La Bas s’attaque à Paul Biya à Genève

Douze membres de la « Brigade anti-sardinards » interpellés hier 25 juin, suite à une altercation avec des éléments de sécurité du chef de l’Etat.

Ils n’auront pas attendu le 29 juin prochain, date retenue « pour livrer l’ultime bataille » contre Paul Biya. Moins de trois jours après son départ du Cameroun le 23 juin dernier, le chef de l’Etat, qui quittait le pays pour un « court séjour privé en Europe », a été attaqué à l’hôtel intercontinental basé en Suisse, par les activistes de la « Brigade anti-sardinards » (Bas). Hier 25 juin, la branche suisse de cette organisation, a anticipé sur le programme initialement arrêté, et s’est retrouvée aux prises avec des éléments de la sécurité présidentielle du Cameroun, en poste dans l’établissement hôtelier puis, avec la police suisse. D’après des informations non authentifiées, en circulation sur les réseaux sociaux, le bilan de cet assaut inattendu fait état de 12 membres de la Bas interpellés. De plus, « tous les autres assaillants ont été évacués de l’hôtel intercontinental, après avoir été sévèrement violentés », apprend-on.

La guerre est donc lancée.

Dans un post sur son compte Facebook le 24 juin dernier, l’activiste Brice Nitcheu, donnait déjà le ton de ce qu’il a appelé l’« Opération Top ». « Le vieux tyran camerounais, après avoir passé des mois au Cameroun sans aller en villégiature, a enfin décidé de venir défier la Bas et la ‘Diaspora Résistance’ sur leur terrain. Alors que le pays s’écroule dans un abîme sans fond, le dictateur est venu en Suisse avec son épouse budgétivore et sa basse-cour pléthorique, pour dilapider l’argent des Camerounais pour leurs plaisirs et leurs soins médicaux. Nous irons donc à Genève livrer la bataille à laquelle Paul Biya nous invite. […] Nous appelons le peuple de la Résistance partout en Europe, pour une mobilisation sans précédent, pour livrer l’ultime bataille contre l’usurpateur, le dictateur sénile Paul Biya, ce samedi (29 juin prochain, Ndlr) à Genève, ou dans tout autre pays où il pourrait aller se cacher éventuellement », lit-on.

Une invite qui a suscité non seulement des réactions du pouvoir, mais également, des ajustements. « […] l’ambassade, qui a pris toutes les dispositions utiles conformes au droit et à la pratique diplomatiques, en relation avec les autorités compétentes du pays hôte (la Suisse, Ndlr), met en garde contre les risques personnels encourus par les contrevenants à la règlementation en vigueur en Suisse, ainsi que contre les possibles dérapages des actions violentes de saccage envisagées à l’hôtel intercontinental », informe le communique signé le 24 juin dernier, de l’ambassadeur du Cameroun à Berne, en Suisse. Léonard Henri Bindzi ajoute : « L’ambassade invite la Communauté camerounaise de Suisse, tout comme les compatriotes résidant dans les pays voisins, à tourner le dos aux manifestations qui, depuis un certain temps, sont l’expression de la haine, de la violence et du tribalisme ; toutes choses contraires au patriotisme et à l’amour du Cameroun ».

Du côté du parti au pouvoir, la mobilisation est également de mise. Tout en condamnant les actions de la Bas, la Section suisse du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), dit être sur le qui-vive. « […] nous nous assurerons qu’aucune de leurs actions malsaines n’aboutissent sur le sol helvétique et surtout, que le séjour de [notre] chef de l’Etat et président national du Rdpc, se passe dans de bonnes conditions. Nous […] ne donnerons plus jamais à ces bandits, l’occasion de venir perturber le séjour de [notre] ‘Grand camarade’. Nous utiliserons tous les moyens à [notre] disposition pour stopper leurs basses manoeuvres et nous leur disons que le désordre ne passera pas en Suisse, que la récréation est terminée, parce que trop c’est trop ! », lancent le président Rdpc – Suisse, Benjamin Sakem et sa secrétaire, Angeline Henzen, dans un communiqué en consultation libre sur les réseaux sociaux.

Depuis environ 10 mois, le président de la République ne s’est pas rendu en Europe, pour ses traditionnels « courts séjours privés ». Après la proclamation des résultats de la présidentielle d’octobre 2018 et la contestation qui s’en est suivie, la Bas a juré de le traquer à l’étranger. Dans cette brigade, on retrouve des sociétaires du Collectif des organisations démocratiques et patriotiques des Camerounais de la diaspora (Code), qui avaient déjà fait du bruit devant l’hôtel intercontinental de Genève, à l’occasion de précédents séjours de Paul Biya en Suisse.

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