Sœurs siamoises séparées à Lyon: Une des petites filles va être opérée du cœur

Il s’agit de Bissie Merveille, née avec une malformation cardiaque.

«Ça y est. Les petites filles sont séparées ». Laurelle Ngali, la mère des bébés n’a pas pu contenir des larmes de joie à l’annonce de cette bonne nouvelle au soir du 13 novembre 2019. Dans la salle d’attente de l’hôpital FemmeMère-Enfant- des Hospices Civils de Bron, près de Lyon où cette bonne nouvelle l’a trouvé, c’était une explosion de joie. C’est que, l’opération attendue avec impatience depuis 10 mois a finalement eu lieu. Désormais, ses filles Bissie et Eyenga Merveille sont des jumelles. A travers une image émouvante, cette jeune mère de 18 ans les couvrira de caresses, gestes tendres et bisous, à la sortie du bloc opératoire. Le soulagement et l’émotion sont perceptibles sur son visage. En fait, la délicate opération qui a permis de séparer les deux sœurs siamoises reliées par l’abdomen avec une partie du foie commun s’est déroulée «avec succès». L’annonce par voie de communiqué a été faite ce 13 novembre là par les Hospices Civils de Lyon (HCL).

Bissie et Eyenga Merveille ont donc été séparées par les experts du service de chirurgie pédiatrique de l’hôpital Femme-Mère-Enfant-HCL. « Elles vont pouvoir découvrir le monde individuellement et sont actuellement en réanimation dans un état stable », poursuivent les HCL. Bissie et Eyenga ne sont donc plus depuis le vendredi 15 novembre matin, sous assistance respiratoire. Toutefois, le suivi postopératoire de Bissie se révèle un peu plus compliqué que prévu. Déjà, « L’imagerie réalisée avant l’opération avait déjà montré que l’une d’entre elles avait une malformation cardiaque. Il apparaît, après l’opération, que cette petite fille a vraiment besoin d’être opérée du cœur. C’est une opération importante, à cœur ouvert, qui devrait être faite dans une dizaine de jours», précise le Pr Alain Deloche, Président de la Chaîne de l’Espoir. D’après ce dernier, «La plus grande d’entre les deux est en bonne forme. Pour l’autre c’est un peu plus difficile mais on a bon espoir», informe le Pr Deloche.

Une des hypothèses est que les deux petites filles soient recueillies quelques jours dans une famille d’accueil, à Lyon ou ses environs. « Il serait inapproprié de faire cette opération trop vite, elle a d’abord besoin de se reconstituer» ajoute le Président de cette ONG humanitaire. En rappel, l’opération de mercredi dernier a duré environ sept heures. «Elle s’est déroulée sans souci. Nous sommes optimistes quant à la suite», avait alors rassuré le Pr Faustin Mouafo, chirurgien pédiatre en service à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé ayant participé à cette opération de séparation.

DÉROULEMENT DE L’OPÉRATION ET RÉÉDUCATION

Laquelle avait mobilisé deux équipes, afin de s’occuper de chaque bébé. Soit une vingtaine de personnes. «Il s’agissait globalement de donner à chacune un foie, puisqu’elles étaient reliées par le foie. Il s’agissait aussi de les séparer au niveau de l’abdomen et de leur reconstruire un ombilic aussi proche que possible de la normale. Ce qui a été fait. Nous nous sentons soulagés parce que nous venons de passer un cap. Nous attendions cette séparation depuis 10 mois», poursuit ce dernier. En fait, «Nous avons instauré un pool d’anesthésistes, de chirurgiens et de réanimateurs et chaque spécialité a évalué et expertisé la prise en charge très spécifique des fillettes», explique le Pr Pierre-Yves Mure, chef de service adjoint en chirurgie pédiatrique à l’hôpital Femme Mère-Enfant.

Et ce dernier de se féliciter de ce que «chaque membre de l’équipe a su adapter sa pratique à la morphologie atypique des deux petites». Pour mener à bien cette prouesse médicale, l’expertise du Dr Remi Dubois, praticien de l’établissement, a aussi été requise. «En tant que spécialiste de la greffe de foie, je suis intervenu sur cet organe et je n’ai pas eu de complication», explique ce dernier. Nées le 6 novembre 2018 à Ayos, Bissie et Eyenga sont arrivées en France le 1er novembre dernier pour cette opération jugée «complexe, compliquée, dangereuse» programmée le 7 novembre. Seulement, elle avait dû être reportée parce que les fillettes avaient «contracté un virus respiratoire». De plus, la série d’examens passée le 4 novembre a révélé que Bissie souffre d’une malformation du cœur. D’où l’opération prévue dans les prochaines semaines.

De sources médicales, l’on apprend que l’accent sera mis sur l’aspect psychologique après cette opération. Car, les deux fillettes doivent rester très proches, l’une de l’autre. « On a prévu de les mettre pratiquement dans le même lit, même en réanimation pédiatrique. Elles seront réveillées ensemble, avec leur maman à côté », a précisé le Pr Mure. Les jumelles passeront leur convalescence en familles d’accueil, avec un suivi médical pendant quatre à six semaines. «Elles vont d’abord être suivies en France puis en liaison avec l’équipe de Lyon, nous allons continuer le suivi», explique le Pr Mouafo. A noter que cette prouesse médicale a été rendue possible grâce à la solidarité de plusieurs structures au Cameroun et en France. La chaine de l’Espoir a par exemple pris en charge le transport de cette famille, Les Hospices civils de Lyon ont mis à disposition leur infrastructure et le gouvernement camerounais le financement.

Olive Atangana

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