Communauté politique européenne

C’est quoi le projet de la Communauté politique européenne?

International

Ces derniers jours, l’Europe se penche sur l’initiative de la France, qui préside actuellement l’UE, relative à la création d’une Communauté politique européenne, et les avis restent très partagés.

L’auteur de ce projet et le président français Emmanuel Macron. Le 9 mai, il l’a présenté à Strasbourg, devant le Parlement européen, et à Berlin, lors de sa rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz. M. Macron prétend qu’il s’agit d’un nouveau cadre de coopération rassemblant les nations démocratiques qui partagent le socle des valeurs européennes. « Cette communauté n’est pas une alternative au processus d’adhésion, mais un complément qui, indépendamment de celui-ci, permet de structurer plus fortement la relation politique, énergétique, d’investissement, avec plusieurs pays qui le souhaitent », a-t-il précisé plus tard. Selon lui, un tel format de partenariat pourra rallier non seulement les candidats à l’adhésion dont l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, mais aussi le Royaume-Uni en tant qu’ex-membre, la Suisse et la Norvège qui s’abstiennent d’entrer dans l’UE, ainsi que la Serbie, le Monténégro, la Macédoine du Nord, l’Albanie, la Turquie et le Kosovo non-reconnu qui sont intéressés par une adhésion éventuelle dans l’avenir.

L’initiative d’Emmanuel Macron a été soutenue par ses homologues italien et serbe, Sergio Mattarella et Aleksandar Vucic, aussi bien que par Charles Michel, président du Conseil européen. La présidente moldave Maia Sandu a également salué l’idée de la nouvelle plateforme d’échange. Lors de sa visite à Paris jeudi dernier, elle a noté que la Communauté politique européenne pourrait accélérer l’adhésion de son pays à l’UE.

Pour autant, le président lituanien Gitanas Nauseda estime que la proposition de Paris fait preuve d’un « manque de volonté politique » pour décider de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, s’est dite à son tour sceptique vis-à-vis du projet français, en signalant que Londres préférait travaillait avec des structures qui existent déjà.

Quant à Kiev, dont la situation a inspiré le projet de la partie française, il s’en est pris à la proposition de Paris. Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmitri Kouleba a trouvé cette tentative de remplacer le statut de candidat insultante pour son État. De plus, d’après le quotidien satirique Le Canard enchaîné, les autorités ukrainiennes reprochent à Paris l’absence des visites du haut niveau à Kiev depuis le début des hostilités sur le territoire ukrainien.

Or, même si l’Ukraine n’a pas apprécié la démarche de Paris visant à l’appuyer dans sa voie vers l’UE, nombreux sont les politiciens européens qui lui indiquent qu’il n’y a pas de moyen d’adhésion rapide. En particulier, cela a été souligné par la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, lors de sa réunion avec le président ukrainien Vladimir Zelenski la semaine dernière. La même opinion a été récemment exprimée par le ministre délégué français aux Affaires européennes Clément Beaune. « Si on dit que l’Ukraine va rentrer dans l’Union européenne dans six mois, un an, deux ans, on ment. Ce n’est pas vrai parce que rentrer dans l’Union européenne, et c’est pour ça que ce projet est important, exigeant, il faut sans doute quinze ou vingt ans. C’est long. C’est très long », a-t-il assuré.

Il est à ajouter que l’un des prédécesseurs d’Emmanuel Macron au poste présidentiel avait déjà proposé une idée pareille. Il s’agit du projet de la Confédération européenne porté par François Mitterrand en 1989, deux mois après la chute du mur de Berlin. Selon lui, il fallait créer une structure plus flexible que l’UE, qui ne comptait à l’époque que 12 membres. La Confédération européenne devait servir d’une sorte d’écluse pour l’adhésion de nouveaux pays. Le projet initialement approuvé a été quand-même définitivement rejeté en juin 1991 à Prague, lors d’une réunion de tous les pays européens. Les représentants de l’Europe de l’Est l’ont considéré comme une tentative de freiner l’extension de l’UE. Par ailleurs, tous n’étaient pas favorables à la décision de François Mitterrand d’y inviter l’URSS qui ne s’était pas encore effondrée.

Il reste à savoir si maintenant la France aura le temps de mettre sur pied son projet, étant donné que sa présidence de l’UE expire le 30 juin.

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