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L'ouverture sur le Cameroun

Statut de retraité au Cameroun : Conjecture et conjoncture

Jules Brice Ngaba

L’observateur averti de la société camerounaise a depuis plusieurs décennies, constaté que le statut de retraité au plan social est difficile à gérer au Cameroun du Fait de quelques conjectures et de la conjoncture.

Admis à faire valoir ses droits à la retraite, voilà un succès que très peu de gens revendiquent sous nos latitudes. Quand sonne l’âge du repos en effet, nombre de travailleurs perçoivent plutôt comme le son d’un glas. Dans la société actuelle où l’exercice professionnel a fini par manger l’essentiel des autres aspects de la vie jusqu’à devenir le centre de l’existence. Se retirer de parmi ses collègues, prend des allures de mise à l’écart. Que faire des huit ou dix heures que l’on passait au bureau ou à l’atelier le plus souvent en causeries et badineries volontiers prolongées au bistrot le plus proche ?Les chorales, groupes de prière et autres mouvements associatifs ,ne combleront jamais ces journées brusquement libérées puisque ces activités là aussi, se déroulent en dehors des heures de travail. Pour ne rien arranger, certains ont le droit de respecter en poste. Ce qui achève de donner une apparence de punition au départ en retraite. Sanction, pour n’avoir pas su montrer assez d’habilité à devenir indispensable .Condamnation, pour n’avoir pas pu gagner suffisamment de stature jusqu’à devenir intouchable. Rétorsion, pour n’avoir pas été à la mesure de s’arrimer à un réseau assez puissant. Il n’est pas jusqu’à l’entourage proche et même la famille qui n’y aille de sa réprobation au lendemains des youyous et des bouquets de fleurs de la cérémonie officielle d’adieu .Bouquets et youyous dont la densité n’est pas sans rapport avec celle du banquet de circonstance.

Au lendemain donc, plus un chat ne passe .Les visites de courtoisie se raréfient et même les obligations sont par hasard oubliées. Normal ! Le retraité n’a que rarement des bons de carburant à distribuer, il ne peut souvent plus faire ses contributions généreuses exigées pour les baptêmes, les mariages, les dossiers de concours. Il n’a même plus de véhicule de service à transformer en corbillard de fortune. Son nom n’est désormais évoqué dans les conversations que pour railler sa carcasse amaigrie, son train de vie éteint, sa superbe effritée. Que n’avait-il épargné ? Investir ? Ironise-t-on. L’on oublie soudain la chute drastique des salaires qui une décennie durant, n’a laissé qu’à peine de quoi manger au travailleur. On n’oublie des compressions, déflatage et autres gèles de recrutements à l’origine d’une inflation de bouches à nourrir bien au-delà de la famille nucléaire. Et d’ailleurs, il n’y a plus personne pour prendre soin de ces enfants encore jeunes que très tard à force d’attendre une meilleure, pourront ne plus remplir les critères d’accéder soit à la fonction publique, soit trouver un emploi sur le compliqué marché de l’emploi.

Après son départ à la retraite, le travailleur est souvent seul face aux tracasseries administratives, face aux mauvaises surprises par exemple quand la Cnps lui apprend que son employeur n’est pas à jour de ses cotisations et face à la société du « farotage »que nous vivons et dans laquelle n’ont d’Honneur avec grand H que les membres donneurs sans « H ».Triste de fin pour ce travailleur qui pendant plusieurs décennies, se gondolait de son appartenance mieux de sa position au sein de cette administration qu’il a du mal à oublier aujourd’hui. Le colloque sur la modernisation de la Fonction publique camerounaise qui connaît son entame aujourd’hui, va inéluctablement statuer sur le statut du retraité de l’administration publique.

L’espoir est grand pour cette catégorie de personnes que la société tend aujourd’hui à mépriser. Heureusement qu’au Minfopra où l’usager est Roi, c’est l’aurore d’une fonction publique nouvelle.

Jules Brice Ngaba

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