Le chef récemment désavoué par le ministre de l’Administration territoriale a pris place dans la chefferie et attend sa reconnaissance par les autorités administratives.
Quatre jours déjà que Maurice Ngambou Kemayou, l’un des deux chefs qui discutent le trône du groupement Bangou, dans les Hauts Plateaux, fait descendre des gens à la chefferie. Installé ce 21 mars 2022 sur un siège décoré, les pieds posés sur deux peaux de panthère, devant ce qui fait office là-bas de maison d’hôte, c’est par centaines et milliers que les villageois viennent lui présenter leurs hommages. Puis ils s’installent dans des chaises blanches en plastique rangés dans la cour, rêvant de voir l’histoire de la querelle successorale se boucler. Malgré les menaces de répression contenues dans la lettre à problème du Minat, les autorités observent. Des éléments de la gendarmerie ont été déployés sur les lieux. Le 15 mars 2022, Paul Atanga Nji avait averti : « en attendant l’aboutissement de cette procédure, matérialisée par l’Arrêté portant homologation du nommé Tchihou Tayo Arnaud, en qualité de chef traditionnel de 2ème degré de céans, seule autorité traditionnelle reconnue par l’administration, tous autres agissements de qui que ce soit, contraires à la position du Minat doivent être considérés comme des troubles à l’ordre public et traités comme tels ».
L’apparition du courrier sur les réseaux sociaux a été interprétée par les adeptes de Maurice Ngambou Kemayou, qui disent avoir depuis quatre ans, comme une invitation à la guerre. Ils sont passés de la menace à l’acte depuis que le mercredi d’avant, une caravane pédestre conduite par le chef a fait le tour du village pour dénoncer la position du Minat. Jeudi, une première tentative de prise des lieux avait été différée, dans l’attente des résultats d’une requête qu’ils étaient allés remettre au préfet, le sous-préfet ayant affirmé la veille n’avoir pas encore reçu copie de la note querellée. « A partir d’aujourd’hui, nous n’attendons plus. Ce sont les Bangou qui désignent leur chef et non l’administration. On ne va pas attendre indéfiniment », faisait savoir Lydiane Seumo. « Rien ne va. L’administration ne joue pas son rôle d’arbitre. Quand l’ayant-droit est là, l’intérimaire doit quitter. Nous voulons la paix. Nous sommes là, jusqu’à ce que le gouvernement installe notre roi sur le trône », renchérissait le notable Mbah Kouh Biesseu. Marmites et sacs de nourriture avaient commencé à affluer, dans la préparation du camping qu’ils voulaient faire sur place. Pour combien de temps ?
Le camp d’Arnaud Tchihou Tayo parle d’imposture. Et ceux-ci répondent qu’il s’agit d’une réaction contre une autre imposture, le détournement de la lignée successorale à la chefferie supérieure Bangou. Pour eux, Marcel Tayo, père du concerné, devait assurer seulement l’intérim de 1979 à 1985, parce que le chef Paul Bernard Kemayou était en exil. « Dès le retour de ses restes mortuaires, le pouvoir devait être cédé à son fils ». Ce qui ne fut pas fait. Au contraire, il aura régné pendant 25 années supplémentaires avant de mourir en novembre 2018. La cérémonie d’arrestation de son successeur de famille avait donné lieu à un cafouillage épique.