Deux des prévenus plaident coupables, mais jurent que la plaignante était consentante. Ils sont deux Camerounais, un Béninois et un Nigérian. Tous âgés entre 20 et 25 ans. En octobre dernier, les quatre jeunes hommes se sont retrouvés dans une même cellule au commissariat d??Efoulan à Yaoundé. Chacun accusé de vol dans des affaires différentes. Pourtant, mardi dernier, ils sont amenés devant le juge pour une seule et même histoire : « Viol collectif sur leur co-détenue ». Une affaire qui a suscité beaucoup de rire mardi, dans l??une des salles d??audience du tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif. Les nommés Ekani, Zanga, Nabila et Onabodé sont appelés à la barre pour vol et viol sur leur compagne de
cellule, durant leur garde à vue. D??entrée de jeu, la présidente du tribunal décide de faire la part des choses : « D??abord le viol », lance-t-elle. « Que plaidez-vous ? » Deux d??entre eux plaident coupables. En l??occurrence le Camerounais Zanga et Onabodé, de nationalité nigériane. « Ce n??est même pas la peine de nettoyer vos oreilles. Je pense qu??on peut ignorer les détails », lance le juge. « Non, il faut qu??ils nous racontent», enchaîne le procureur de la République, appuyé par les avocats présents et une partie du public. La présidente du tribunal cède. « Que le premier à violer commence ! C??est lequel ?» demande-t-elle. Spontanément, le nommé Zanga lève le doigt, « acclamé » par la salle. Selon lui, tout a commencé un vendredi, autour de 16 h. « On a causé et on s??est entendu pour 20 h ». « Donc elle était d??accord », demande le juge. « Absolument! Sinon elle allait crier et les policiers allaient intervenir », soutient-il. Il explique aussi qu??au moment de l??acte, deux de leurs co-détenus étaient hors de la cellule. Seul Onabodé était présent, mais endormi. D??ailleurs, le Nigérian explique pour sa part qu??il n??était pas au courant du premier rapport s*e*xuel. Selon lui, la jeune fille s??est approchée de lui au milieu de la nuit et lui a demandé de la « satisfaire ». Une requête à laquelle il a consenti galamment. Nouveau soulèvement de la salle. « Silence, écoutons la suite », crie le juge. De la suite, on apprend que c??est le lendemain matin que les quatre garçons sont traînés hors de leur cellule, tous accusés de viol par la jeune fille en larmes. En l??absence de la plaignante, qui s??est d??ailleurs désistée, le procureur de la République explique qu??il ne trouve aucune raison de donner une suite à cette affaire de viol. Aussi, il a dit ne pas comprendre pourquoi cette fille passait ses nuits dans la même cellule que ces quatre garçons.