Cameroun – Élections : La course au Sénat sera courue

Marcel Niat de retour

Plusieurs partis sans chance objective de remporter un siège ont déjà annoncé leur participation au scrutin du 12 mars 2023.

Impossible n’est pas camerounais, a-t-on coutume de dire. Car comment peut-on rationnellement gagner des élections, alors que le collège électoral est constitué en majorité sinon en totalité des adversaires dans le processus ? Réunis à Foumban le 16 janvier 2023, le bureau politique de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) autorise la direction du parti à prendre des dispositions pour une participation victorieuse au scrutin du 12 mars prochain. « Les membres du bureau politique présents ont pris acte de la convocation par le président de la République dans le respect du délai prescrit par la loi, du collège électoral en vue de l’élection des sénateurs de la 3ème mandature du sénat camerounais le dimanche 12 mars 2023.

Constaté pour le déplorer, que depuis l’avènement du Sénat en 2013, l’Udc est le seul parti politique qui, gérant des Mairies, et constamment présent à l’Assemblée nationale depuis 1997, aujourd’hui présent au Conseil régional s’est toujours vu barrer la voie d’accès au Sénat, par ‘’tous les moyens’’, sans vergogne, il ne faut pas le cacher : par des méthodes anti-démocratiques, illégitimes voire frauduleuses », soulignent-ils dans le communiqué final de leurs travaux. Donnant suite à une résolution de la convention nationale de 2011 concernant la participation du parti de Tomaïno Ndam Njoya aux élections nationales, ils « donnent quitus au président national, d’assurer au parti une participation victorieuse à l’élection des Sénateurs du 12 mars 2023 avec plein pouvoir d’engager l’approche stratégique et méthodologique qu’il jugera efficace pour atteindre cet objectif dans le respect de la loi, de l’éthique Udc, de l’esprit républicain, démocratique et participatif ». Malgré des griefs qu’ils soulèvent, au sujet d’une modification participative et consensuelle du Code électoral avant l’organisation de toute élection. Dans le système de cantonnement tribal en vigueur, l’Udc a difficilement eu des conseillers municipaux hors du Noun.

Cooptations, plutôt qu’élections

Profitant de la célébration de l’assassinat d’Ernest Ouandié à Bafoussam, le 15 janvier 1971, l’Union des populations du Cameroun (Upc) à travers son comité directeur, a également annoncé sa participation à ce scrutin. Ce fut d’ailleurs la résolution principale de cette 4ème session. « En ce moment, on a un seul sénateur qui est d’ailleurs membre du bureau. Ce sénateur a été nommé par le chef de l’Etat au terme des sénatoriales de 2018. A l’Assemblée nationale, l’Upc n’a pas de représentant. Vous connaissez le contexte qui a fait que lors des élections de 2020, l’Upc n’a pas pu présenter une liste aussi bien aux législatives qu’aux municipales. Nous sommes dans le passé », diagnostique Michel Eclador Pekoua, le Sg de céans. «

Maintenant, nous avons une projection pour 2023. Une année qui commence par un scrutin. Vous avez tous suivi le décret du chef de l’Etat convoquant le collège électoral des sénatoriales pour le 12 mars 2023. C’est une élection à laquelle l’Upc aura certainement son mot à dire, parce qu’au cours des travaux que nous avons eus aujourd’hui, nous avons soupesé le pour et le contre de la participation de l’Upc à ces élections. Nous avons estimé qu’en l’état actuel des choses, il n’était pas évident pour l’Upc d’avoir une liste gagnante à ces élections, parce que ne disposant ni de conseiller municipal, ni de conseiller régional. Toutefois, le comité directeur de l’Upc en soutien avec ceux qui étaient là et qui n’étaient pas là, et se sont faits représenter, notamment la présidente Henriette Ekwe, nous avons pensé qu’il était important que l’Upc aille à ces élections pour deux raisons : pour être en phase avec les résolutions qui avaient été prises au Comité Directeur de Bonamotongo en 1992 qui prescrivaient à l’Upc de ne plus jamais être absente là où on décide de l’avenir du Cameroun. Alors, en conformité avec ces résolutions, l’Upc va aller aux élections sénatoriales. Et il y a également le jeu institutionnel dans lequel l’Upc s’est inscrite depuis sa nouvelle légalisation en 1991. Elle a choisi de participer aux élections parce que c’est la voie la plus démocratique, la plus moderne, la plus acceptable pour accéder au pouvoir ; même si les conditions à priori ne sont pas favorables, il est important d’aller pour essayer de taquiner le système qui n’est pas bon et qu’il faut améliorer, notamment le système électoral… », a analysé M. E. Pekoua.

« Taquiner le système », le mot est lâché. Parce que par le passé, ces taquineries ont produit des fruits inattendus. Des cadres du Sdf regretteront à jamais leur lucidité lors des premières sénatoriales, en 2013. Leurs listes avaient gagné à l’Ouest et dans l’Adamaoua, leur octroyant par là un groupe parlementaire alors que mathématiquement, le parti était parti pour être humilié. Pour éviter la honte, ils avaient refusé d’être candidat. Mais tout fut mis en œuvre, pour barrer la voie à l’Udc (Ouest) et à l’Undp (Adamaoua). Par suite, la liste de Ni John Fru Ndi n’a pas été élue dans la mandature prochaine, dans le Nord-Ouest, alors qu’il avait plus de conseillers municipaux que son adversaire de toujours. « La vie c’est la chance », chante l’artiste. Dans les rangs du parti au pouvoir, la veillée a commencé. Le Sg du Rdpc, Jean Nkuete a souvent tancé certains sénateurs, notamment à l’Ouest, pour leur rupture avec le peuple. Ibrahim Mbombo Njoya est mort, Marcel Niat Njifenji affiche des signes évidents de fatigue… Sait-on jamais ?

Franklin Kamtche / 237online.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *