Cameroun – Promote 2014: à « Restaurants Mosaïques », le blanc est roi

Depuis le 6 décembre, la ville de Yaoundé est en ébullition. Promote oblige, une bonne partie de la population a envahi le quartier Tsinga et plus particulièrement le Palais des Congrès, lui qui abrite l’évènement.[pagebreak]À Promote, les activités sont diversifiées. Tous les secteurs de l’activité économique sont représentés, des grosses entreprises aux simples vendeurs ambulants an passant par l’artisanat et la restauration. Parlons-en, de la restauration. Sur le site de la foire Promote, trônent en maitres absolus deux restaurants. Ce mardi 9 décembre, des clients venus se régaler ont vécu avec indignation une scène des plus inhabituelles.
La scène est presque banale au début ; un groupe de camerounais assis à une table et auprès de laquelle se tient un serveur, en train de prendre leurs commandes. Les hommes ont même déjà commencé à commander lorsque qu’un autre employé du restaurant arborant un t-shirt vert débarque de nulle part et interpelle le serveur. Ce dernier essaie de protester, arguant qu’il s’occupe de ses clients. Le monsieur en vert, qui semble être le supérieur hiérarchique du serveur bien qu’il soit visiblement plus jeune que ce dernier, insiste et finit par enlever le serveur de la table où les clients attendaient toujours.
« Il doit y avoir urgence », se sont certainement dit certains clients, qui commençaient à se demander s’il n’aurait pas valu mieux laisser le serveur prendre les commandes de ses clients avant de répondre à l’appel pressant de son patron. Pourtant, il n’en était rien. À peine le serveur avait-il tourné le dos que son « boss », pointant une table au fond de la salle et parlant assez haut pour que les occupants de la table abandonnée l’entendent, lui dit « Va servir la table-là ! »
C’est en découvrant les occupants de la fameuse table, que les clients « locaux » comprirent pourquoi leur serveur leur avait été enlevé avec autant d’empressement : la table était occupée par des expatriés. L’indignation est à son comble. Les clients lésés manifestèrent donc ouvertement leur colère, surtout que le serveur qui passait et repassait à coté d’eux avec des boissons destinées aux clients non-mélaninés, les ignora totalement lorsqu’ils essayèrent de demander justice.
Dès lors, d’autres clients, assis près du premier groupe, mêlèrent leurs voix à celles des victimes de cette injustice qu’on croyait abolie depuis plusieurs siècles, réclamant justice au serveur désormais sourd et aveugle. C’en était trop pour les premiers clients, ceux qui avaient été discriminés à cause de la présence de mélanine dans leurs gènes. Ces derniers préférèrent quitter les lieux, certainement excédés par un tel traitement, digne de l’époque de la traite négrière.
Devant l’insistance des clients de la deuxième table, le serveur finit par avouer avoir que lui-même été gêné par l’attitude de son supérieur. « J’ai hésité à partir, mais c’est mon chef. Je ne peux pas ignorer ses instructions », expliqua-t-il, prenant d’ailleurs les clients de la deuxième table à témoin, eux qui avaient vécu la scène depuis le début.
La propriétaire des lieux, informée de la situation, a essayé tant bien que mal de justifier l’attitude de son employé. Se rendant compte que sa justification ne convainquait personne, la dame appela le type en t-shirt vert et lui demanda se s’excuser auprès de ces messieurs. Sans même chercher à savoir ce qui lui était reproché, le négrier s’exécuta. Après son « je vous prie de m’excuser » que personne ne prit au sérieux, il attira sa patronne à côté, lui parla quelques instants. Puis les deux s’éclipsent subtilement.
Comment comprendre que dans un établissement public les clients soient traités avec un tel mépris ? Comment comprendre que le service, dans un restaurant, se fasse selon la pigmentation du client ? C’est difficile à dire. Pourtant, c’est le commerce, et le billet que le « Blanc » utilise pour payer le service n’a pas plus de valeur que celui que le « Noir » donne. On a l’habitude de dire que le client est roi. Mais à « Restaurants Mosaïques », c’est le blanc qui est roi.

TOKOM TCHEPNKEP, 237online.com

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