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Rôle crucial des Cardinaux électeurs dans un Conclave : Ces hommes qui choisissent le chef de l’église

Cardinaux électeurs conclave

À l’heure où 133 cardinaux électeurs se réunissent au Vatican pour élire le successeur du pape François, l’attention du monde entier se tourne vers l’un des processus électoraux les plus anciens et les plus mystérieux au monde : le conclave. Ce rituel séculaire, dont les règles précises ont évolué au fil des siècles, repose entièrement sur les épaules des cardinaux électeurs, ces hommes d’Église investis de la mission sacrée de choisir celui qui deviendra le 267e pontife de l’histoire.

Qui sont les cardinaux électeurs ?

Dans l’Église catholique, les cardinaux forment le Collège cardinalice, souvent décrit comme le « sénat du pontife romain ». Ils sont les principaux conseillers et collaborateurs du pape dans le gouvernement de l’Église universelle. Cependant, tous les cardinaux ne peuvent pas participer à l’élection d’un nouveau pape.

Seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans, appelés « cardinaux électeurs« , ont le droit de vote lors d’un conclave. Cette règle, instaurée par le pape Paul VI en 1970, vise à s’assurer que les participants puissent supporter les rigueurs physiques et mentales d’un processus qui peut s’avérer éprouvant.

Le conclave de 2025 présente une particularité historique : c’est la première fois que le nombre de cardinaux électeurs dépasse la limite de 120 fixée par la constitution apostolique Universi Dominici Gregis promulguée par Jean-Paul II en 1996. En effet, le pape François avait créé un nombre record de cardinaux, dérogeant ainsi à cette disposition législative.

Ces 133 cardinaux électeurs viennent de 71 pays différents, ce qui témoigne de la dimension universelle de l’Église catholique moderne. Cette diversité géographique est bien plus importante qu’au conclave de 2013, où seuls 48 pays étaient représentés. Si les Italiens constituent encore le bloc national le plus important avec 17 cardinaux, on compte également 10 Américains, 7 Brésiliens, et 18 cardinaux africains, dont nos trois cardinaux mentionnés précédemment.

Le déroulement du vote : un rituel millénaire

Le conclave débute officiellement le 7 mai 2025. Le matin, les cardinaux célèbrent la messe « Pro Eligendo Romano Pontifice » (Pour l’élection du pontife romain) dans la basilique Saint-Pierre. L’après-midi, ils entrent en procession dans la chapelle Sixtine, chantant les litanies des saints et le Veni Creator Spiritus, invoquant l’assistance de l’Esprit Saint dans leur choix crucial.

Une fois dans la chapelle Sixtine, sous les fresques majestueuses de Michel-Ange, notamment le célèbre « Jugement dernier », les cardinaux prêtent serment de respecter les règles du conclave et de garder le secret absolu sur les délibérations. La porte est ensuite fermée, et le conclave est officiellement « sous clé » (cum clave en latin, origine du terme).

Le processus de vote lui-même est empreint de solennité et de symbolisme. Chaque cardinal reçoit un bulletin rectangulaire portant l’inscription « Eligo in Summum Pontificem » (« J’élis comme souverain pontife ») avec un espace vide en dessous. Il y écrit à la main, en s’efforçant de déguiser son écriture, le nom de celui qu’il juge digne de devenir pape.

À tour de rôle, les cardinaux s’avancent vers l’autel, tenant leur bulletin bien visible au-dessus de leur tête. Ils prononcent alors un serment solennel en latin : « Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu ». Ils déposent ensuite leur bulletin dans une urne.

Quatre scrutins ont lieu chaque jour : deux le matin et deux l’après-midi. Pour être élu pape, un cardinal doit obtenir les deux tiers des voix. Si aucun candidat n’atteint cette majorité, les bulletins sont brûlés avec de la paille humide, produisant une fumée noire visible depuis la place Saint-Pierre, signalant au monde qu’aucun pape n’a été élu.

Après trois jours sans résultat (soit 12 scrutins), une journée de pause est observée pour la prière et la réflexion. Si après plusieurs séries de scrutins, aucun candidat n’est élu, les règles peuvent être modifiées pour faciliter le choix.

L’élection du pape : moment de grâce et de responsabilité

Contrairement aux élections politiques, il n’y a pas de campagne officielle, pas de candidats déclarés. Théoriquement, tout homme baptisé, célibataire et en règle avec l’Église pourrait être élu pape, mais en pratique, c’est presque toujours l’un des cardinaux électeurs qui est choisi.

Les cardinaux sont appelés à voter selon leur conscience, guidés par la prière et l’Esprit Saint, pour choisir celui qu’ils jugent le plus apte à diriger l’Église dans le contexte actuel. Ce choix est considéré comme l’une des plus grandes responsabilités de leur vie.

Lorsqu’un cardinal obtient enfin la majorité requise des deux tiers, le doyen du Collège des cardinaux (actuellement le cardinal Giovanni Battista Re) lui demande s’il accepte son élection et quel nom il souhaite prendre comme pape. Dès qu’il donne son consentement, il devient instantanément le nouveau pape, même si la cérémonie d’installation aura lieu ultérieurement.

Les bulletins sont alors brûlés avec de la paille sèche, produisant une fumée blanche. Le cardinal protodiacre (actuellement le Français Dominique Mamberti) se présente au balcon de la basilique Saint-Pierre et prononce la célèbre formule : « Annuntio vobis gaudium magnum. Habemus Papam! » (« Je vous annonce une grande joie. Nous avons un pape! »). Il révèle ensuite l’identité du nouveau pontife et le nom qu’il a choisi.

Un système ancien face aux défis modernes

Le système d’élection papale a connu de nombreuses évolutions au cours des siècles. À l’origine, l’évêque de Rome était choisi « par le clergé et par le peuple ». Ce n’est qu’en 1059 que le pape Nicolas II donna aux cardinaux le monopole de l’élection pontificale, et en 1179 que fut instaurée la règle de la majorité aux deux tiers.

L’isolement strict des cardinaux fut établi en 1274 par le pape Grégoire X, après un conclave qui avait duré près de trois ans. Cette mesure visait à protéger les électeurs des pressions extérieures et à accélérer le processus d’élection.

Aujourd’hui, bien que le secret et l’isolement restent de rigueur (les communications avec l’extérieur sont strictement interdites, et des dispositifs brouillent les signaux électroniques), les cardinaux ne sont plus littéralement enfermés sous clé. Ils résident à la Maison Sainte-Marthe, une résidence moderne située dans l’enceinte du Vatican, et se rendent chaque jour à la chapelle Sixtine uniquement pour voter.

Ce mélange de tradition séculaire et d’adaptations modernes témoigne de la capacité de l’Église à évoluer tout en préservant l’essence de ses rituels les plus sacrés.

Les enjeux du conclave de 2025

Le conclave qui s’ouvre aujourd’hui revêt une importance particulière dans un monde en pleine mutation. Les cardinaux électeurs, dont la moyenne d’âge est d’environ 72 ans, doivent choisir un homme capable de guider l’Église face à de nombreux défis : déclin de la pratique religieuse en Occident, croissance rapide du catholicisme en Afrique et en Asie, tensions géopolitiques, questions éthiques liées aux avancées technologiques, scandales internes, etc.

Parmi les 133 cardinaux électeurs, 79,7% ont été créés par le pape François, ce qui pourrait influencer l’orientation du vote. Cependant, l’histoire montre que les conclaves réservent souvent des surprises, et que l’Esprit Saint peut guider les cardinaux dans des directions inattendues.

Qu’il soit européen, latino-américain, asiatique ou africain, conservateur ou progressiste, le futur pape devra être, selon les mots du cardinal doyen lors de la messe d’ouverture, « capable d’unir l’Église » dans un monde fracturé et en quête de sens.

Les trois cardinaux africains que nous avons présentés précédemment – Robert Sarah, Peter Turkson et Fridolin Ambongo – figureront-ils parmi les papabili sérieux ? Seul le temps nous le dira. Mais une chose est certaine : les 133 cardinaux électeurs réunis aujourd’hui à Rome portent sur leurs épaules une responsabilité immense dont les répercussions dépasseront largement les murs de la chapelle Sixtine.

Par Rodrigue Batag pour 237online.com

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