Les agriculteurs canadiens subissent les contrecoups des sanctions canadiennes contre la Russie tandis qu’ils doivent payer une taxe de 35% sur les importations d’engrais russes, a fait savoir mercredi le quotidien francophone canadien Le Devoir.
« Ça amène des coûts supplémentaires importants pour les producteurs agricoles. On demande un soutien de la part du gouvernement fédéral pour qu’il dédommage les producteurs agricoles en lien avec ces tarifs-là, a déclaré au journal Ghislain Gervais, président du conseil d’administration de Sollio Groupe, le coopératif des agriculteurs du Québec.
M. Gervais, qui est aussi producteur de poulet et de céréales, estime que les taxes entraîneront des coûts supplémentaires d’entre 10.000 et 15.000 dollars canadiens (entre 7.700 et 11.600 dollars américains) pour son entreprise. Pour l’ensemble des producteurs membres de Sollio, cela pourrait représenter des coûts supplémentaires de 30 millions de dollars canadiens (23,3 millions de dollars américains).
Le président des Producteurs de grains du Québec, Christian Overbeek, a souligné que la hausse des tarifs exacerbait la situation déjà difficile pour les agriculteurs provoquée par la hausse des prix du carburant et de l’équipement. « On n’a pas besoin de subir cette taxe supplémentaire là. Déjà, la valeur du bien de base [l’engrais azoté] avait doublé, voire triplé par rapport à 2021 », a indiqué M. Overbeek.
Selon Maurice Doyon, professeur titulaire à la faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, interrogé par Le Devoir, « le Canada est un important producteur de potasse, mais lorsqu’on parle d’engrais azoté, on en importait beaucoup. Ça venait de Russie et d’Ukraine. On se retrouve dans une situation plus difficile en termes de ce qui est disponible pour nos agriculteurs ». Trouver d’autres fournisseurs ne serait pas de grand secours pour les producteurs de grains, ajoute le professeur qui souligne que les prix sont déterminés par le marché mondial.
Le président russe Vladimir Poutine a lancé le 24 février une opération militaire spéciale en réponse aux appels au secours des dirigeants des républiques du Donbass. L’Occident a régi en décrétant de nombreuses sanctions contre la Russie. Un certain nombre de responsables occidentaux ont reconnu qu’il était question d’une guerre économique contre la Russie. Comme l’a constaté Vladimir Poutine le 16 mars, la politique de sanctions de l’Occident avait tous les signes de l’agression.