Une mission d’évaluation du Fond monétaire international (FMI) est en séjour à Yaoundé, conduite par Mario de Zamaroczy, chef de mission.
C’est dans le cadre des consultations de routine que le Fonds monétaire international (FMI) effectue dans tous les Etats membres que Mario de Zamaroczy a échangé hier avec le ministre des Finances. Avec Alamine Ousmane Mey, le chef de mission du FMI au Cameroun a évalué les performances économiques du pays au cours de cette année 2015 marquée par un contexte économique particulier. « La situation internationale a beaucoup changé depuis ma dernière visite en mai 2014. Le baril de pétrole se vendait à 100 dollars. Le même baril vendredi dernier se vendait à 48 dollars. Il y a un choc pétrolier important. Nous espérions sortir de la grande crise de 2008, mais nous constatons que ce démarrage a du mal à se matérialiser », a déclaré l’économiste.
Face à ce contexte international difficile, analyse le chef de mission du FMI, le Cameroun a fait preuve de grande résilience. Notamment au niveau de sa performance économique et son taux de croissance en 2014, puisque selon les chiffres officiels, la croissance a été de 6%. « Nous pensons sur la base des premières indications que la tendance pour 2015 serait semblable ». Au niveau des recettes pétrolières, il y a eu une baisse de recettes, mais d’un autre côté, les subventions des carburants n’ont plus été versées. Au plan des investissements, nous voyons les projets avancer, mais financer avec un endettement extérieur », a indiqué Mario de Zamaroczy. Il s’est tout de même dit soucieux de la vitesse à laquelle l’endettement du Cameroun croît.
Après le ministre des Finances, le chef de mission du FMI devra consulter d’autres personnalités et les groupes patronaux. Dans un contexte où la circulaire sur la préparation du budget 2016 du Cameroun a déjà été signée par le président de la République, l’équipe conduite par Mario de Zamaroczy va sans doute émettre son avis sur la sincérité du budget du Cameroun pour le prochain exercice. www.237online.com Le budget 2014 comme les précédents, selon Mario de Zamaroczy, posait déjà quelques problèmes au niveau de l’équilibre entre les recettes et les dépenses. D’où la nécessité, pour lui, de voir les autorités camerounaises adopter la formule de la loi de finances rectificative, procédure prévue dans les mécanismes financiers de notre pays, notamment la loi du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’Etat.
Relèvement
En mai dernier le FMI tablait sur un taux du Cameroun à 5%. Idem en 2016. Même si le FMI le relève aujourd’hui à 6%, cela compromet toujours les ambitions du pays à être émergent à l’horizon 2035. Car, pour que ce dessein se réalise, une simulation faite par Mario de Zamaroczy montrait que « le Cameroun doit avoir un taux de croissance de 10% dès cette année jusqu’en 2020 ». Or, les autorités camerounaises, elles-mêmes, tablent sur une croissance de 5,8% en 2015. La Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) estime cette croissance à 4,2% pour la même année.
Le FMI avait proposé de « prioriser les dépenses et reconstruire le matelas budgétaire » en déficit depuis au moins 5 ans. L’institution de Bretton Woods demande de « profiter de la baisse des prix du pétrole pour éliminer le mécanisme des subventions des prix du pétrole ». A ce niveau, le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey, a indiqué que le Cameroun a déjà suspendu la subvention (250 milliards de FCFA budgétisés) des carburants grâce à la chute du prix du baril du pétrole.
Le FMI avait aussi recommandé de « persévérer dans les efforts visant à améliorer le climat des affaires pour favoriser l’investissement privé » mais tire la sonnette d’alarme sur le rythme de l’endettement qui « augmente rapidement et le solde se détériore ». A preuve, au 31 décembre 2014, le taux d’endettement du Cameroun était situé à 21,8% du PIB. Au mois d’avril 2015, le Fonds monétaire international le place à 30% du PIB.
Sylvain Andzongo