Cameroun – Crise anglophone: Washington embarrasse Yaoundé

Tibor Nagy

Les discussions entre Paul Biya et l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Peter Henry Balerin, le 11 mars, confortent le souhait des Etats-Unis d’être au cœur de la médiation dans la crise anglophone.

C’est le fait majeur de l’actualité cette semaine, après la sortie très controversée du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji. Le président de la République, Paul Biya, a reçu en audience au palais de l’Unité, mercredi 11 mars, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Peter Henry Balerin. La rencontre, qui semblait très balisée, joue pourtant un rôle bien précis et important : réchauffer les relations entre Yaoundé et Washington. Sur son compte officiel Tweeter, le président de la République écrit : « L’ambassadeur des USA au Cameroun, S.E Peter Balerin et moi, avons discuté des sujets d’intérêt commun, notamment la santé et la situation dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ». La santé dont le chef de la mission diplomatique américaine au Cameroun félicite les mesures prises par le Cameroun pour faire face à la pandémie du VIH/Sida et la pour lutter contre l’épidémie de Coronavirus. « Nous sommes confiants qu’avec beaucoup de travail, nous pouvons circonscrire le VIH/Sida au Cameroun d’ici fin2021 », a indiqué Peter Henry Balerin. Il a d’ailleurs souhaité que Paul Biya visite le Centre des opérations d’urgence en santé publique au Cameroun, mis en place avec le soutien des Etats-Unis pour lequel le gouvernement américain vient de débloquer la somme de 120 000 dollars, soit environ 71 millions de F.

Pressions

Ce n’est plus un secret. Les Etats-Unis suivent de près la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Certains secteurs de l’administration Trump, pour qui le Cameroun est important en raison de l’existence d’une forte communauté anglophone, veulent jouer leur partition pour résoudre le conflit. Et Peter Henry Balerin n’a pas manqué de le relever mercredi au perron du palais de l’Unité. « Comme l’a dit le sous-secrétaire aux Affaires africaines au département d’Etat, le conflit ne sera résolu que par le dialogue et la réconciliation », a relevé le diplomate américain. Une posture constante de l’administration Trump qui, à en croire plusieurs sources au sein de l’exécutif camerounais, veut être au centre des négociations. « Au Cameroun, nous proposons une solution qui va dans le sens du dialogue entre le gouvernement et les anglophones, donc de la désescalade et de la mise en place d’une indispensable décentralisation. Chaque fois que le gouvernement tente de réprimer la communauté anglophone ou de marginaliser ses intérêts, les tendances sécessionnistes se renforcent », avait déclaré Robert Malley, ex-conseiller Proche-Orient, Moyen-Orient et Afrique du Nord des présidents Bill Clinton et Barack Obama.

Notons que dans le Noso, la terreur n’a pas baissé d’un cran.Les violences se poursuivent, les armes crépitent et les lames tranchent. Ngarhuh dans région du Nord-Ouest, plus d’une vingtaine de personnes sont mortes dont plusieurs enfants et des femmes enceintes. Les Etats-Unis, tout comme l’Onu, ont exigé des autorités camerounaises une enquête « indépendante, impartiale et complète ». Une situation qui embarrasse Paul Biya, alors que son gouvernement parle d’un « malheureux accident ». « Une des raisons pour lesquelles M. Biya pourrait confier la médiation aux américains est une tentative de renforcer son image au niveau international et par conséquent de consolider sa position auprès des grands pays », commente, sous couvert de l’anonymat, un cadre du ministère des Relations extérieures.

Ahmed MBALA

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