Incidences : Le Cameroun sevré de CAN 2019, l’économie locale en péril

Petit marché à Yaoundé

Au centre de toutes les prévisions économiques, la prestigieuse compétition qui a été retirée au Cameroun vendredi dernier, sera lourde de conséquences à la fois pour l’Etat et les investisseurs privés.

Après la sporadique tristesse qui a accompagnée l’annonce du retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun, place maintenant à une analyse des conséquences de ce retrait sur l’économie du pays. Le rapport sur les comptes publics publié, en octobre dernier, par l’Institut national des statiques (Ins) portait la croissance à 3.9%. Selon le rapport, c’est l’embellie du secteur secondaire qui avait le plus participé à l’augmentation de la croissance. Le seul secteur des Btp a par exemple contribué à 0.4% d’augmentation à cause d’accélération des chantiers de la CAN.

Dans ses prévisions, l’Etat du Cameroun avait adossé la grande partie des simulations de croissance à court terme sur les effets induits par l’organisation de la CAN et l’entraînement escompté sur l’économie locale. Dans le cadrage du budget 2019, l’Etat a même accordé une place de choix au financement de l’achèvement des chantiers de la CAN. Une part considérable du Bip (budget d’investissement public), et des dépenses de fonctionnement est affectée à la réussite de cette grande fête sportive. Adopté en l’état, qu’adviendra-t-il à ce budget en cours d’exercice 2019, tout au moins pour les dépenses liées à l’organisation de l’événement et à l’acquisition de certains équipements liés à cette fête.

Zéro retour sur investissements

Même le FMI avait placé cette CAN au centre des leviers de croissance à court terme de l’économie camerounaise. Avec ce retrait subit de la compétition, la situation s’annonce très complexe. Car il faudrait à la fois achever les chantiers pour ne pas perdre, ce en admettant qu’il n’y aura pas retour sur investissement avant plusieurs années. Ensuite, il faudra trouver un palliatif qui pourra redonner du souffle à l’économie locale à court terme. Et pour cela, il faudrait des ressources managériales et financières pour impulser cette dynamique.

Le Cameroun aura-t-il ces moyens ? Rien n’est encore sûr, avec la conjoncture économique austère que traverse le pays. Il faudra peut être compter sur les banques, mais l’on craint en même temps que les banques se déclarent incapables de pouvoir secourir l’Etat.

Comme les pouvoirs publics, les banques sont elles aussi victimes de ce retrait de la CAN, car elles ont appuyé directement plusieurs investisseurs privés notamment les hôteliers, pour l’achèvement de leurs chantiers en cours. Faudra-t-il encore recourir à une dette auprès du FMI, de la Chine ou à un emprunt obligataire pour trouver de l’argent ?

Les autorités camerounaises auront, dans tous les cas, un sacré pain dur sur la planche. L’’Etat a le devoir de sauver sa tête.

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