La communication présidentielle au Cameroun traverse une période de turbulence sans précédent à six mois de l’élection d’octobre 2025. Alors que Paul Biya n’a toujours pas officialisé sa candidature, une lutte intestine oppose Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la Présidence, à Samuel Mvondo Ayolo, Directeur du Cabinet Civil. Ce conflit d’influence a provoqué une multiplication par trois du rythme des publications officielles sur les réseaux sociaux depuis février, passant de 2-3 mensuelles à près de 3 hebdomadaires, révélant ainsi les fractures au sommet de l’État.
Stratégie numérique camerounaise : les dessous d’une bataille d’influence
« La rivalité de communication, bien réelle, entre le Secrétaire Général et le Directeur du Cabinet Civil a enflammé les réseaux sociaux », confirme une source proche de la présidence. Cette guerre d’influence s’est intensifiée lorsque Mvondo Ayolo a repris les identifiants des comptes officiels du chef de l’État sur Facebook et X (totalisant 1,8 million d’abonnés), jusque-là gérés par Oswald Baboké, proche de Ngoh Ngoh.
Le pays est désormais témoin d’une cacophonie communicationnelle. D’un côté, Ngoh Ngoh a discrètement mis en place sa propre task force, en marge des structures traditionnelles du RDPC (parti au pouvoir). De l’autre, Mvondo Ayolo s’appuie sur Charles Atangana Manda, ex-cadre au ministère de la Communication, et sur PRC TV, chaîne créée spécifiquement pour la présidence.
Cette nouvelle télévision, dirigée par Nicolas Amayena et une équipe de journalistes expérimentés (Marc Omboui, Jean Atangana et Ebenezer Motale), serait selon certains observateurs un contrepoids à l’influence supposée de Ngoh Ngoh sur la CRTV, la télévision nationale dirigée par Charles Ndongo.
Les tensions ont culminé autour du traitement médiatique du conflit entre la FECAFOOT de Samuel Eto’o et le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi. Ce dernier aurait bénéficié d’une couverture favorable sur la CRTV, témoignant selon certains de l’influence de Ngoh Ngoh sur la chaîne nationale.
La course à l’influence a également suscité des rumeurs concernant l’implication d’une communicante française, Nadia Murte, supposément introduite auprès de Mvondo Ayolo par l’ancien président français Nicolas Sarkozy. Une information formellement démentie par le Cabinet Civil et que Patricia Balme, communicante historique du président camerounais, affirme ignorer.
Pendant ce temps, les villes du pays se couvrent depuis mars d’affiches aux couleurs du RDPC vantant les « réalisations du Renouveau », signalant que la campagne présidentielle est bel et bien lancée, même si le principal intéressé garde encore le silence sur sa candidature.
Selon vous, cette rivalité au sommet de l’État pourrait-elle affecter les chances de réélection du président Paul Biya ?
