Depuis la formation du gouvernement du 9 décembre 2011, des militants de ce parti demandent des comptes à leur président qui ne leur parle pas.Au siège de l??Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), au quartier Elig-Essono à Yaoundé, deux ou trois militants de cette formation politique, vous accueillent. A la question de savoir si le parti connu pour son alliance avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) au pouvoir, traverse effectivement une crise, tous répondent en choeur par l??affirmative. Mais dans cette
association politique, on a décidé d??appliquer la formule bantou, «Les murs parlent. Le silence est d??or». Effectivement, dans les rangs de l??Undp, tout le monde parle. Mais personne ne dit rien. Pas même le président du parti sollicité par le reporter de Mutations pour éclairer l??opinion sur la tension actuelle. Le secrétaire général Pierre Flambeau Ngayap, n??a daigné prendre ses téléphones. Comme d??ailleurs, Mongoleon Diabelle.Entre deux échanges aussi bien avec les militants rencontrés au siège du parti qu??avec de nombreux autres cadres à la fois, membres du Comité central et du Bureau politique, «le 5e congrès du parti annoncé en janvier prochain est une véritable heure de vérité». Le reporter de Mutations apprend alors que depuis la formation du dernier gouvernement où l??Undp compte trois de ses membres: Maigari Bello Bouba (ministre d??Etat), Nana Aboubakar Djalloh (ministre délégué) et Rose Dibong (secrétaire d??Etat), le torchon brûle. Une distribution des rôles qui a suscité chez les militants le sentiment a priori que l??Undp est devenu la propriété de Dibong, Nana et Bello. D??où d??ailleurs la nouvelle appellation de «Dinabel » qui circule actuellement dans les rangs, mais qui n??amuse personne.«Il est inadmissible que le président national ne veuille pas nous recevoir après ce qui vient de se passer. Il nous doit des explications. M. Bello Bouba doit nous dire comment ont été examinées les suggestions qu??il a faites au président de la République. En lieu et place d??un échange avec ses collaborateurs du parti, il préfère l??évitement», fulmine un responsable du Comité central rencontré hier à Yaoundé.La colère à l??Undp a surtout le visage d??un étonnement. «Au cours de la dernière réunion du bureau politique à laquelle les responsables du Rdpc ont pris part, résolution avait été prise de mettre sur pied un Comité de travail entre les deux formations politiques pour examiner de manière convergente, les propositions de l??Undp dans la perspective du prochain gouvernement et surtout, les autres préoccupations relatives notamment aux prochaines échéances électives. Jusqu??à la sortie du récent gouvernement, personne n??a été désigné», déplore, sans décliner son identité, un autre cadre (membre du Bureau politique).Le cas DibongLes couloirs de l??Union nationale pour la démocratie et le progrès bruissent ainsi, de nouvelles, de récriminations et de mécontentement. Au rang des faits entretiennent la rage, la dernière nomination de Mme Rose Dibong comme secrétaire d??Etat. En effet, l??ancienne présidente des femmes de l??Union pour la démocratie et le progrès, battue il y a plus de cinq ans par Clotilde Mbezele «a pratiquement démissionné du parti. M Bello Bouba ne peut donc pas l??avoir mise dans sa short-list. Le président sait lui-même que personne dans les rangs ne peut l??admettre. Pour nous le cas Dibong fait partie des actes de déstabilisation orchestrés par la direction du Rdpc dont le président et chef de l??Etat vient une fois de plus de se jouer de notre parti», s??indigne, sous anonymat, un proche collaborateur de Maigari Bello Bouba, non sans promettre que les masques vont tomber au congrès.De sources concordantes au sein du parti, dans la perspective de la formation du dernier gouvernement, le président national de l??Undp a proposé: Mongoléon Diabelle, Younous Souki, Haman Oumar, Clotilde Mbezele et bien sûr, Nana Aboubakar Djallo. Pour les tenants de ces informations, en refusant de retenir les plénipotentiaires proposés pas le chef du parti pour nommer «par des artifices politiciens des personnalités déjà en retrait de notre organisation est la preuve que Paul Biya se joue non pas de M Bello Bouba, mais de l??Undp. Pour nous, une telle récurrence dans le jeu du pouvoir s??assimile au mépris. Il est temps de sortir de la plate-forme Undp-Rdpc», renchérit le membre du bureau politique qui s??abrite derrière la discipline du parti pour garder l??anonymat. Toujours est-il qu??il estime que même la nomination de Mohamadou Ahidjo comme ambassadeur itinérant fait partie des techniques d??encerclement du directeur du cabinet civil, Martin Belinga Eboutou. «Même si pour des raisons évidentes et relatives au rapatriement de la dépouille du président Ahidjo, on comprend la souplesse de son fils Badjika».