qui n’a pu devenir, ni avocat, ni député au Cameroun, ni simplement camerounais, parce que coupable d’avoir fait fortune ailleurs, en accumulant différents capitaux symboliques. Bien sûr qu’il ne viendrait à personne l’idée d’aller contredire l’auguste institution, le Conseil Constitutionnel, lorsqu’elle accomplit sa mission dire le droit. De même, l’on ne peut s’abstenir de penser, comme à ces moments où le droit donne l’impression de se complaire dans des lignes courbes, au point que la justice cesse de refléter la justesse. Mais il est comme ça des hommes qui sont nés pour porter et incarner de grandes causes ; Nkom semble en faire partie. Il est à la fois Camerounais et non Camerounais.

Camerounais, né au Cameroun, disposant de son acte de naissance, de sa carte nationale d’identité, de son certificat de nationalité, d’un passeport camerounais, requérant visa pour entrer en France, avec un poste prestigieux au comité central du parti au pouvoir ; mais, il arrive souvent aussi qu’il ne soit pas camerounais, surtout, quand il veut accéder à des situations publiques chargées de symboles nationaux, comme, avocat ou député. Il va incontestablement en résulter une jurisprudence Hervé Emmanuel Nkom, autour du débat sur la nationalité. Le droit est donc dit, mais la droite reste à tracer.

Et dans un pays qui revendique son enracinement dans la démocratie, l’on ne peut plus se contenter de perpétuer l’encadrement rigide de la nationalité comme prévu dans la Loi N°1968 LF-3 de juin 1968, sans prendre en compte les autres avis, les évolutions nouvelles. Dans cette dernière catégorie, l’on peut ranger, le plaidoyer de l’association « TOUCHE PAS A MA NATIONALITE CAMEROUNAISE » mise en place en 2018 en France ; la proposition de Loi conjointe des députés Josuah Osih et Mbah Ndam de 2013 sur la même question ; la pétition initiée par le député Emmanuel MBIAM et qui a recueilli plus de 150 adhérents parlementaires, ou encore les dernières orientations de la Commission en charge de la diaspora lors du Grand Dialogue National d’octobre 2019.

L’on peut considérer que H.E. Nkom, en venant frapper plusieurs fois à la même porte, apporte sa caution à ce débat sur la nationalité, au prix de sa chaire, toute sa chaire, comme le porc dans le jambon. Et ce n’est que comme cela que l’on peut trouver réponse à notre question de départ, sur ce qui peut ramener ici quelqu’un qui a fini de faire fortune ailleurs. La réponse est claire, et en un mot, à savoir, L’Amour ! Amour du drapeau, amour du pays, l’attachement à sa seule et unique vraie terre. Oui, on peut y lire un paradigme de l’amour républicain, et en apprendre. On peut y réapprendre à aimer, à nous aimer, à aimer notre pays ; c’est cela le sens du combat de Hervé Emmanuel Nkom, au delà d’un poste, et peu importe lequel. Et c’est pour cela qu’il ne quittera jamais ni le Cameroun, ni son parti. Bon vent citoyen !

N°276 lundi 23 décembre 2019 – L’ESSENTIEL du Cameroun

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