Cameroun – Chief Samuel Lifasa Endeley: Va, apôtre de l’unité nationale !

Le chef supérieur Bakweri a combattu pendant ses 92 ans de vie, à construire la nation camerounaise, au grand dam des sécessionnistes du Scnc.L’information est tombée mardi dernier. Comme une traînée de poudre, l’annonce de la mort du Chief Endeley s’est répandue dans les médias. Cette annonce a remis en scène une personnalité restée en retrait, voire dans l’oubli. A 92 ans, il s’en est allé des suites de maladie, tournant ainsi une page de l’histoire du Cameroun, dont il était l’un des acteurs majeurs. C’est que le natif de Buea dans le Sud-ouest du pays, était une personnalité respectée, à la fois par les populations et les classes gouvernantes sous Ahidjo et Biya, qu’il a connues et servies. Personnalité multidimensionnelle, Chief Endeley agissait, selon ses proches, dans la discrétion avec efficacité.
Le quatrième de la dynastie royale Bakweri (communauté du Sud-ouest) a connu un parcours professionnel atypique. Il a exercé comme pharmacien dès 1946 dans les hôpitaux de son Sud-ouest natal, mais n’a pas fait pas une longue carrière dans la profession. Inspiré par le droit, Chief Endeley fait ses classes aux barreaux du Nigeria et d’Angleterre en 1957 et revient au Cameroun pour fonder le barreau du Cameroun occidental. Mais le féru du droit opte plus tard pour la magistrature grâce aux passerelles du système anglo-saxon. Nommé Premier président de la Cour suprême du Cameroun occidental, jusqu’à la veille de la réunification en 1972, Chief Endeley est dès 1975, le premier président de la chambre administrative du Cameroun avec rang de vice-président de la Cour suprême, poste nouvellement créée par le président Ahmadou Ahidjo.

[b]Scnc[/b]
Ce magistrat réputé rigoureux par ses proches, qui est mentor de plusieurs ministres, ressortissants du Sud-ouest, dont l’ex-Premier ministre, Peter Mafany Musonge, contribua à l’harmonisation du droit pénal camerounais. Le combat pour la souveraineté de notre pays est aussi à mettre au compte de ce magistrat de haut vol, qui du haut de la tribune des Nations Unies en 1954, exigea un statut quasi-autonome du Cameroun, partie intégrante du Nigeria en ce temps-là. Patriote et légaliste, Chief Endeley a été un acteur majeur de la consolidation de l’unité nationale face aux velléités sécessionnistes du Southern Cameroon national congress (Scnc). Farouche opposant aux revendications du Scnc, qui le voyait comme un obstacle majeur à leur dessein.
Des sources rapportent qu’il a été l’artisan de la désescalade en 2000, lorsque des activistes du Scnc avaient pris d’assaut le personnel de la station régionale Crtv Sud-ouest pour passer des messages hostiles à la concorde nationale. Chief Endeley s’engagea par ailleurs dans la résolution, par le droit, du conflit frontalier de Bakassi, en sa qualité de patron du comité technique de la commission frontalière Cameroun-Nigeria. Artisan de ce dénouement heureux, il a été élevé à toutes les plus hautes distinctions de la République par le président Paul Biya. Avec qui, il entretenait des relations particulières. Ce fut d’ailleurs le cas l’année dernière lors de la célébration du cinquantenaire de la réunification, à Buea. Chief Endeley a été reçu à huis clos par Paul Biya et au sortir de leur entretien, il s’est voûté davantage pour bénir la main du président de la République.
Homme politique et premier président de la grande section du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) du Fako, Chief Endeley était aussi un passionné du sport. Il s’impliqua dans le foot comme président de Prison’s de Buéa, club phare du Cameroun dans la décennie 70 et la décennie 80 avec des joueurs emblématiques comme Joseph Antoine Bell. Dans la veine, l’international Njie Clinton, fils Bakweri a également reçu en juin dernier, les bénédictions du patriarche pour ses prestations. On ne saurait oublier le soutien apporté à l’une de ses petites filles Sarah Etonge lors de ses multiples victoires sur le Mont Cameroun. A 92 ans, et après 32 ans de règne à la tête de la chefferie supérieure Bakweri, l’ancien Président du conseil d’administration (Pca) de la Cameroon development company (Cdc), était jusqu’à sa mort président honoraire du comité régional olympique et sportif du Sud-ouest.

[b]Frédéric Nonos[/b]

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