Une euphorie démesurée s’est emparée de l’opinion publique camerounaise suite à l’élection de Samuel Eto’o au Comité Exécutif de la Confédération Africaine de Football (CAF). Mais cette liesse populaire masque une réalité bien plus nuancée que beaucoup refusent de voir. Le Cameroun célèbre-t-il vraiment une victoire ou plutôt une régression déguisée en triomphe?
Le COMEX de la CAF: un siège naturel pour le Cameroun, pas un exploit extraordinaire
L’entrée de Samuel Eto’o au COMEX de la CAF est présentée comme un accomplissement historique, mais c’est oublier que ce comité compte 23 membres pour 54 fédérations africaines. Pour le Cameroun, quintuple champion d’Afrique et puissance footballistique continentale, siéger au COMEX relève presque de l’évidence, pas de l’exploit. Notre pays y a d’ailleurs presque toujours été représenté, et avec des positions bien plus influentes qu’aujourd’hui.
Sous l’ère Issa Hayatou, le Cameroun occupait la présidence même de l’institution pendant plus de deux décennies. Plus récemment, Seidou Mbombo Njoya y siégeait comme 4ème Vice-président. Aujourd’hui, avec Samuel Eto’o, nous n’avons qu’un simple poste de membre sans portefeuille.
Une élection forcée par le TAS, non voulue par la CAF
Ce que beaucoup ignorent, c’est que si Samuel Eto’o siège aujourd’hui au COMEX, ce n’est pas parce que la CAF l’a souhaité, mais grâce à l’intervention du Tribunal Arbitral du Sport (TAS). La réticence de Patrice Motsepe et de son équipe est d’ailleurs flagrante: lorsque Augustin Senghor a démissionné de son poste de vice-président, Eto’o, qui briguait cette fonction, a été ostensiblement snobé au profit du Gabonais Pierre-Alain Mounguengui.
Cette mise à l’écart n’est pas le fruit du hasard. Les problèmes d’éthique qui poursuivent l’ancien attaquant des Lions Indomptables inquiètent visiblement les dirigeants de la CAF, comme le souligne l’analyse des contentieux sportifs africains.
Une épée de Damoclès juridique toujours présente
L’aspect le plus préoccupant de cette situation reste les procédures disciplinaires engagées contre Samuel Eto’o. Contrairement à ce que ses partisans clament, aucune juridiction n’a jusqu’ici disculpé l’ancien footballeur sur le fond des accusations portées contre lui. Le jury d’appel et le TAS ont uniquement statué sur des questions de forme et de procédure, laissant intact le fond du dossier.
Cette situation précaire signifie que l’épée de Damoclès reste suspendue au-dessus de la tête d’Eto’o. L’histoire récente de la CAF nous rappelle d’ailleurs qu’Ahmad Ahmad et son équipe avaient été débarqués en plein mandat suite à des problèmes similaires. Un scénario que personne ne souhaite voir se reproduire avec notre compatriote, mais qui demeure une possibilité bien réelle.
Alors que les célébrations battent leur plein dans tout le Cameroun, la prudence et l’humilité devraient plutôt être de mise. Car ce qui apparaît aujourd’hui comme une victoire pourrait bien n’être qu’une anomalie juridique temporaire, fruit des « longs bras » de notre Pichichi national, mais certainement pas un triomphe définitif pour le football camerounais.