Alors que le personnel soignant lutte pour sauver des vies, qui sauvera ces héros oubliés ?
Le Centre Hospitalier Paul et Chantal Biya de Yaoundé, symbole de modernité médicale, est aujourd’hui le théâtre d’un drame silencieux. Depuis cinq mois, médecins, infirmiers et stagiaires travaillent sans recevoir un franc CFA. Imaginez : des employés contraints de choisir entre acheter des médicaments ou nourrir leurs enfants, tandis que des stagiaires, pour certains en poste depuis huit ans, n’ont jamais signé de contrat 1. Les primes de rendement et allocations familiales, suspendues, plongent des familles entières dans une précarité inhumaine.
« Nous sommes des fantômes dans notre propre hôpital », confie une infirmière sous couvert d’anonymat. Cette crise, loin d’être isolée, rappelle les grèves récentes à l’Hôpital Régional de Bafoussam, où le personnel a dû manifester pour réclamer quatre mois de salaires impayés. Un schéma alarmant qui questionne la gestion des ressources humaines dans le secteur public camerounais.
Un système en faillite : Entre promesses et réalités
En décembre 2024, le président Paul Biya annonçait fièrement le recrutement de 10 000 personnels de santé, promettant de « réduire le chômage et améliorer les soins » 13. Pourtant, dans les couloirs de l’hôpital éponyme, ces déclarations sonnent comme une cruelle ironie. Comment croire en des promesses d’embauche quand les salaires existants ne sont même pas honorés ?
Le ministère des Finances a pourtant déployé en janvier 2025 l’application AIGLES, censée moderniser la gestion des salaires. Mais sur le terrain, rien n’a changé. Pire : les bulletins de paie, remodelés par cette plateforme, ne reflètent que le vide des comptes bancaires. Un paradoxe saisissant dans un pays où, selon la FAFPT, les fonctionnaires territoriaux sont déjà les moins bien payés d’Afrique francophone.
Urgence nationale : Vers une solution durable ?
Face à cette hémorragie sociale, la mobilisation s’organise. Syndicats et associations exigent des comptes, rappelant que « le droit à un salaire n’est pas une faveur, mais une obligation légale » 6. Pourtant, les réponses des autorités restent évasives. À l’Hôpital Biya, la direction promet des « solutions en cours », sans calendrier précis 1.
Cette crise dépasse le simple retard de paiement. Elle révèle un système de santé asphyxié par des budgets insuffisants, une gestion opaque et un mépris flagrant pour les travailleurs. Les hôpitaux publics camerounais accumulent des dettes colossales, tandis que les recettes stagnent 7.
En tant que média engagé, 237online.com lance un appel solennel aux autorités : il est temps d’agir ! Les travailleurs de la santé méritent mieux que des promesses en l’air. Le Cameroun ne peut se permettre de perdre ses talents faute de salaires décents.