Droit d’auteurs : La Sonacam à la croisée des chemins

Ateh Francis Ngong (ATEH BAZOR)

Une fois de plus pointée du doigt par les artistes mécontents de sa gestion, la Sonacam tente de sortir la tête de l’eau en multipliant les projets.

Des palais pour la musique camerounaise. Voilà les projets au centre de l’actualité de la Société nationale camerounaise de l’art musicale (Sonacam) depuis quelques jours. Le Président du conseil d’administration de cet organisme de gestion collective des droits d’auteurs a signé récemment à Yaoundé, un mémorandum d’entente avec l’Integrated trade finance (Itf), une société d’investissements qui sera chargée de financer la construction de ces palais. Aucun chiffre n’a été donné pour le moment concernant le coût de ces projets mais des études de faisabilité ont été réalisées et réceptionnées par la Sonacam, le 6 mai lors de la signature du mémorandum d’entente avec l’Itf. Trois palais de la musique sont ainsi annoncés par Ateh Bazor, le Pca de la Sonacam, à Yaoundé, Douala et Bamenda.

Si l’Itf est chargée du financement, la réalisation des temples de la musique incombera à l’entreprise Geotech africa Sarl. Selon Henri Fotso, communicateur de la Sonacam plus connu sous son nom d’artiste, Henri Le Sentimental, les palais de la musique se présenteront comme des centres culturels dédiés à la musique dotés de studios d’enregistrement ultra-modernes, des salles de spectacles, de podiums mobiles entre autres. L’objectif premier de l’initiative sera de mettre à la disposition des artistes musiciens et chanteurs, un cadre propice et accessible pour la production d’œuvres musicales de qualité. Il s’agit aussi, apprend-t-on, des projets destinés à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Ogc.

L’argent est en effet le nerf de la guerre à la Sonacam. Des artistes mécontents pointent du doigt la gestion des droits d’auteurs par l’équipe actuelle. La chanteuse Lady Ponce est particulièrement remontée contre ses collègues. Le 26 avril dernier, elle a reçu une facture de 400 000 F Cfa de la part de la Sonacam pour le payement des frais d’exploitation des musiques dans son cabaret « Planète Ponce ». Une requête qui a fait rougir la chanteuse de colère. « Cette année, lors des redistributions des droits d’auteurs, une fois de plus mon nom n’est apparu nulle part sur vos listes. Alors que mes œuvres sont diffusées sur le triangle national et au-delà», a-t-elle dénoncé. Les artistes pour la plupart sont fâchés en raison des modalités et des montants des répartitions qui sont jugés dérisoires. Les délais d’attente d’une distribution à une autre sont trop longs, dénoncent les artistes.

Gicam

Lors de son élection en décembre 2020, Ateh Bazor avait promis de procéder à des répartitions trimestrielles plutôt que tous les neuf mois. Force est de reconnaître que cet objectif n’a pas encore été atteint. A la Sonacam, on le reconnait mais on se défend d’un quelconque immobilisme. « La répartition ne dépend pas seulement de la Sonacam. Mais aussi de l’accompagnement que le ministère de tutelle nous voue en général, et la Ccogc en particulier. La Ccogc est la Commission de contrôle des organismes de gestion collective placée sous la tutelle du Minac et présidée par l’Inspecteur d’État, Monsieur Effoudou Mpande Gilles Serge. Il affirme que des efforts sont faits pour assainir la gestion du droit d’auteur de l’art musical. « La répartition de mars 2022 a par exemple connu une hausse.

Le montant de la cagnotte est passé de 112 millions à 130 millions de F Cfa et le nombre de bénéficiaires de 1492 à 1598, par rapport à celle de juin 2021 », explique le chanteur. Selon lui, il y a des chances de voir ce montant s’accroître encore plus. « La Sonacam a signé récemment une Convention avec le Groupe Interpatronal du Cameroun (GICAM) qui regroupe pas moins de 400 sociétés importantes et redevables du droit d’auteurs ». Une date est déjà avancée pour la prochaine répartition. « Après deux répartitions en neuf mois, la Sonacam travaille également en ce moment dans la perspective d’écourter les échéances, pour passer progressivement de neuf mois à trois mois d’écart entre les répartitions d’ici à la fin 2022. Nous préparons actuellement la prochaine redistribution prévue en juillet au plus tard, ceci malgré les vents contraires. On espère d’ailleurs quitter de 1598 bénéficiaires en mars à 1800 en juillet, et de 1800 à 2000 d’ici fin 2022», fait savoir Henri Fotso.

La Sonacam souhaite également assainir son fichier d’artistes. « La Direction d’exploitation s’est déployée sur le terrain. Elle reçoit déjà les demandes d’établissement des cartes professionnelles. Tandis que la Commission d’identification travaille sur la mise à jour des dossiers des membres et l’enregistrement des nouveaux adhérents », révèle le communicateur.
L’inscription d’un membre sur les listes de la Sonacam obéit à plusieurs critères. Notamment leur présence sur les fiches de régies médias, leur catégorie ; adhérent, stagiaire, sociétaire, professionnelle, honoraire. La notoriété, le poste de responsabilité de l’artiste comptent également beaucoup. Henri Fotso annonce des concertations avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi), la société sud-africaine de gestion collective Capasso et la société espagnole de gestion collective Unisson sur les droits étrangers des artistes camerounais et la réciprocité.

Elsa Kane / 237online.com

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