Au moins un prisonnier de la fuite d??hier à Yaoundé détenait une arme à feu.Cour extérieure de la prison centrale de Yaoundé Kondengui hier après-midi. Le soleil brûlant ne décourage pas des centaines de curieux accourus pour s??enquérir des quatre coups de feu entendus à cet endroit vers 14h10. Trois coups de feu tirés par un certain Bintou Valentine, un condamné à mort, qui venait de franchir la porte centrale à l??heure de la communication, habillé d??une veste noire. «La communication c??est l??heure à laquelle les familles apportent à manger aux prisonniers», affirme un gardien de prison, qui dit avoir «vu la mort de très près». Car, des trois coups de feu, deux blesseront deux gardiens de prison, qui sont sous
soins intensifs depuis lors. C??est alors que commence le rodéo. Ils sont sortis à trois, confie un gardien de prison en faction, qui révèle que, lesdits évadés, dont Bintou Valentine, le condamné à mort, qui a ouvert le feu, ont immédiatement pris des motocyclettes afin de s??échapper. Les gardiens de prison, pris au dépourvu après les coup de feu, tentent de se ressaisir en prenant en chasse les évadés à l??aide de motocyclettes.D??ailleurs, Clément Ndinping, l??un des conducteurs de motos du quartier, qui a offert son aide aux gardiens de prison, est pris en triomphe. «Je n??ai pas eu peur du prisonnier qui a sorti son arme», raconte-t-il. La course ne sera pas longue. A quelque 300m de la prison, vers le carrefour Mobil Kondengui, le condamné à mort pris en chasse, selon les gardiens de prison et ce conducteur de mototaxi, se met une balle dans la tête. «Il s??est suicidé», pour reprendre le régisseur de la prison centrale, Francis Kemanda Lebule. Or, une dame habitant les environs dit avoir vu un gardien de prison tirer sur cet évadé. Un autre évadé ayant pris la direction du quartier Emombo, opposé au carrefour Mobil Kondengui, sera rattrapé et ramené en prison. Selon certains gardiens de prison, l??un de leurs collègues aurait ouvert le feu sur lui : «un tir de sommation» tendant à le neutraliser et qui a laissé couler beaucoup de sang au niveau de l??école primaire, qui jouxte la prison. A telle enseigne que certains ont considéré qu??il était mort.SuicideLe plus fortuné des évadés, «Jeannot» ira jusqu??au lieu dit Fanta Citron, au quartier Mvog-Ada, à plus de 2km de la prison. Menaçant tous ceux qui pouvaient l??empêcher de s??échapper avec son arme. «Il a pris la moto, lui aussi, comme si ce coup avait été préparé à l??avance», s??étonne un gardien de prison qui a préféré requérir l??anonymat, comme tous ses autres collègues. [Jeannot était aussi armé au moment où les gardiens de prison affirment seul c??est celui qui s??est suicidé qui était armé!]. Les éléments du commissariat central n°1 lui mettent le grappin dessus et le conduisent dans leurs locaux. In fine, «il y a eu un seul évadé», a confié le régisseur de la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Les forces de l??ordre et de défense investissent alors le site de la prison, pour circonscrire ce que certains ont vite fait de penser à une évasion de certains «grands prisonniers».«On a même dit que c??est Abah Abah qui a voulu organiser son évasion», a confié un intendant de prison. La police, et notamment les éléments du groupement spécial d??opération (Gso), fortement armé ont mobilisé plusieurs de leurs véhicules. Tout comme les éléments de la gendarmerie, appuyé par les éléments du groupement polyvalent d??intervention (Gpic). Soutenus par le préfet du Mfoundi, Joseph Beti Assomo, les officiers de la gendarmerie ont commencé à interroger les responsables de la prison pendant que l??un des conducteurs de taxis ayant aidé l??un des évadés est violemment conduit dans la prison. «Une enquête a été ouverte, afin d??établir les responsabilités», a expliqué le régisseur, Francis Kemanda Lebule.Les prisonniers rendus aux différents tribunaux en journée arrivent vers 15h et sont sûrement surpris de l??ambiance à l??entrée de leur bagne. «Nous avons réussi à éteindre un volcan», a soufflé un gardien de prison.Justin Blaise Akono, Mutations