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Financement RDPC au Cameroun : Révélations sur les milliards cachés du parti de Biya

RDPC

À l’approche de la présidentielle, une enquête exclusive dévoile les mécanismes financiers opaques du géant politique camerounais. Des dizaines de millions circulent entre hommes d’affaires, ministres et barons locaux, formant un système qui défie toute transparence.

Les millions qui coulent à flots : Biya, l’homme serein au-dessus de la mêlée

Le Cameroun retient son souffle. À six mois de l’élection présidentielle, pendant que les candidats de l’opposition s’épuisent à récolter des fonds, Paul Biya observe tranquillement le spectacle. Son arme secrète ? Un parti transformé en machine financière redoutable.

Les preuves sont là, sous nos yeux. Fin avril à Yaoundé, des militants du RDPC reçoivent simultanément nourriture et liasses de billets lors d’un meeting organisé par un maire. Cette scène, loin d’être isolée, confirme le triste surnom des partisans : les « sardinards » du militantisme « pain sardine ».

D’où vient cet argent ? Officiellement des cotisations. Mais l’opacité règne tandis que le soupçon de détournement de fonds publics persiste.

«Notre force vient de notre unité et de notre organisation», affirme un cadre du parti, sans jamais évoquer les circuits financiers qui alimentent cette puissance. Pendant ce temps, face au RDPC, l’opposition peine à rassembler les 6 milliards de F CFA estimés nécessaires pour une campagne présidentielle crédible.

La réalité est frappante : en une seule réunion dans l’Ouest le 25 avril, 61 millions de F CFA (92 000 euros) ont été collectés. Une somme astronomique venant exclusivement de dons de barons locaux. Sur les 87 contributeurs figuraient notamment Sylvestre Ngouchinghe (5 millions), fondateur de Congelcam, et Marcel Niat Njifenji (3 millions), président du Sénat.

Le système va bien au-delà de ces collectes publiques. La quasi-totalité des grands patrons du pays, dirigeants d’entreprises publiques et barons politiques versent des contributions spéciales au trésorier Gilbert Tsimi Evouna. Ces sommes échappent à toute transparence.

Le cas de Baba Ahmadou Danpullo illustre l’ampleur du phénomène : le patron de Nexttel aurait offert 100 millions de F CFA au parti en 2020, puis un montant comparable lors de la présidentielle de 2018.

Pendant ce temps, les opposants explorent d’autres voies : Maurice Kamto lance des appels aux dons par transfert mobile, Akere Muna se tourne vers la diaspora. Joshua Osih du SDF révèle que son parti, avec une subvention annuelle de seulement 55 millions de F CFA, peine à couvrir ses besoins de fonctionnement estimés entre 250 et 300 millions par an.

Que penser d’un système où l’argent circule aussi librement pour un seul parti ? La question reste ouverte.

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