Elle a été mise en place l’année dernière au cours des travaux de la Grande commission mixte entre le Cameroun et le Nigeria. La dernière actualité économique entre le Cameroun et le Nigeria remonte à la mise en service depuis des semaines, des cimenteries Dangote à Douala, la capitale économique. Ce complexe industriel dont le projet aboutit avec une perspective d’implantation d’une unité à Yaoundé, est le fruit d’une coopération économique en construction. Surtout que la plateforme juridique mise sur pied le 11 avril 2014 à Yaoundé et solennellement présentée aux hommes d’affaires à Douala et Yaoundé les 23 et 24 avril de la même année par le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana. A l’occasion le Mincommerce avait indiqué que «les exportations sont des opportunités d’affaires pour le Cameroun. D’autant plus que le Nigeria est un marché solvable et liquide».
Un propos de M. Luc Magloire Mbarga Atangana qui réaffirme une réalité jusqu’ici incompréhensible pour les Camerounais conscients de ce débouché de plus de 170 millions de consommateurs. D’où aussi la signature de l’Accord commercial Cameroun-Nigeria, du 11 avril 2014. En effet, aux gens d’affaires camerounais M. Luc Magloire Mbarga Atangana a expliqué que cet accord ouvrait «une nouvelle ère de coopération économique et commerciale avec le grand voisin, le Nigeria», première puissance économique africaine depuis quelques temps et l’un des premiers partenaires (3,5% des exportations formelles du Cameroun en 2012, derrière la Chine avec 15%) commerciaux du Cameroun. Par la même occasion on apprenait que le Nigeria est le plus grand fournisseur du Cameroun, avec 22,6 et 17,8 % des importations de notre pays, respectivement en 2011 et 2012.
Bien loin devant la France (12,8 et 11,8%) et la Chine (10,8 et 10,4%). Pour les experts, ce nouveau cadre d’échanges dénué de toutes barrières non tarifaires et présentant bien d’avantages commerciaux entre les deux pays qui partagent une frontière longue de plus de 1600 kilomètres, le Cameroun peut dorénavant accroître ses exportations vers le Nigeria qui compte plus de 170 millions d’habitants (équivalant de 170 millions de consommateurs) des services et produits agricoles (le café, le thé, la banane, ananas, huile végétale, manioc, légumes…), agro-industriels (chocolat, vins, boissons non alcoolisées) et des produits tels que le savon, le textile, les tôles, les ustensiles de cuisine en aluminium, des films…A contrario, le Cameroun importe du Nigeria des hydrocarbures, les véhicules, le textile, le caoutchouc, les produits en verre, les pièces détachées d’automobile et les produits cosmétiques.
La coopération bilatérale actualisée exige donc, la production en quantité des produits agricoles et agro-industriels de qualité et normés. Raison pour laquelle le ministre du Commerce a maretelé: «Le Cameroun a des atouts et une expertise à faire valoir dans le vaste marché que constitue le Nigeria». Et des infrastructures peuvent accompagner une telle perspective. C’est le cas de la construction de la route Enugu (Nigeria)-Bamenda (Cameroun) qui à écouter les observateurs avertis, permettra de décupler les échanges commerciaux (déjà importants) entre les deux pays. Cette conquête du marché nigérian devrait pousser les femmes et hommes d’affaires camerounais à produire plus pour aller à l’assaut de la sous-région avant l’Afrique et le monde.
Dans la suite logique des travaux de Yaoundé et Douala l’an dernier, un forum d’affaires devait réunir les milieux d’affaires des deux pays au mois de juin 2014 à Abuja et à Lagos. Bien avant, les Journées d’affaires de Calabar au Nigeria en 2008, Port Harcourt et Kano en 2010, et Lagos 2012, avaient engagé les deux pays au respect des normes et de la qualité. D’où des négociations ouvertes et aujourd’hui avancées entre l’Agence des normes et de la qualité (Anor) et son équivalent nigérian la National Agency For Food and Drug Administration and Control (Nafdac), pour l’harmonisation des certificats de conformité émis par l’un et l’autre organisme. Dans l’intervalle on notera la signature des premiers agréments au régime préférentiel communautaire dans le cadre sous-régional, mieux de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac). Des sésames économiques dont bénéficient 19 entreprises camerounaises en règle, pour 145 produits qui circulent depuis lors, librement au sein du marché communautaire de la zone Cemac. Le Cameroun entendait à la suite, lancer en direction du Nigeria, des campagnes d’exposition et de vente promotionnelle des produits artisanaux, notamment des petits producteurs.
Les Journées économiques et commerciales (Jec) d’avril 2014, ont marqué un tournant décisif dans le dispositif juridique de la coopération économique avec le Nigeria. Le Ministre Mbarga Atangana en conclut à «une nette amélioration des exportations des secteurs de l’agriculture, l’agro-industrie, la savonnerie, la chocolaterie, les industries brassicoles, le textiles, l’aluminium, l’artisanat. Ainsi que des services. De ces rencontres des capitales économique et politique, les chefs d’entreprises au cœur de la problématique du développement, assurés de l’accompagnement permanent du gouvernement, sont unanimes à reconnaître que la nouvelle plateforme commerciale du 11 avril constitue un atout qui ouvre les portes, pour des affaires fructueuses avec le Nigeria».
On le constate, vieille de plus de 50 ans, la coopération économique entre le Cameroun et le Nigeria manifeste la volonté de franchir un pallier. Une dimension qui s’avère impérative au moment où Boko Haram s’échine à servir d’entrave à la sérénité des échanges avec le vaste marché nigérian tout ouvert au Cameroun qui a à tout gagner.
[b]A L M[/b]