Paix au Cameroun : Une convention divise les associations de femmes

Wilpf Cameroon

Pour nombre d’associations engagées depuis de longues années, la « Convention nationale des femmes pour la paix au Cameroun » de juillet 2021 a laissé un sentiment mitigé. Entre exclusion à peine voilée et récupérations.

Le combat des femmes camerounaises pour la recherche de solutions pacifiques aux conflits et la cohésion sociale a une histoire, écrite au fil des ans, par l’engagement et la sueur de militantes pour la paix. Le temps peut remonter à plusieurs décennies, mais la constance pour un Cameroun paisible est restée pour les femmes camerounaises le ferment de générations de plus en plus nombreuses d’artisanes de la paix. Cependant, les défis auxquels elles font face n’ont cessé de croître, avec la multiplication des conflits. Grâce au soutien des partenaires au développement et du gouvernement, les mouvements de femmes se sont structurés pour créer de plus en plus d’espaces aux femmes. C’est le constat fait par l’Ong Women’s international league for peace and freedom (Wilpf Cameroon) et 113 autres organisations au sujet de la toute première Convention des femmes pour la paix au Cameroun. Une initiative organisée avec l’appui de 38 associations féminines et soutenue par la Fondation Friedrich Ebert.

Une implication ancrée dans l’histoire

Dans sa déclaration, l’Ong Wilpf Cameroun relève que bien avant la Convention de juillet 2021, pendant et après l’avènement de l’indépendance du Cameroun en 1960, les femmes ont participé à la vie politique et à l’apaisement dans le pays. La détermination des pionnières a contribué à l’émergence des femmes militantes qui se sont frayé un passage à divers niveaux d’activités et de responsabilités, donnant l’opportunité de l’expression des mouvements de femmes, à l’instar du Collectif pour le Renouveau créé en 1982. La dynamique de l’expression des femmes a favorisé la célébration pour la première fois de la journée des droits des femmes le 8 mars au Cameroun en 1984, la création du ministère de la Condition féminine, et bien d’autres avancées.

En 2004, « le cri des femmes camerounaises », mouvement de conscientisation collective par des activités et des conférences à travers le pays, a vu le jour comme mémorandum aux problèmes prioritaires des femmes, suite à un séminaire organisé par la Fondation Friedrich Ebert au profit des femmes des partis politiques. Le cri est devenu le principal moyen de mobilisation et de sensibilisation des femmes au Cameroun.

Pour Wilpf Cameroon, toute initiative qui se veut d’envergure dans la thématique « Femmes, Paix et Sécurité » gagnerait à prendre en compte la longue et riche histoire de l’engagement des femmes camerounaises pour la paix ; ceci en vue d’optimiser les différentes contributions pour une paix durable et la cohésion sociale au Cameroun. Valoriser le travail acharné des femmes au fil des années en faveur de la paix, c’est donner une chance que nos propres efforts soient également valorisés pour une plus grande efficacité de la lutte.

A la suite de ce travail des femmes, l’agenda des Nations unies sur Femmes, paix et sécurité (Fps) a pris corps au Cameroun, dans un contexte de multiplication des conflits armés dans les pays voisins. En vue de prévenir les conflits sur la base de la Résolution 1325 du Csnu, la réflexion sur la question a commencé au Cameroun en 2012, lors d’un atelier de formation sur la contribution des femmes à l’édification de la paix dans un pays en conflit latent organisé à Douala du 29 au 30 mars. La société civile s’est alors résolue à s’enquérir de l’état des lieux de la résolution 1325 au Cameroun et initiait un plaidoyer en vue de l’élaboration et la mise en œuvre d’un Plan d’action national (Pan).

P.N.

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