Le secteur de la santé au Cameroun vient d’être témoin d’une nouvelle opération de communication orchestrée par la Fondation Orange. Le 8 mai prochain, l’organisme procédera à un don d’équipements médicaux dans la région du Nord-Ouest, ciblant l’hôpital de district de Bamenda et le centre de santé intégré de Bali. Une action qui s’ajoute à la longue liste des interventions ponctuelles menées par les fondations d’entreprises dans notre pays. Mais au-delà des photos et des communiqués de presse, quel est l’impact réel de ces initiatives sur le développement sanitaire du Cameroun?
Philanthropie camerounaise: le mirage des fondations d’entreprises dévoilé
Une observation attentive des actions menées par les fondations d’entreprises au Cameroun soulève de nombreuses interrogations. La plupart de ces initiatives semblent privilégier des interventions ponctuelles et médiatisées plutôt que des programmes structurels s’attaquant aux causes profondes des problèmes sanitaires dans nos communautés.
Les fondations d’entreprises au Cameroun privilégient trop souvent les actions visibles à court terme au détriment d’interventions structurelles qui répondraient véritablement aux besoins des populations.
Le cas de la Fondation Orange illustre parfaitement cette tendance. En 2023, des équipements similaires avaient été offerts aux hôpitaux de Bamenda, Buea et Limbe. Les dons ponctuels sans accompagnement technique créent ainsi l’illusion d’une amélioration durable.
Cette philanthropie de façade sert avant tout les intérêts marketing des entreprises mères. La loi camerounaise 2003/013 du 22 décembre 2003 relative au parrainage et au mécénat offre un cadre juridique particulièrement avantageux sur le plan fiscal pour ces structures. Ainsi, chaque franc « investi » dans ces actions caritatives se traduit par des déductions substantielles d’impôts et une exposition médiatique positive.
Plus préoccupant encore, ces initiatives déresponsabilisent l’État en créant l’illusion d’une prise en charge des problèmes sociaux par le secteur privé. Cette substitution partielle aux missions régaliennes fragilise davantage les politiques publiques en matière de santé, d’éducation ou d’environnement.
Pour un impact réel, les fondations devraient s’orienter vers le renforcement des capacités locales, le transfert de compétences et l’autonomisation des communautés. Le modèle actuel, basé sur des dons ponctuels et des inaugurations médiatisées, ne permet pas de répondre aux défis structurels auxquels font face nos établissements de santé : manque de personnel qualifié, défaillances dans la chaîne d’approvisionnement, ou encore absence de protocoles de maintenance.
Les citoyens camerounais méritent mieux que des interventions cosmétiques qui entretiennent une dépendance chronique. N’est-il pas temps d’exiger plus de transparence sur l’efficacité réelle de ces fondations d’entreprises qui semblent plus préoccupées par leur image que par un véritable changement social?